Tout le monde le sait, Londres est l'une des villes les plus chères au monde en matière de logement. D'après le classement réalisé par ECA International, elle occupe la 4e place derrière Tokyo, Hong Kong et New York. Et selon les chiffres du dernier rapport de la National Housing Federation (NHF), le prix moyen d'une maison dans la capitale s'élève à 563?000 livres sterling, près du double de la moyenne nationale.
Un peu de mathématiques?
D'après la NHF, les futurs acheteurs devraient mettre de côté chaque mois au moins 2300 livres sterling, et ce, jusqu'en 2021, afin d'espérer épargner suffisamment pour obtenir un crédit immobilier (soit un dépôt de 20 % de la valeur du bien). Ce qui, avec un revenu moyen à Londres de 34?000 par an, soit 2800 par mois, semble difficilement réalisable? même si, avec le Brexit, les prix des logements se sont un peu affaissés, une tendance confirmée par La Royal Institution of Chartered Surveyors.
Une inflation des prix qui chasse la classe moyenne hors de Londres
La crise du logement fait donc de plus en plus de victimes. C'est toute la classe moyenne qui peine à trouver des logements abordables. Une préoccupation qui constitue l'un des grands défis auquel doit faire face le gouvernement. Selon Theresa May, le ressort du marché actuel de l'immobilier au Royaume-Uni est «?cassé?» : «?Vous ne devez pas être un expert dans le logement ou la construction pour vous en rendre compte [?] il suffit d'être l'un des millions de travailleurs qui ne peut se permettre d'acheter ou même de louer le genre de maison sûre et abordable que les générations précédentes pouvaient acquérir?». Une donnée qui entraine un fort exode urbain. Les derniers chiffres officiels de l'Office for National Statistics le montrent : plus de 280?000 personnes ont quitté la Capitale entre juin 2014 et juin 2015. Une hausse de 3 % comparée à l'année précédente.
Un véritable casse-tête à résoudre
Pour contrer cette tendance, le gouvernement a dévoilé le 7 février dernier sa nouvelle politique en matière de logement, plan baptisé the Housing White Paper. Elle promet notamment d'améliorer les droits des locataires, quasi inexistants à l'heure actuelle, et de mettre en place des mesures pour proposer des loyers plus abordables. La population londonienne ne cesse d'augmenter et devrait atteindre les 9 millions d'habitants d'ici 2020. Selon Theresa May, il faut donc surtout construire plus et plus rapidement, notamment des logements sociaux. Le plan prévoit la construction de 250 000 nouveaux logements chaque année.
Des mesures trop anecdotiques?? Les idées de l'opposition
Ces nouvelles mesures, bien que bienvenues, manquent de plans concrets et déçoivent les observateurs de tout le spectre politique. John Healey, le député travailliste chargé du logement estime le plan «?faible?». Pour lui, l'accent devrait être davantage mis sur les logements sociaux. Du côté des verts, Jonathan Bartley s'accorde aussi sur ce point : «?C'est sur le plan des déductions fiscales auprès des investisseurs qu'il faut travailler, et utiliser cet argent pour créer de nouveaux logements sociaux?». Pour le leader des libéraux démocrates, Tim Farron, le projet de Teresa May n'est «?pas assez ambitieux et décevant?». Sa préoccupation principale : les logements actuellement inoccupés, qui selon lui devraient être la priorité.
PRATIQUE
Le rapport annuel de la NHF, Home Truths 2016/17, a établi la géographie des prix à Londres, selon les quartiers. Pour vous donner une idée :
Zones les plus chères de Londres |
Prix moyen pour une maison |
Salaire moyen des habitants |
Kensington et Chelsea |
1?962?710 £ |
56?462 £ |
Westminster |
1?385?014 £ |
43?472 £ |
Camden |
1?092?476 £ |
40?201 £ |
Hammersmith et Fulham |
944?458 £ |
42?411 £ |
City of London |
937 289 £ |
54 023 £ |
Zones les moins chères de Londres |
Prix moyen pour une maison |
Salaire moyen des habitants |
Barking et Dagenham |
254?183 £ |
25?111 £ |
Bexley |
306 396 £ |
31 096 £ |
Havering |
329 615 £ |
32 874 £ |
Newham |
330?968 £ |
25?730 £ |
Croydon |
351 970 £ |
29650 £ |
Camille Bottin (www.lepetitjournal.com/londres), le 19 février 2017