La veille des Emmy Awards, nous avons rencontré la journaliste mode Annabelle Azadé Kajbaf, dans le cocon élégant du spa Maison d’Émilie, sur Melrose Avenue. Entre deux soins de beauté, la Française se préparait à vivre un moment singulier : fouler le tapis rouge d’Hollywood, non pas en spectatrice mais en invitée officielle. Portrait.


« C’est un privilège immense », confie Annabelle Azadé Kajbaf en souriant, consciente de l’importance d’un tel rendez-vous. Car les Emmys, rappelle-t-elle, sont un cycle de cérémonies qui célèbrent les plus grands artisans de la télévision américaine : des Creative Emmys pour les métiers de l’ombre (costumes, maquillage, décors), aux prestigieux Primetime Emmy Awards où défilent les stars planétaires, jusqu’aux Daytime Emmys un mois plus tard, vitrine des soap-operas et talk-shows quotidiens. « C’est l’événement où tout peut se jouer : carrières, renouvellement de séries, des millions de dollars sont en jeu », souligne-t-elle.
De Paris à Los Angeles, un parcours cosmopolite
Annabelle Azadé Kajbaf n’est pas arrivée par hasard jusqu’ici. Issue d’une formation littéraire à la Sorbonne, elle intègre ensuite le CFJ de la rue du Louvre, école de journalisme réputée. Son premier coup de projecteur survient à 17 ans, lorsqu’un texte qu’elle écrit après un voyage scolaire à Auschwitz bouleverse un jury et remporte un concours régional. « Ce jour-là, j’ai compris que l’écriture était un don… et que je pouvais en faire mon métier », se souvient-elle.
Après des débuts en tant que présentatrice sur i24 News à Tel Aviv, elle s’intéresse à la mode éco-responsable, puis multiplie les expériences : journaliste pour Canal Plus, BFMTV, The New York Times, collaborations à Bangkok, à New York, et à Londres au sein de l’Associated Press. « J’ai toujours été animée par cette curiosité de l’ailleurs, par la volonté de raconter ce que je vois », dit-elle.
Arrivée à Los Angeles en 2018 en tant que correspondante pour Bayard Presse, elle développe le projet Tell Me Mode : une série vidéo éducative sur YouTube où elle raconte l’histoire de la mode à travers un vêtement, une tendance ou une personnalité. Journaliste mode accomplie, ses articles sont publiés dans Vogue, Teen Vogue, Glamour, Harper’s Bazaar, Elle, Glamour, et NBC.
Défendre une mode responsable
Au fil de son parcours, la Française garde un cap : mettre en lumière des créateurs engagés pour une mode plus durable et plus juste. Elle raconte les broderies de grand-mères péruviennes, les ateliers qui emploient des femmes en réinsertion, ou encore ces marques qui privilégient les fibres naturelles. « Mon rôle de journaliste est de donner de la visibilité à ceux qui ne peuvent pas s’offrir des pleines pages de pub. L’éco-responsabilité ne doit pas être baba cool : ça reste de la mode, belle et désirable », insiste-t-elle.
Un engagement qu’elle incarne sur le tapis rouge des Emmys. Sa robe, signée de la créatrice de haute couture Kiki Wang, est une pièce recyclée, composée de tulle magenta et de fleurs issues d’une collection ancienne. « Je voulais que ma tenue soit un conversation starter, un prétexte à parler de mode durable au milieu du glamour hollywoodien. »
Une Parisienne à Hollywood
Si la Française note avec amusement que « les Américains n’ont aucun mal à sortir chercher leur café en pyjama », elle admire la liberté vestimentaire des mères californiennes, souvent plus audacieuses que leurs homologues françaises. Elle-même, devenue maman, défend l’idée que « l’on peut rester femme et séduisante pendant la grossesse, sans se censurer. »
Et quand on lui demande quel message elle adresserait à l’Annabelle de 17 ans, celle qui écrivait déjà des textes puissants, elle sourit : « Tu vas y arriver, t'inquiète. Tu dois juste être un peu plus patiente. » La patience, une vertu qui lui ouvre aujourd’hui les portes d’Hollywood.
















