Édition internationale

Le Los Angeles de Marion Billet, l’illustratrice jeunesse au succès planétaire

Avec leurs personnages naïfs et joyeux, les imagiers sonores illustrés par cette Lyonnaise, chez Gallimard, se sont vendus à plus de 10 millions d’exemplaires dans le monde. Alors qu’elle participera au festival de littérature francophone de San Diego, du 2 au 4 octobre, Marion Billet nous partage son quotidien d’illustratrice, à Los Angeles.

Marion Billet uneMarion Billet une
Marion Billet a illustré des dizaines d'imagiers sonores pour les 0-3 ans chez Gallimard. © Agnès Chareton
Écrit par Agnès Chareton
Publié le 23 septembre 2025

Si vous avez été parents à la fin des années 2000 ou plus tard, vous avez sûrement passé des moments heureux, votre bébé sur les genoux, à tourner les pages des imagiers sonores illustrés par Marion Billet. Avec leurs pastilles où glisser le doigt pour déclencher un son hyper réaliste et leurs dessins d’animaux mignons, ils font un carton depuis bientôt 20 ans. Premier à se lancer sur ce créneau, Gallimard jeunesse en a vendu 10 millions d’exemplaires, traduits dans plus de 30 langues à travers le monde. Un véritable conte de fée pour leur illustratrice, Marion Billet, qui a quitté Paris pour Los Angeles il y a 5 ans. Entre mer, nature, vie urbaine et désert, la Cité des Anges inspire aujourd’hui sa palette.

La Lyonnaise nous reçoit dans son jardin de Los Feliz, autour d’une eau pétillante aromatisée. C’est dans ce havre de paix, non loin du Griffith Observatory, qu’elle a posé ses valises en 2020, avec son mari et leur fille aujourd’hui âgée de 11 ans. « Mon mari a été embauché par les studios Disney, renbobine la jeune femme aux yeux noisette, encadrés par d’immenses lunettes. Cela faisait longtemps que nous voulions vivre aux États-Unis. On connaissait LA, car des amis vivaient ici. On avait envie d’y vivre une aventure. » Arrivés en pleine pandémie, ils s’adaptent très vite. La lumière, les promenades au bord de la mer… « On s’est tout de suite sentis bien » se souvient Marion Billet.


Ses coins préférés à LA ? La plage, notamment Crystal Cove, Laguna Beach et Moro Bay, pour faire du kayak et voir des loutres le week-end. Vasquez Rock (où a été tourné le film La planète des singes), pour un pic-nique. Plus près d’elle, elle aime grimper au Griffith Observatory -  « c’est tellement mythique et cinématographique, j’ai l’impression à chaque fois d’être dans un film ! »- et flâner dans son quartier de Los Feliz : « Il a gardé tout le charme de l’époque, avec les petits restaurants mignons et les studios de Disney juste à côté ». La Française aime la créativité artistique de la Cité des Anges, où elle fréquente beaucoup d’amis artistes, ou qui travaillent dans l’industrie du cinéma.

 

« Mes images sont plus pop et plus colorées à Los Angeles »

 

Chez elle, son bureau donne sur des hibiscus et des colibris. Près de son ordinateur, des étagères débordent de livres aux dessins tendres (traduits en coréen, en grec, en arabe…), de puzzles, de cahiers de gommettes, de peluches aux grands yeux curieux... Un univers enfantin foisonnant, qu’elle a enrichi au fil de 20 ans d’une incroyable carrière, alimentant les collections de Gallimard, Flammarion, Nathan, Fleurus et d’autres. Un monde imaginaire qu’elle explore désormais depuis la Cité des Anges, où le contact avec la nature donne une énergie différente à son coup de crayon. « Depuis mon jardin, je vois tous les jours des mouffettes, des ratons-laveurs, des écureuils… savoure Marion Billet. La nature m’inspire. Mes images sont plus pop et colorées depuis que je suis ici. Je dessine moins de parcs parisiens et plus de fleurs exotiques ! »

Marion Billet illustratrice jeunesse Los Angeles
Livres, imagiers, puzzles, jeux, albums d'activités... L'univers de Marion Billet se décline dans des dizaines de créations pour enfants. © Agnès Chareton

 

Sa passion pour le dessin est venue très tôt, durant son enfance, à Lyon. « J’étais enfant unique, je m’ennuyais pas mal. Tout de suite, j’ai voulu me créer des petits mondes. Quand on allait à la campagne, je n’avais pas beaucoup de jeux. Je prenais des feuilles, je dessinais des personnages, des décors, et je jouais avec tout le week-end » raconte-elle. Décidée à faire de sa passion pour le dessin un métier, elle intègre l'École Emile Cohl, à Lyon : quatre années très exigeantes qui lui inculquent « la rigueur dans le dessin, ce qui me permet de travailler vite aujourd’hui.» C’est en dernière année qu’elle réalise qu’avec son style naïf, c’est pour les tout-petits qu’elle veut dessiner.

 

Les imagiers sonores, un carton d’édition avec Gallimard

 

À Paris, elle décroche son premier contrat avec les éditions Tourbillon (Bayard), en 2004. Deux ans plus tard, sa carrière décolle quand Gallimard la contacte pour travailler sur « un nouveau projet musical qui avait l’air fou » : le lancement de quatre imagiers sonores « avec de vrais sons », un concept alors novateur. « Ça a été un carton fou, on ne s’y attendait pas du tout, résume Marion Billet. Rapidement, j’ai été appelée par plein d’éditeurs pour développer la petite enfance, un département qui n’existait pas chez la plupart d’entre eux », poursuit l’illustratrice. 20 ans plus tard, ses petits personnages sont entrés dans les bibliothèques de familles du monde entier, laissant des souvenirs indélébiles aux parents et à leurs enfants. 

Marion Billet Los Angeles
Au fil des années, Marion Billet a adopté un style de dessin plus graphique, en simplifiant ses compositions. © Agnès Chareton

 

Si Marion Billet adore la créativité et les paysages de LA, son ancrage professionnel reste en France et en Europe, où elle poursuit ses collections phares et développe de nouveaux projets. Une nouvelle collection est en route avec Nathan, sans oublier Gallimard, pour qui elle illustre quatre ou cinq imagiers sonores par an. Son style, lui, s’est épuré. « J’essaie de simplifier au maximum, dit-elle. Avant je rajoutais des détails ou des textures. Maintenant j’essaie d’être la plus graphique possible.» Ses créations ont aussi pris vie à l’écran, avec la série animée « Paprika », réalisée avec son mari, Baptiste Lucas, qui a été diffusée sur France télévision et Netflix.

 

En signature au festival de la littérature et des arts francophone de San Diego, en octobre

 

À la maison, la transmission de sa culture française est essentielle : sa fille lit ses BD en français, écoute France Inter le matin et rit devant les films de Louis de Funès. À Los Angeles, Marion Billet reste proche de la communauté française. L’été dernier, elle a signé l’affiche du Bastille Day organisé par le consulat. Du jeudi 2 au samedi 4 octobre prochain, elle participera au premier festival de la littérature et des arts francophone de San Diego. « J’ai hâte de rencontrer un public francophone et d’échanger avec eux ! » se réjouit-elle. Pour tout savoir sur le programme du festival, et venir échanger avec Marion Billet, retrouvez notre article ici.

Commentaires

Votre email ne sera jamais publié sur le site.

Flash infos