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EMPRUNTS – Gallicismes, hispanismes, et vice-versa

Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 4 février 2016, mis à jour le 4 février 2016

Au fil des années et au fil des siècles, les langues vivantes évoluent et le vocabulaire se modifie, s'inspirant parfois de termes provenant de langues voisines. On constate que l'espagnol a transmis des centaines de mots au dictionnaire français et que la langue française elle aussi a inspiré de nombreux mots espagnols. A ne pas confondre avec le fameux "fragnol", cette langue subtile que certains sont capables créer en adaptant des mots français en espagnol de la manière qui les arrange le mieux.

(Photo CC Juan Pablo Lauriente)

Les deux langues ont toujours eu des passerelles l'une vers l'autre. Selon la linguiste française Henriette Walter, il y aurait environ 4200 mots d'origine étrangère dans le dictionnaire français, soit un peu plus de 13 % du vocabulaire total. L'espagnol est bien présent dans cette liste, même si la majorité des mots visés est inspirée de l'anglais ou bien de l'italien. Le français a lui aussi été une source d'inspiration pour l'espagnol. Les spécialistes l'associent au phénomène de mode et d'inspiration culturelle qu'a connu le français aux XVIIe et XVIIe siècles. Voici un recueil non exhaustif d'exemples d'emprunts lexicaux franco-espagnols.

Les mots empruntés
Certains mots sont transposés de l'espagnol au français tels quels sans en changer ni l'orthographe ni le sens. On trouve par exemple les mots embargo, gamba, gala, pampa, ou, peut être ne la saviez-vous pas, tomate. Il s'agit aussi de mots relatifs à la culture ou à l'identité espagnole, qui ne sont pas traduits : "feria", "flamenco", "paella", "torero" ou encore "patio". En Espagne également des mots français ont été entièrement transposés dans le dictionnaire de la Real Academia Española. La prononciation si, en revanche, connaît quelques adaptations ibériques. C'est le cas par exemple des mots gourmet, maillot (toujours en prononçant bien le "t" final), élite, chic, embargo, peluche, boutique, bouquet garni, chef (en cuisine), amateur, forfait, devenir, bibelot ou encore jardin (prononcé avec un "j" raclé en espagnol).

Les hispanismes en langue française
Un hispanisme est un mot espagnol emprunté par une autre langue ou inspirant des mots dans d'autres langues. On distingue différents types d'inspirations linguistiques : il y a tout d'abord le calque, qui consiste à s'inspirer d'un mot espagnol pour en réaliser une traduction pure qui sera utilisée dans le même contexte et aura la même signification que dans sa langue d'origine. On en compte très peu en français, il y aurait "habit de lumière", emprunté à l'espagnol "traje de luz", le mot "pot-pourri", emprunté à l'espagnol "olla-podrida", et le mot "marie-jeanne" de l'espagnol "marihuana".
La majorité des hispanismes sont des emprunts lexicaux, c'est à dire des mots français qui sont inspirés de mots espagnols mais entièrement "naturalisés" pour être adaptés à la langue française. On compte entre autres exemples le mot "embarcadère", qui provient de "embarcadero", et de "embarcar" (embarquer) ; le mot "gilet", adapté de l'espagnol "jileco" ; "casque", adapté de l'espagnol "casco" ; le verbe "débarrasser", issu de l'espagnol "desembarazar" ; "moustique", de l'espagnol "mosquito" ; "bandoulière" inspiré de "bandolera" ; et même le mot "désinvolte" issu de l'espagnol "desenvuelto".

L'emprunt lexical indirect
La langue espagnole a non seulement inspiré des centaines de mots au français, mais elle a également véhiculé d'autres langues de part les conquêtes et l'histoire du royaume d'Espagne. On recense donc des mots français dont l'étymologie étrangère lointaine a été transmise via l'espagnol. Ainsi, certains mots arabes ont été véhiculé comme "abricot" grâce à l'espagnol "albaricoque" venant de l'arabe "albarquq", le mot "sarbacane" de l'espagnol "cerbatana" lui-même issu de l'arabe "zarba??na", ou encore le mot "récif" de l'espagnol "arrecife", inspiré de l'arabe "ar-rasif".
L'espagnol a également transmis des étymologies originaires de l'époque de la découverte des Amériques et que nous utilisons en français dans la vie quotidienne. C'est le cas du mot "chocolat", de l'espagnol "chocolate" qui provient du mot "ahuatl xocol?tl". On trouve aussi comme exemple le mot "canot" qui provient de l'espagnol "canoa", qui le tient de l'arawak "kanoa", terme qui signifie "flotter sur l'eau". Sans oublier le mot tabac, de l'espagnol "tabaco" qui est un emprunt de l'arawak de Cuba et Haïti "tobaco", ou encore le mot "savane", issu de l'espagnol "sabana" qui s'est construit avec le mot taïno "zavana".

Les gallicismes appliqués en langue espagnole
Les emprunts lexicaux de la langue espagnole au français, appelés gallicismes, se sont incorporés ils y a des siècles grâce à l'étroite relation entre les deux pays frontaliers et l'influence occitane notamment, et se sont multipliés au cours des années et des adaptations des langues vivantes. Ces adaptations se sont inspirées de mots français mais les ont "naturalisés" pour les adapter en espagnol. C'est le cas par exemple des mots "batalla" du français "bataille" ; "adosar", inspiré du français "adosser" ; "torniquete", du français "tourniquet" ; "chimenea" qui provient de "cheminée" ; "ligero" issu du français "léger" ; et même le traditionnel "jamo?n" ibérique est inspiré de notre mot "jambon" en français.
Certains mots issus de l'étymologie française sont presque des mots empruntés, puisqu'ils ont subi une légère modification d'une ou deux lettres pour intégrer le dictionnaire espagnol. On recense entre autres les mots "chalé ", "cho?fer", "garaje", "chantaje", "ricotar", "jefe", "burdel", "suflé", ou encore "masacre".

Perrine LAFFON (lepetitjournal.com ? Espagne) Vendredi 5 février 2016
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Publié le 4 février 2016, mis à jour le 4 février 2016