L’Institut français ouvre les portes de sa Galerie del 10 à une nouvelle exposition aussi vibrante que troublante : « Welcome to the Circus », la dernière création de l’artiste nantais Baptiste Laurent, installé en Espagne depuis près de vingt ans. Visible du 14 novembre au 13 février, l’exposition entraîne le visiteur dans un univers où le grotesque flirte avec le tragique, et où les masques du cirque deviennent le reflet d’une société en perte d’équilibre.


Dès l’entrée, un avertissement littéraire signé Mallarmé donne le ton : « L’homme peut être démocrate, l’artiste se dédouble et doit demeurer aristocrate. » Une phrase-manifeste qui résonne avec la démarche de Laurent, artiste autodidacte qui revendique une liberté absolue dans son geste créatif.
Le cirque inquiet du monde

Au centre de l’exposition, Laurent met à nu la « tragédie imposée » d’un ordre international qui se fissure. La guerre, les crispations identitaires : deux protagonistes qui avancent masqués mais omniprésents. En choisissant le cirque comme fil rouge, l’artiste fait basculer la société du spectacle dans un carnaval anxieux, où culture et politique se donnent en spectacle, grimées en figures hypertrophiées, séduisantes et inquiétantes à la fois.
Sa peinture, chargée de couleurs franches et de symboles, brouille sans cesse les frontières entre l’intime et le collectif. Laurent revendique le populaire, mais vise plus haut : une forme d’idéal plastique et mental, presque mythologique. Il ausculte les élans les plus nobles de l’âme humaine, tout en rappelant que, dans l’ombre, les rêves de gloire finissent souvent par se dérober.
Entre enfance et dystopie
En réinventant les mythes de son enfance, Laurent compose une galerie de personnages masqués, suspendus entre innocence et menace. Les œuvres oscillent entre humour grinçant et mélancolie. Les formes s’entrechoquent, les couleurs éclatent, l’ironie affleure. Le spectateur est pris au jeu, attiré par la fantaisie avant d’être rattrapé par la gravité du propos.

Cette tension entre clarté et chaos, entre joie et tristesse, signe la force de son travail : une peinture qui transgresse volontairement les codes de la représentation classique pour atteindre un langage émotionnel brut.
Baptiste Laurent, l’instinct pour boussole
Né à Nantes en 1980, Baptiste Laurent vit en Espagne depuis 2007 et partage son temps entre Madrid et Paris. Peintre avant tout, mais aussi sculpteur et explorateur de projets littéraires, sociaux et anthropologiques, il revendique un rapport instinctif à la création. Sa démarche se nourrit d’un syncrétisme assumé : néofiguration, symbolisme, peinture graphique, expressionnisme… tout s’assemble et se déconstruit selon les besoins du récit.
Ces dernières années, il multiplie les collaborations avec des auteurs visuels et littéraires dans des projets tels que Conversaciones y Puñetazos, Mauvaises Tournures, Bajo el Mismo Mar ou encore Exit. Il est également fondateur de Latolier, un atelier partagé au cœur du quartier madrilène d’Usera, devenu un point de rencontre pour une communauté vibrante d’artistes espagnols et internationaux.
Le commissariat de « Welcome to the Circus » est assuré par Pablo Barrios Martínez, en collaboration avec la maison d’édition Libros de Mesa, qui accompagne l’univers littéraire et symbolique de l’artiste.
Infos pratiques
Exposition : Welcome to the Circus – Baptiste Laurent
Lieu : Galerie del 10 – Institut français
Adresse : (à compléter si nécessaire)
Dates : du 14 novembre au 13 février
Commissariat : Pablo Barrios Martínez
En collaboration avec : Libros de Mesa
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