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Vers une seconde vague de coronavirus en Europe cet hiver ?

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Toa Heftiba - Unsplash
Écrit par Luther Beaumont
Publié le 31 mai 2020, mis à jour le 1 juin 2020

Selon les plus hauts représentants de l’organisation Mondiale de la Santé, la pandémie ne serait pas finie et les pays européens devraient se préparer à faire face à une deuxième vague de contamination.

 

Dans une interview accordée à nos confrères du « Telegraph », le docteur Hans Kluge, directeur de la zone Europe pour l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a adressé un sérieux avertissement aux pays qui ont commencé à relâcher progressivement les restrictions liées au confinement, en énonçant qu’il était désormais venu « le temps de la préparation et non pas celui de la célébration ».

Le Dr Kluge insiste sur le fait que la diminution du nombre de cas de Covid-19 au Royaume-Uni, en France, ou en Italie ne signifie pas pour autant que la pandémie est en train de s’éteindre. L’épicentre de la propagation du virus se trouve désormais dans l’Europe de l’est, avec une aggravation nette du nombre de cas recensés en Russie, en Ukraine, en Biélorussie et au Kazakhstan, avertit-il avant d’ajouter que les pays devraient faire usage de ce temps précieux pour renforcer leurs systèmes de santé, en augmentant les capacités d’accueil des hôpitaux, ainsi que les quantités d’équipements médicaux. 

« Singapour et le Japon ont très vite compris qu’il n’était pas temps de célébrer, mais qu’il était plutôt temps de se préparer. C’est ce que sont en train de faire les pays scandinaves, car ils n’excluent pas une deuxième vague, ils espèrent juste que cela aura lieu de façon très localisée afin de pouvoir y remédier facilement », explique le Dr Kluge.

 

Une seconde vague pourrait coïncider avec l’arrivée de grippes et de rougeoles

Il mentionne aussi le risque qu’une seconde vague puisse coïncider avec l’apparition d’autres pathologies. « Je suis très soucieux à l’égard d’une double vague, car nous pourrions avoir à nous confronter en même temps à une seconde vague de Covid-19 ainsi qu’à des grippes ou des rougeoles de saison. Il y a de cela deux ans, 500 000 enfants n’avaient toujours pas reçu leur première vaccination contre la rougeole » rapporte-t-il.

De nombreux experts, incluant le représentant du conseil médical en Angleterre, le Professeur Chris Witty, ont prévenu qu’une seconde vague de pandémie pourrait même être encore plus meurtrière que la première. Pour appuyer ses dires, il pointe du doigt la pandémie ayant eu lieu en Espagne de 1918 à 1920. Lorsque la grippe espagnole apparut en mars 1918, elle présentait toutes les caractéristiques d’une grippe saisonnière semblable à ces prédécesseurs. Mais elle s’était avérée par la suite bien plus virulente et meurtrière à partir de l’automne, engendrant le décès de près de 50 millions de personnes.

« Nous savons de part l’expérience passée qu’en matière de pandémies, les pays qui n’ont pas été frappés dans un premier temps, peuvent être frappés par une deuxième vague » déclare le Dr Kluge. « Qu’allons-nous pouvoir observer en Afrique et en Europe de l’est ? Ils sont actuellement en recul concernant l’évolution de la propagation. Certains pays se disent donc : « Nous ne sommes pas comme l’Italie, jusqu’à ce que deux semaines plus tard, boom ! Ils peuvent être malheureusement touchés par une seconde vague. Nous nous devons donc d’être prudents ».

 

Un retour à la vie normale ?

Au cours des dernières semaines, de nombreux pays européens ont commencé à déverrouiller leurs économies jusque là à l’arrêt, ainsi qu’à autoriser un retour à un semblant de vie normale.

Début mai, la population espagnole fut autorisée à effectuer de l’exercice en extérieur pour la première fois depuis sept semaines. Les restaurants ont commencé à rouvrir dans certaines régions d’Allemagne. En France, la population peut désormais librement circuler sans avoir à présenter un justificatif permettant d’expliquer sa présence hors de son domicile.

Mais en l’absence d’un traitement efficace contre le virus, ou d’un vaccin, le Dr Kluge déclare que tous les confinements doivent faire l’objet de rigoureuses mesures en faveur de la santé publique, incluant des outils de traçabilité et la réalisation de tests. Une application a été lancée par le NHS dans le but de favoriser la traçabilité des cas sur l’île de Wight, en date du 5 mai. En cas de succès, le gouvernement avait l’intention d’élargir son utilisation dans le reste du pays d’ici la fin du mois.

Le nombre de tests effectués a augmenté petit à petit, sans atteindre pour autant la barre des 100 000 tests réalisés qui avaient été promis par Matt Hancock, le secrétaire d’Etat à la santé. Les dernières analyses en la matière démontrent en effet que, jusqu’à ce jour, environ 80 000 tests ont été menés à bien.

Le Dr Kluge exprime que l’absence de traitements ou de vaccins impliquait que quelque puisse être la façon dont pouvait être envisagée le relâchement des restrictions liées au confinement, cela devait s’opérer « graduellement et prudemment ». Il ajoute que « les gens pensent que le confinement est derrière eux. Mais rien n’a changé. Le contrôle total de la maladie doit être mis en place. Ceci demeure le message à faire passer. »

Il espère également que la pandémie aura permis de démontrer de la façon dont le secteur de la santé doit être placé parmi les plus hautes priorités du calendrier politique. « Nous avons toujours pensé que la santé représentait le facteur le plus influent d’une économie prospère. Mais cela va même encore plus loin, car là où il n’y a pas de système de santé, il ne peut y avoir d’économie (…) C’est une leçon qui ne peut pas être oubliée ».