Alors que le débat se poursuit depuis plusieurs semaines en France entre partisans et opposants au projet de loi du gouvernement sur le mariage pour tous, la communauté française de Londres n'en est pas exempte. Dimanche, la Manif pour tous avait son pendant londonien tandis que lundi soir, Axelle Lemaire, Députée d'Europe du Nord des Français établis hors de France, organisait un débat public sur la question.
"Je suis heureuse que le débat se soit bien passé. C'est la preuve qu'il est possible de discuter de ce projet de loi en toute sérénité", expliquait Axelle Lemaire quelques minutes après la fin du débat qu'elle organisait lundi soir. Invitée par la députée des Français de l'étranger, la communauté française de Londres a répondu présent. Ils sont 130 à être venus dans le quartier de Camden pour débattre du sujet qui cristallise toutes les attentions en France : le projet de loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples de personnes du même sexe. Examiné à partir d'aujourd'hui devant la commission des lois de l'Assemblée nationale, il l'a été avec un peu d'avance à Londres hier soir.
(Crédit : Simon Gleize)
Autour de la table, Axelle Lemaire donc mais aussi Irène Théry, sociologue et directrice d'études à l'EHESS et Renaud Digoin-Danzin, directeur de société établi à Londres. Trois fervents partisans du projet de loi qui ont pu pendant la première partie de la soirée donner leur point de vue et argumenter. La députée socialiste a d'abord tenu à rappeler que ce dernier s'inscrivait dans une démarche d'égalité voulue par le gouvernement avant de détailler les différents droits et devoirs que le mariage pourrait offrir aux personnes de même sexe. Irène Théry a de son côté pu offrir un éclairage historique sur les évolutions du mariage civil, de la filiation et de l'adoption. Enfin, Renaud Digoin-Danzin s'est concentré sur les difficultés rencontrés par les homosexuels dans le milieu de l'entreprise et un "plafond de verre" difficile à briser pour "une minorité pas ou peu visible".
Faire participer les Français de l'étranger au débat
Même s'il a été reproché à l'organisation le manque d'avis divergents autour de la table, la moitié de la soirée a été consacrée à une séance de questions/réponses et donc au débat. Des discussions qui se sont d'ailleurs ensuite poursuivies avec Axelle Lemaire de façon plus informelle. Les opposants ont ainsi pu exprimer leurs inquiétudes, notamment concernant les enfants élevés dans des familles homoparentales. Des craintes que nombre d'entre eux avaient déjà pu exprimer la veille.
(Crédit : Simon Gleize)
La Manif pour tous traverse la Manche
Alors que leurs compatriotes battaient le pavé à Paris (ils étaient entre 340.000 et 800.000 à défiler dans les rues de la capitale), plus d'une centaine de Français, venus en couple et en famille, ont tenu dimanche à faire entendre leur voix devant l'Ambassade de France à Londres. En effet, le collectif Manif pour tous, qui a orchestré la grande manifestation parisienne contre le projet de loi du gouvernement sur le mariage homosexuel, avait aussi ses ambassadeurs à l'étranger. "Nous voulions faire quelque chose de local car Londres est la première destination pour l'expatriation. Il était important de faire parler les Français de l'étranger," expliquait Morgane de Clavières, organisatrice de la mobilisation londonienne. "C'était une volonté de l'organisation à Paris de montrer que ça concerne les Français du monde entier", ajoutait Nicolas Aractingi, également en charge de cette manifestation. Ce dernier soulignait la nécessité de faire vivre le débat autour du projet de loi. "Nous manifestons pour protéger le mariage civil, pour protéger la parité dans le mariage et pour protéger les enfants," indiquaient les deux porte-paroles.
(Crédit : Simon Gleize)
La question de l'homoparentalité au c?ur de la contestation
Plus que le mariage homosexuel, c'est surtout le sujet de l'homoparentalité qui semblait là aussi agiter la conscience des opposants. Ce constat était d'ailleurs visible sur les t-shirts et les pancartes distribués aux manifestants. "Tous nés d'un homme et d'une femme", "Zéro papa, ça l'fait pas", "Pleins de papas ne vaut pas une maman", pouvait-on lire sur les écriteaux. "Nous sommes là pour soutenir la manifestation de Paris et pour dire que l'homoparentalité n'est pas une bonne chose. Que le gouvernement pense à une union civile plus poussée que le Pacs, nous ne sommes pas contre. Mais l'adoption et la procréation médicalement assistée, ce n'est pas pour le bien des enfants. C'est la porte ouverte aux dérives," expliquaient Caroline et Antoine, expatriés à Londres depuis un an. Un avis partagé par d'autres manifestants. "Nous sommes venus pour montrer qu'on ne peut pas modifier sans conséquences le droit du mariage à cause de l'impact que cela a sur la filiation. Tous les enfants ont le droit à un papa et une maman. Ce n'est pas à la loi de dire le contraire," argumentait Juliette, qui ne pouvant pas se rendre à Paris, a tout de suite répondu présente pour manifester à Londres.
Si le projet de loi est désormais entre les mains des parlementaires, les Français de Londres ont en tout cas eu l'occasion de s'exprimer. Qu'ils soient pour ou contre.
Caroline Boeuf et Simon Gleize (www.lepetitjournal.com/londres) mardi 15 janvier 2013
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Lepetitjournal.com - Pourquoi avoir décidé d'organiser ce débat à Londres ? Ensuite, je suis persuadée que le fait de vivre à l'étranger nous fait porter un regard distinct sur la manière d'aborder les questions politiques en France. Dans ma circonscription en particulier, au moins quatre des pays d'Europe du Nord ont introduit le mariage pour tous dans leur législation depuis plusieurs années. C'est donc un fait acquis dans ces sociétés et non pas un facteur de division ou de menace pour l'institution du mariage. Je pense qu'il est donc intéressant de se pencher sur ces cas pour nourrir la réflexion sur la façon dont la question est abordée en France. Les députés des Français de l'étranger vont-ils justement pouvoir apporter leur vision sur ce projet de loi en fonction des expériences dans les différents pays de leurs circonscriptions ? Que retenez-vous de ce débat organisé à Londres ? Je tire un bilan très positif de cette expérience. Je crois que l'organisation d'un débat sur un sujet de société au sein de la communauté française à Londres est une première. Opposants comme sympathisants au projet m'ont remerciée d'avoir pris cette initiative qui pouvait être considérée comme courageuse sachant que j'avais reçu des menaces de désordre qui auraient pu nuire au bon déroulement de la soirée. J'étais prête à prendre ce risque parce que je pense que le débat et la démocratie doivent prendre le dessus. Je pense que c'est une formule à retenir. J'entends l'argument sur la présence d'une opposition et j'en tiendrai compte. C'est en tout cas une expérience à renouveler. Propos retenus par Simon Gleize (www.lepetitjournal.com/londres) mardi 15 janvier 2013 |

























