Huit enfants sont nés au Royaume-Uni exempts de toute maladie mitochondriale grâce à une technique innovante de fécondation impliquant l’ADN de trois personnes. Ce procédé, autorisé depuis 2015 dans le pays, a été mis en œuvre au Newcastle Fertility Centre. Il vise à empêcher la transmission de maladies génétiques rares mais graves, comme l’a rapporté la BBC le 16 juillet 2025 dans un article signé James Gallagher, correspondant santé et sciences.


Huit bébés sont nés au Royaume-Uni sans aucune trace de maladie mitochondriale grâce à une technique de fécondation assistée impliquant l’ADN de trois personnes. Mise au point par des chercheurs britanniques et pratiquée au Newcastle Fertility Centre, cette méthode associe le matériel génétique d’un père et d’une mère avec celui d’une donneuse afin de prévenir la transmission de maladies héréditaires incurables.
Pour la première fois depuis la légalisation de cette approche en 2015, des enfants ont vu le jour sans présenter les troubles graves généralement liés à ces pathologies, rapporte la BBC dans un article publié le 16 juillet 2025. Les maladies mitochondriales sont transmises exclusivement par la mère et empêchent les cellules de produire suffisamment d’énergie. Elles peuvent provoquer des troubles neurologiques, une insuffisance cardiaque, des crises d’épilepsie, ou encore la cécité. Environ un bébé sur 5 000 en est atteint au Royaume-Uni.
La technique repose sur une fécondation in vitro dans laquelle l’ADN nucléaire du père et de la mère est transféré dans un ovule d’une donneuse contenant des mitochondries saines, ce qui permet d’éviter la transmission de mitochondries défectueuses. L’enfant ainsi conçu reçoit plus de 99,9 % de son ADN de ses parents, et environ 0,1 % de la donneuse, rappelle la BBC.
Témoignages anonymes de familles
Les familles concernées ont souhaité préserver leur anonymat, mais ont transmis des déclarations par l’intermédiaire du Newcastle Fertility Centre. La mère d’une petite fille a déclaré à la BBC : « Après des années d’incertitude, ce traitement nous a donné de l’espoir et ensuite il nous a donné notre bébé. » Une autre patiente, mère d’un petit garçon, a témoigné auprès de la BBC : « Grâce à cette avancée incroyable et au soutien que nous avons reçu, notre petite famille est au complet. Le fardeau émotionnel de la maladie mitochondriale a été levé, et à sa place se trouvent l’espoir, la joie et une profonde gratitude. »
Des bébés en bonne santé
Selon la BBC, les huit enfants : quatre filles, quatre garçons, dont une paire de jumeaux sont tous nés sans maladie mitochondriale et atteignent les étapes de développement attendues pour leur âge. Un seul cas d’épilepsie, résolu spontanément, et un cas d’arythmie cardiaque, traité avec succès, ont été signalés.
Le professeur Bobby McFarland, directeur du service spécialisé du NHS pour les maladies mitochondriales rares, a confié à la BBC : « voir le soulagement et la joie sur le visage des parents de ces bébés après une si longue attente et la peur des conséquences, c’est formidable de pouvoir voir ces bébés vivants, s’épanouir et se développer normalement. »
Un soulagement pour les familles touchées
Parmi les familles suivies dans le reportage, celle de Kat Kitto, dont la fille cadette Poppy, 14 ans, souffre d’une forme sévère de la maladie mitochondriale.
Sa fille aînée Lily, 16 ans, pourrait également transmettre la maladie à ses futurs enfants. Interrogée par la BBC, elle déclare : « ce sont les générations futures, comme moi, ou mes enfants, ou mes cousins, qui pourront avoir cette perspective d’une vie normale. »
Dans cinq des huit cas, aucune trace de mitochondries défectueuses n’a été détectée. Toutefois, dans trois autres cas, les analyses de sang et d’urine ont révélé entre 5 % et 20 % de mitochondries malades. Ce taux reste largement inférieur au seuil pathogène fixé à 80 %, mais nécessite une surveillance continue. La professeure Mary Herbert, de l’Université de Newcastle et de l’Université Monash, a réagi auprès de la BBC : « Ces résultats incitent à l’optimisme. Cependant, des recherches visant à mieux comprendre les limites des technologies de don de mitochondries seront essentielles pour améliorer encore les résultats des traitements. »
Une première mondiale rendue possible par le Royaume-Uni
Le Royaume-Uni a été le premier pays au monde à légaliser la création de bébés conçus avec l’ADN de trois personnes, grâce à une législation adoptée en 2015. Selon la BBC, le débat avait été vif à l’époque, notamment en raison du fait que les mitochondries possèdent leur propre ADN, ce qui constitue une modification transmise aux générations suivantes si l’enfant est une fille.
Le professeur Sir Doug Turnbull, chercheur à l’origine de cette avancée à l’Université de Newcastle, a souligné à la BBC : « Je pense que c’est le seul endroit au monde où cela aurait pu se produire. Il y a eu une science de premier ordre pour nous amener là où nous sommes, une législation pour permettre le passage au traitement clinique, le NHS pour aider à le soutenir, et maintenant nous avons huit enfants qui semblent indemnes de maladie mitochondriale. Quel résultat merveilleux. »
Un espoir renouvelé pour les générations futures
Liz Curtis, fondatrice de l’organisation caritative Lily Foundation, a déclaré à la BBC : « Après des années d’attente, nous savons maintenant que huit bébés sont nés grâce à cette technique, tous ne présentant aucun signe de mitochondrie. Pour de nombreuses familles touchées, c’est le premier véritable espoir de briser le cycle de cette maladie héréditaire. »
Sur le même sujet



























