« Hamnet » : un film bouleversant grâce à la prestation déchirante de Jessie Buckley

Difficile d’imaginer une autre issue que la victoire de l’actrice Jessie Buckley pour « Hamnet » aux Golden Globes, dimanche 11 janvier prochain, à Los Angeles. Impossible de ne pas la voir triompher aux Oscars, quelques semaines plus tard. Elle est bouleversante, habitée, mystérieuse dans le film de Chloé Zhao, réalisatrice oscarisée pour « Nomadland ». 

Le film, basé sur le roman du même nom de Maggie O’Farrell sorti en 2020, est une plongée dans les abysses du deuil d’un enfant. Il s’agit d’une fiction basée sur quelques faits biographiques épars. Hamnet Shakespeare, le fils du célèbre dramaturge, est mort à l’âge de 11 ans en 1596. Quelques années plus tard, son père écrivait ce qui deviendra sa pièce de théâtre la plus célèbre : Hamlet. À l’époque, les prénoms Hamnet et Hamlet étaient interchangeables. Pour Maggie O’Farrell, et par extension pour Chloé Zhao, cela sous-entend que l'œuvre la plus connue de Shakespeare était une façon de faire le deuil de son fils. 

L’héroïne est Agnès, l’épouse de William Shakespeare

Le film met en scène Jessie Buckley dans le rôle d’Agnès, l’épouse de William Shakespeare. Ce dernier est incarné par Paul Mescal. On ne se réfère pas à lui comme Shakespeare à l’écran. Il n’est pas encore le grand dramaturge qui marquera l’Histoire. Il est un mari, un père, un professeur, un auteur. Ce n’est pas lui le héros de Hamnet, mais sa femme. 

Agnès est une créature sauvage, qui semble ne faire qu’un avec les bois où on la rencontre pour la première fois. On dit d’elle qu’elle est peut-être une sorcière. Quand elle croise le regard de William, leur amour est immédiat, intense, évident. Ils ont des enfants qui les comblent, bien que William les voie peu, tout occupé à se forger une réputation de poète à Londres. On croit sans peine à leur félicité. On les voit heureux. C’est beau, solide et joyeux. À la moitié du film, l’ambiance bascule brutalement. La vie leur arrache un enfant et la tristesse les aspire dans un puits sans fond. 

Jessie Buckley ne joue pas, elle « est »

Un peu plus tôt à l’image, Jessie Buckley nous avait épatés avec une scène d’accouchement aussi puissante que celle livrée par Vanessa Kirby dans « Pieces of a woman ». Ce n’est rien à côté de la scène du décès d’Hamnet, absolument déchirante. Jessie Buckley passe par toutes les émotions : la panique, l’espoir, la sidération. Elle nous prend par les tripes et nous les tord avec ses cris d’animal à l’agonie et ses silences choqués. 

Quand on a demandé à Jessie Buckley comment elle a fait pour être aussi juste dans une scène aussi émotionnellement violente, elle nous a répondu : « Je ne veux pas jouer, je veux être. » On ne pourrait pas le formuler autrement. Elle ne joue pas cette mère dévastée, à qui on vient d’amputer un bout d’elle-même ; elle l’est.

Un film d’un autre temps, sur l’amour, la mort et le deuil 

« À ce moment du tournage, nous formions une équipe. Et je pense que j’étais complètement amoureuse de cette équipe. Nous étions concentrés sur les vibrations que cette vie ensemble représentait, elle était d’une intensité incroyable mais il y avait aussi une légèreté. Tout l’objectif de raconter des histoires est de créer des relations avec les gens qui sont avec vous à l’écran, afin que ces relations affectent ensuite ceux qui vont les voir. Donc, comment j’ai joué cette scène? Je me suis laissé aller, je suppose… » poursuit-elle.

« Hamnet » est un film d’un autre temps mais qui aborde des sujets universels et intemporels. Il parle de la vie, de la mort, de l’amour et de la façon dont chacun fait son deuil. C’est un film qui rappelle, pour Jessie Buckley, à quel point « nous sommes vulnérables, fragiles et vivants ». Il faut attendre les dernières minutes pour comprendre le lien entre le décès du fils et l’œuvre du père. On vous met au défi de ne pas pleurer. À voir dans les cinémas américains dès à présent. « Hamnet » sortira en France le mercredi 21 janvier 2026.