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“1924. Otros surrealismos” : l’expo madrilène qui redonne voix aux artistes oubliés

Un siècle après la publication du Premier manifeste du surréalisme par André Breton, l'exposition “1924. Otros surrealismos” (1924. Autres surréalismes) à la fondation Mapfre de Madrid invite à redécouvrir ce mouvement artistique sous un angle inédit. Loin de se contenter des figures emblématiques comme Salvador Dalí, Luis Buñuel ou Joan Miró, l’exposition explore les marges du surréalisme, mettant en lumière des artistes souvent négligés, en particulier les femmes, et interrogeant l’héritage du mouvement dans notre époque contemporaine.

Marcel Jean. Armario surrealistaMarcel Jean. Armario surrealista
Marcel Jean. Armario surrealista (Surrealist Wardrobe), 1941. Musée des Arts Décoratifs, París © Marcel Jean
Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 9 février 2025, mis à jour le 10 février 2025


 

Le surréalisme espagnol et latino-américain célébré à Madrid 

Le point de départ de l’exposition est la publication du Premier Manifeste du surréalisme en 1924, un texte qui redéfinit les frontières de l’art en célébrant l’inconscient, le rêve et l’irrationnel. Cependant, l’exposition ne se limite pas à l’influence de Breton et du surréalisme parisien. Elle s’intéresse à la réception critique du manifeste en Espagne, un pays où le mouvement a trouvé un écho particulier, mais où ses interprétations locales ont souvent été ignorées par l’histoire de l’art officielle.

De nombreux artistes espagnols et latino-américains se sont ainsi éloignés du canon surréaliste dicté par Breton, créant des œuvres qui reflétaient leurs propres réalités culturelles et sociales. Ces interprétations divergentes, bien que riches et innovantes, sont longtemps restées dans l’ombre. L’exposition s’attache à redonner une visibilité à ces voix oubliées, révélant un surréalisme pluriel et diversifié.

 

Les femmes : voix oubliées du surréalisme

L’une des grandes forces de cette exposition est de mettre en avant le rôle des femmes dans le mouvement surréaliste. Longtemps reléguées au second plan, des figures comme Gala Dalí, Maruja Mallo, Remedios Varo et Grete Stern sont enfin reconnues pour leur contribution essentielle. Absentes du manifeste de Breton, ces artistes ont pourtant été au cœur de la production surréaliste, explorant des thèmes comme l’identité, le corps, le rêve et la subversion des normes sociales.

Maruja Mallo, par exemple, a créé des œuvres qui mêlent réalisme magique et critique sociale, tandis que Remedios Varo a développé un univers onirique et mystique qui doit beaucoup à ses origines espagnoles et son exil au Mexique. Grete Stern, quant à elle, a révolutionné la photographie surréaliste avec ses montages et ses explorations de l’inconscient. En donnant une place centrale à ces artistes, l’exposition réhabilite leur héritage et questionne les mécanismes d’exclusion qui ont longtemps marginalisé les femmes dans l’histoire de l’art.

 

Un siècle après, le rêve toujours vivant

Un siècle après sa naissance, le surréalisme continue de résonner dans notre monde. L’exposition interroge la pertinence actuelle du mouvement, en soulignant comment ses thèmes fondateurs – le rêve, l’androgynie, les paradis perdus – restent d’une actualité brûlante. À une époque où l’art contemporain questionne sans cesse notre rapport au réel, le surréalisme nous rappelle l’importance de l’inconscient, de la subjectivité et de l’imaginaire dans la compréhension de la condition humaine.

En explorant les marges du mouvement, “1924. Otros surrealismos”invite à repenser l’histoire de l’art, à questionner les récits dominants et à reconnaître la contribution des artistes oubliés. Un siècle après le manifeste de Breton, le surréalisme nous invite encore à rêver, à questionner et à réinventer le monde.

Jusqu’au 11 mai 2025 à la Fundación Mapfre de Madrid : P.º de Recoletos, 23, Centro, 28004 Madrid

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