Si vous vous baladez un samedi après-midi dans le cœur de Londres, vous entendrez sûrement des manifestations. À Trafalgar Square, ou près de Knightsbridge, se regroupent des centaines de personnes chaque semaine. Un lien les unit : ce sont des Iraniens. Mais alors qu’on pourrait s’attendre à les voir soutenir leur pays, ils brandissent haut et fort le drapeau israélien. Nous avons posé quelques questions à Reza, un militant, pour qu’il nous en dise plus sur cette action.


Ils sont Iraniens, et pourtant, en pleine période de guerres au Moyen-Orient, que ce soit en Palestine ou au Liban, ils choisissent de brandir le drapeau israélien. Un spectacle qui peut en dérouter plus d’un, tant les tensions entre l’Iran et Israël sont vives. Mais le groupe de militants du jour affirme “avoir ses raisons”, que Reza, l’un des militants présents, a tenté de nous expliquer.
Que se passe-t-il entre l’Iran et Israël ?
Depuis plusieurs années, l’Iran et Israël s’affrontent de manière indirecte dans un climat hostile. L’Iran, qui ne reconnaît pas l’État d’Israël, soutient des groupes armés hostiles comme le Hezbollah ou le Hamas. Israël, de son côté, considère le régime iranien comme une menace majeure, en particulier ces derniers jours à cause de son programme nucléaire et de son influence militaire en Syrie et au Liban.
Depuis le 13 juin 2025, Israël a lancé une série de frappes aériennes massives, baptisées Opération Lion en Marche, visant à l’origine des installations militaires et nucléaires iraniennes. À l’heure actuelle, 128 personnes ont trouvé la mort en Iran (Le Figaro). Ces mêmes attaques ont aussi entraîné la mort de plusieurs hauts responsables iraniens.
En réponse, l'Iran a intensifié ses frappes en lançant plus de 200 missiles, dont certains ont atteint des villes israéliennes comme Bat Yam et Rehovot. Bilan évalué à 13 morts. Le 18 juin, le Guide suprême iranien, Ali Khamenei, a même déclaré que “la bataille commence”, signe que les conflits ne s'arrêteront pas de sitôt…
Israël, l’allié inattendu d’Iraniens exilés à Londres ?
Nous (Iraniens) n'avons rien contre les Israéliens.
Ce samedi, à quelques pas de l’ambassade iranienne de Londres, de nombreux passants s’arrêtent, intrigués par ce qu’ils voient. D’un côté, le drapeau historique iranien sans l’emblème islamique imposé par le régime en 1979. De l’autre, le drapeau israélien, brandi avec tout autant de détermination : “Oui, nous sommes Iraniens. Et oui, nous sommes là avec le drapeau israélien. Parce que nous avons un ennemi commun : le régime islamique en Iran”, explique Reza. Le regard ferme, assuré de ses convictions, il poursuit : “Ce régime est l’ennemi du peuple iranien, mais aussi de l’État d’Israël.”
Pour cette centaine de manifestants, il ne s’agit pas simplement de soutenir un gouvernement contre un autre, par pur réflexe géopolitique, mais plutôt de se positionner contre ce qu’ils qualifient de dictature : “Nous avons une histoire avec Israël. Une histoire, souvent mal-comprise, vieille de 2 500 ans. Nous n'avons rien contre les Israéliens. C’est notre fraternité face à un régime qui tue son propre peuple.”

Un choix symbolique : s’allier avec Israël pour barrer la dictature en place
Au fil de la discussion, Reza insiste sur la distinction entre le régime et le peuple : “Il faut déjà savoir de quoi nous parlons entre l’Iran ou le régime iranien ? Parce que si on s’intéresse aux Iraniens, beaucoup soutiennent les frappes contre les hautes institutions dans le pays. Mais le régime, lui, essaie de fuir.”
Ce soutien affiché à Israël n’est donc pas un geste politique, mais bien un acte stratégique : “Tant que ce régime est au pouvoir, personne n’est en sécurité. Pas les Iraniens, pas les Israéliens, pas les Européens. Ils sont partout : au Yémen, en Syrie, au Liban… avec notre argent, pour propager leur idéologie.” Et cette alliance de rue, inattendue pour certains, devient pour eux un acte de résistance. “Le monde doit choisir son camp. Soit il est avec les peuples opprimés, soit avec les régimes qui les écrasent. Nous, on a choisi et cela marchera avec Israël”
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