Il y pensait déjà à l’âge de 7 ans et a mûri l’idée, concrètement, pendant 30 ans. Et enfin, avec la patience et la délicatesse d’un artisan, Guillermo Del Toro a mis au monde son Frankenstein. Lepetitjournal.com a eu un coup de cœur pour le film, qui arrive sur Netflix ce vendredi 7 novembre.


On pourrait croire qu’il n’y a plus rien à dire sur ce monstre né sous la plume de Mary Shelley en 1818, mais on n'avait jamais vu de version cinématographique aussi visuellement époustouflante, poétique et tendre. Si l’histoire est globalement fidèle à l’œuvre originale, le réalisateur triplement oscarisé prend quelques libertés en changeant d’époque et en introduisant de nouveaux personnages. Oscar Isaac, flamboyant, est Victor Frankenstein. Il a perdu sa mère quand il était enfant et il n’a depuis qu’une seule obsession : ressusciter les morts.
Médecin, il est mis au ban de la société pour ses expérimentations terrifiantes. Sa folie convainc un marchand d’armes, joué par Christoph Waltz, de lui donner les financements pour lui permettre de continuer ses expériences. Son bienfaiteur est aussi l’oncle de la fiancée de son jeune frère, qui ne le laisse pas indifférent.
Un monstre fait de chair et d’empathie
Pour créer son prototype parfait, Frankenstein fait son marché sur le champ de bataille : il choisit les corps les mieux conservés des soldats morts pendant la guerre de Crimée, les découpe et les assemble dans un patchwork fragile. Un soir d’orage, sa créature prend vie. Jacob Elordi incarne le monstre, mais disparaît complètement sous le maquillage et les prothèses. Seuls son regard et sa taille trahissent sa présence sous son costume incroyable. Le monstre ressemble d’abord à un bébé qui découvre le monde. Et puis, Guillermo Del Toro fait de lui une créature dotée de pensées, de paroles et de grâce, innocente et gentille, bien plus douce et empathique que les humains qui l’entourent.
D’abord émerveillé par ce qu’il a réussi à créer, son « papa » est vite énervé quand sa création lui résiste et n’exécute pas ses ordres. Il l’attache, la violente et décide finalement de la réduire en cendres. Sans succès. L’œuvre surpasse son maître cruel et narcissique. Le film nous raconte la version de l’histoire du créateur, celle de la créature, et leur affrontement et rappelle que le monstre n’est pas forcément celui que l'on croit être.
Frankeinstein, un film émouvant et romantique
« Frankeinstein » est un film émouvant, lyrique, passionné et romantique. Les décors, réels - le bateau est un vrai bateau, construit en taille réelle - sont splendides, la tragédie poignante. C’est le rêve d’un gamin de 7 ans, le rêve d’une vie, qui prend forme sur le petit écran.
Et c’est peut-être là le seul raté de l’aventure : le film a vu le jour grâce à Netflix, il est donc à voir dès à présent sur la plateforme, mais il n’a eu droit qu’à une sortie limitée en salles. Et c’est dommage, parce que c’est un film fait pour le cinéma. Guillermo del Toro a consolé ses fans lors de la première mexicaine : « Je me bats pour la grandeur de l’écran mais ce pour quoi je me bats par-dessus tout, c’est la grandeur des idées. » Et son « Frankeinstein » est exactement tel qu’il l’imaginait. C’est ce qu’on retiendra.
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