Alors que la Californie est l’une des régions les plus sismiques au monde, faut-il s’attendre à un “Big One” et comment s’y préparer ? Lepetitjournal.com a interrogé Jean-Philippe Avouac, professeur de géologie et de génie mécanique et civil à Caltech, à Los Angeles.
Les tremblements de terre font partie du quotidien en Californie, comme nous l’a encore une fois rappelé le séisme de magnitude 4,3 qui a secoué Berkeley, ce lundi 22 septembre (sans faire de dégâts majeurs). La Californie est l’un des États les plus actifs au monde d’un point de vue tectonique. Les inquiétudes sur la survenue d’un « Big One » planent. Pour éclairer ce sujet, nous avons recueilli les explications de Jean-Philippe Avouac, professeur de géologie et de génie mécanique et civil à Caltech et directeur du Centre de géomécanique et de mitigation des géorisques. Son regard permet de mieux comprendre pourquoi l’État est si exposé et pourquoi la préparation reste notre meilleur outil.
La Californie se trouve sur une frontière géologique majeure, où la plaque Pacifique et la plaque nord-américaine glissent l’une contre l’autre. La faille de San Andreas, longue d’environ 1 200 km, en est la manifestation la plus spectaculaire. Il s’agit d’une faille transformante, où les mouvements horizontaux des plaques accumulent une énergie qui se libère brutalement lors des séismes. Contrairement à la zone de subduction de Cascadia, au large de l’Oregon, capable de provoquer des séismes de magnitude 9 accompagnés de tsunamis dévastateurs, la Californie connaît surtout de violentes secousses en surface et des ruptures linéaires impressionnantes, mais avec un risque plus limité de tsunami.

Cette réalité impose une culture de la préparation. Chaque année, la Californie organise un exercice grandeur nature : le Great California ShakeOut. En 2025, il aura lieu le mardi 16 octobre à 10:16 am. À ce moment précis, des millions de Californiens, dans les écoles, les entreprises publiques et certains foyers, s’entraîneront au réflexe vital : « drop, cover, and hold on ». Se baisser, se protéger sous un meuble solide, et tenir bon jusqu’à la fin des secousses. L’objectif est de transformer ce geste en automatisme, car c’est la meilleure protection face à la chute d’objets ou à l’effondrement partiel de structures.
Connaître les bons réflexes en cas de séisme
Avant un séisme, Jean-Philippe Avouac recommande de “préparer assez de gallons d’eau et des vivres pour trois jours”. En cas de coupure d’électricité, une lampe de poche et une radio peuvent être utiles. Une trousse de secours avec les médicaments essentiels doit être facilement accessible. Chez soi, Jean-Philippe Avouac conseille “d'avoir les étagères et les meubles lourds fixés au mur pour qu'ils ne vous tombent pas dessus” et suggère “d'éviter de placer des objets lourds au sommet des étagères”.
Pendant un séisme, il faut immédiatement appliquer la règle « drop, cover, and hold on » et surtout éviter de courir à l’extérieur. La priorité est de se protéger la tête et le corps jusqu’à la fin des secousses. "Il faut se mettre en position de sécurité sous une table ou une chambranle de porte” recommande Jean-Philippe Avouac. Il déconseille d’aller à l’extérieur “pour éviter d’être blessé par des bouts de cheminée ou d’autres objets” qui pourraient tomber des habitations autour.
Après la secousse, il convient de vérifier les blessures s’il y en a, de couper les sources de gaz et d’électricité manuellement si nécessaire, et de se préparer à d’éventuelles répliques. “Les dégâts ne proviennent pas seulement des secousses elles-mêmes, mais surtout d’effets indirects, en particulier les incendies, rappelle Jean- Philippe Avouac. Les réseaux électriques et les installations de gaz, fragilisés par les secousses, représentent un risque majeur d’embrasement.”
Si la science ne permet pas encore de prédire le jour et l’heure d’un séisme, elle aide à identifier les zones critiques et à renforcer les normes de sécurité. En conclusion, vivre en Californie, c’est accepter la réalité des séismes, mais aussi s’y préparer. Les secousses sont inévitables, mais leurs effets peuvent être limités par une bonne préparation individuelle et collective. À ce titre, le ShakeOut n’est pas qu’un exercice symbolique : face à la puissance des plaques tectoniques, notre meilleure arme reste la vigilance et l’anticipation.
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