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ALEXIS BONTE - "La France est l'un des pays les plus avancés et compétitifs pour l'industrie des jeux vidéo"

Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 15 février 2015, mis à jour le 16 février 2015

Co-fondateur et directeur général de eRepublik Labs, start up madrilène de développement de jeux vidéos, il est à la tête d'une entreprise qui embauche une cinquantaine de personnes en Europe et qui est à l'origine d'un véritable "hit" dans le monde des jeux sociaux de stratégie : le jeu eRepublik. Expatrié au long cours, il a auparavant travaillé pendant 6 ans pour lastminute.com en tant que directeur de développement à Londres, directeur des ventes et du marketing en France et directeur général en Italie. Il revient sur le développement de son entreprise, dans un univers qui compte de belles perspectives de développement.
 
Lepetitjournal.com : Pouvez-vous revenir sur la genèse et les raisons du succès du jeu eRepublik ?
Alexis Bonte (Photo DR) : En 2007, alors que je sortais de l'expérience lastminute.com, j'avais envie de me lancer dans un monde qui m'a toujours plu, celui des jeux vidéo. A cette époque, je trouvais qu'il n'y avait aucun sens à devoir se déplacer dans une boutique pour se procurer son jeu, d'où l'idée de proposer un produit d'aussi bonne qualité que ce qui était distribué en magasin, mais qui soit directement accessible depuis son ordinateur et qui se joue directement sur le Net.
Tout ceci ne s'est pas fait sans une certaine dose de naïveté et il faut bien admettre que nous avons réussi à nous développer parce que nous étions sur un marché en plein boom, qui nous a pardonné beaucoup d'erreurs. Aujourd'hui, avec le nombre d'acteurs installés sur le créneau, ce serait beaucoup plus difficile. Notre force a été de réunir une équipe de personnes issues d'Internet -et non pas purement de l'univers du jeu vidéo- pour sortir sous 6 mois une première version d'un jeu multijoueur de stratégie, qui fonctionne en réseau social. eRepublik est un jeu qui propose aux joueurs de devenir des citoyens d'un pays, d'en prendre la direction politique, de mener des conflits armés et d'organiser son économie. C'est un mélange de Risk et de Sim City, en quelque sorte. Depuis sa création, 5 millions de joueurs ont été recensés.
Aujourd'hui, tandis que nous développons et lançons de nouveaux jeux, nous disposons encore d'une équipe d'une quinzaine de personnes, dédiée à eRepublik, qui continue à rajouter du contenu et à faire évoluer le jeu.
 
Pourquoi faire des jeux vidéos à Madrid ?
Parce que je me suis marié avec une Espagnole ! D'ailleurs à l'origine eRepublik Labs a monté son premier studio à Bucarest, car nous avions énormément de mal à trouver des talents disponibles et prêts à travailler dans une start-up en Espagne. Depuis les écarts de coûts de staff entre Espagne et Roumanie se sont notablement réduits, mais surtout les mentalités ont évolué dans la Péninsule et on trouve plus facilement des profils de qualité, disposés à travailler dans des structures de taille moyenne, où ils auront l'assurance de développer des missions peut être plus passionnantes que dans une plus grande entreprise. C'est intéressant, car l'Espagne dispose de très bons profils sur les métiers de graphistes et de game designers notamment.
 
Et quid de la France ?
La France est à mon avis l'un des pays les plus intéressants, avancés et compétitifs pour l'industrie des jeux vidéos. Le pays est tiré par des gros joueurs, comme Ubisoft, mais c'est aussi la présence d'un grand nombre de start-ups positionnées dans le domaine qui participe à un maillage de qualité.
En tant qu'expatrié, on se rend aussi compte qu'il y a énormément de Français qui sont à des postes clés dans l'industrie, un peu partout dans le monde, dans les entreprises les plus influentes, comme Facebook ou Apple, mais aussi dans des structures plus locales, comme en Espagne Social Point par exemple. Cette grande concentration de compatriotes constitue aussi l'opportunité de créer un réseau, qui permet d'ouvrir un certain nombre de portes. On est enfin épaulés par des structures sensibilisées à notre secteur, comme Ubifrance [ex-Business France ndlr], qui fonctionnent très bien et qui savent nous accompagner sur les marchés à l'export.
 
Quelle est l'actualité d'eRepublik Labs ?
Nous avons publié il y a 18 mois notre second jeu, "Tactical Heroes". Il s'agit d'un jeu multijoueur de combat tactique, pour tablettes et smartphones, qui a reçu un bon accueil du public, puisque nous sommes actuellement à 250.000 joueurs, ce qui constitue un bon chiffre à ce stade et que les notes des critiques sont excellentes, avec un 4,2/5. Dans un mois, nous sortons une extension du jeu, qui permettra encore plus d'interaction entre joueurs, ce qui constitue une variable cruciale dans le succès d'un jeu vidéo aujourd'hui.
Enfin, il faut être conscient que nous sommes continuellement en train d'imaginer, de développer, de produire et de lancer des jeux. Il y en a actuellement 5 en phase de développement et 3 en phase de lancement, dont "Age of Lords", notre petit dernier, qui a fait l'objet de ce qu'on appelle un "soft launch", un test grandeur nature sur un certain nombre de pays, et dont les bons résultats font qu'il sera définitivement lancé en mars prochain.
 
Quelles sont, à votre sens, les grandes tendances du jeu vidéo de demain ?
C'est surtout une évolution en termes de supports : il y a encore peu on pensait que tablettes et smartphones allaient recueillir à parts égales le développement du marché. Aujourd'hui on constate qu'à 70%, ce sont les smartphones qui sont privilégiés, et cette tendance devrait probablement se renforcer dans les 2 ou 3 prochaines années. Ce qui est certain c'est que le jeu depuis l'ordinateur occupera toujours moins de part de marché. Chez eRepublik Labs, nous ne développons plus de jeux pour les PCs.
La révolution du mobile est à l'origine du fait qu'aujourd'hui énormément de personnes qui ne se considèrent pas spécialement comme des joueurs, utilisent en fait régulièrement des jeux sur leurs portables, à l'image de la ménagère de moins de 50 ans, qui joue à CandyCrush dans le métro. Autrefois, le marché des jeux vidéos, c'était 100 millions de personnes qui s'identifiaient pleinement au créneau. Aujourd'hui ce sont potentiellement, entre 1 et 2 milliards de joueurs.
 
eRepublik dispose de locaux à Madrid, Bucarest et Dublin. Vous jouez le rôle de Business angel sur plusieurs projets à l'étranger. A quand une aventure entrepreneuriale en France ?
Rentrer en France et y créer quelque chose ça me ferait plaisir, même si dans la réalité je n'y ai que très peu vécu. Cela dit, toutes les entreprises que j'ai monté, cela s'est toujours fait en dehors de l'Hexagone, notamment parce qu'à l'époque on avait l'impression que c'était plus difficile de créer en France qu'à l'étranger, et que quelque part cette sensation n'était peut être pas complètement erronée. Je me rappelle avoir monté ma boîte en Angleterre en un jour... Créer une association de loi 1901 en France, ça m'a pris 1 mois et demi.
 
Propos recueillis par Vincent GARNIER (www.lepetitjournal.com - Espagne) Lundi 16 février 2015
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Publié le 15 février 2015, mis à jour le 16 février 2015