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MANCHESTER - Une cité au-delà des clichés

Écrit par Lepetitjournal Londres
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 20 novembre 2012

Ville pauvre, industrielle, où il pleut tout le temps. La carte de visite de Manchester n'est pas des plus racoleuses. Les stéréotypes sur la capitale du nord sont féroces. Mais la réalité est (très) différente de cela. Cité cosmopolite, où se mêlent toutes sortes de communautés, Manchester est une « ville ph?nix » : touchée par les différentes crises de l'histoire, elle se réinvente à chaque fois

 

(crédit : Marlène Vitel)

"Toute la ville n'est qu'un district ouvrier, entourant le quartier commercial comme une ceinture. Il est impossible d'imaginer l'amoncellement désordonné des maisons, entassées littéralement les unes sur les autres, véritable défi à toute architecture rationnelle. Les rues, même les meilleures, sont étroites et tortueuses. Devant les portes, partout des décombres et des ordures. L'atmosphère est empestée par leurs émanations, assombrie et alourdie par les fumées d'usine." Voici comment Friedrich Engels décrivait Manchester en 1845 dans son étude « La situation de la classe laborieuse en Angleterre ». Près de deux cents ans plus tard, la ville a radicalement changé, mais son image de ville populaire et industrielle demeure. Pourtant, les usines textiles ont fermé, le centre-ville a été complètement réhabilité. Sorte de « Roubaix anglais », Manchester a du mal à casser cette image auprès du grand public.

(crédit : Marlène Vitel)

"S'il ne pleut pas, c'est qu'il va bientôt pleuvoir"

Aéroport de Manchester, début juin. A l'arrivée de l'avion, le commandant de bord annonce : "Bienvenue à Manchester, la température actuelle est de 15 degrés et il pleut." Rires parmi les passagers, qui apparemment s'y attendaient. Certes, n'espérez pas passer une semaine sous le soleil de Manchester, il faut être réaliste. Mais la pluviométrie annuelle de la ville se situe aux alentours de 800 mm par an, un peu plus qu'à Londres et autant qu'à? Nice ! D'ailleurs, ici, les habitants ont pris le parti de s'amuser de cette réputation de ville pluvieuse. Aux étrangers, les Mancuniens aiment expliquer: "If it isn't raining, it soon will be." Appelons cela de l'humour anglais...

« Une ville phoenix »

Il serait faux de dire le contraire : Manchester fut une importante ville industrielle. Surnommée autrefois « Cottonopolis », elle a subi de plein fouet la fin de la révolution industrielle puis la crise économique des années 1980. Si le taux de chômage ici reste un des plus importants d'Angleterre, l'économie de la ville s'est tournée vers l'industrie de services et la finance. Les quartiers insalubres ont été rasés, le centre-ville rénové, laissant entrevoir, au début des années 1990, un « nouveau Manchester ». Mais la ville est le théâtre d'un attentat de l'IRA en 1996, faisant plus de 200 blessés. Le centre-ville est complètement détruit. Pour le maire de l'époque, pas question de se laisser abattre. Son idée est simple : tout reconstruire en plus beau, plus grand. Un immense centre commercial, des rues piétonnes, une architecture mêlant styles victorien, industriel et contemporain? Manchester renaît, encore une fois.

(crédit : Marlène Vitel)

Dynamisme et ambiance

Aujourd'hui, la ville compte près de 400 000 habitants, répartis dans des quartiers très différenciés. Par exemple, la communauté chinoise se retrouve à Chinatown, la communauté gay à Canal Street. Les quartiers populaires sont réhabilités, comme Castlefield ou encore Salford, ancienne banlieue ouvrière devenue aujourd'hui un des secteurs les plus prisés et les plus chers. D'autres zones, plus éloignées du centre-ville, restent très populaires, comme par exemple Moss Side où la criminalité est une des plus élevées du pays. Mais dans ce quartier comme ailleurs, les habitants sont attachés à leur ville. "Il y a une vie culturelle très dynamique ici. Des musées, des boîtes de nuit, du football, une vie étudiante riche? Manchester n'est peut-être pas la plus belle ville de Grande-Bretagne, mais cette ambiance est incomparable", explique Tim, jeune cadre dans la finance. Lui ne vient pas de très loin, de Sheffield. Il avoue que dans son entreprise, les jeunes diplômés londoniens ne se pressent pas pour venir s'installer à Manchester. Pour l'anecdote, quand la BBC a pris ses quartiers à MediaCity à Manchester, l'an dernier, de nombreux journalistes londoniens ont préféré donné leur démission que déménager ici, pour cause d' « insécurité ». Les clichés ont la vie dure.

Mais si la réalité est largement déformée et amplifiée, ces stéréotypes ont permis à la ville de gagner un statut quasi-iconique. "Manchester ne serait pas simplement la même si elle était infiniment ensoleillée et si notre sport favori était le concours de saut d'obstacles", remarque la blogueuse Aimée Horwich, Mancunienne et fière de l'être. "En plus, qui n'a pas entendu des cris de jubilation « bien sûr, Manchester United ! » quand ils vont à l'étranger et disent qu'ils sont de Manchester !"

Marlène Vitel (www.lepetitjournal.com/londres) lundi 1er octobre 2012

lepetitjournal.com londres
Publié le 1 octobre 2012, mis à jour le 20 novembre 2012
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