Le cardinal italien Angelo Becciu, autrefois figure influente de la Curie romaine et proche du pape François, a officiellement renoncé à participer au conclave du 7 mai prochain. Cette décision intervient dans un climat de tensions inédites au sein du Vatican, causées par sa condamnation dans l’un des plus grands scandales financiers de l’Église moderne : l’achat controversé d’un immeuble de luxe à Londres pour 200 millions d’euros.
Cardinal influent sous le pontificat conservateur de Benoît XVI, Angelo Becciu était perçu comme un homme fort de la vieille garde vaticane. Il avait su maintenir une certaine proximité avec le pape François, jusqu’à devenir un de ses conseillers. Mais en 2020, sa carrière s'effondre lorsqu’il est contraint de démissionner à la suite d’un scandale financier retentissant : l’achat, au nom du Vatican, d’un immeuble de luxe à Londres pour 200 millions d’euros. Une opération immobilière opaque, qui aurait été entachée de détournements de fonds.
Le Cardinal Becciu, un ancien pilier du Vatican tombé en disgrâce
Malgré sa destitution, Becciu n’a jamais été canoniquement déchu de son titre de cardinal. Il a continué à participer à la vie du Saint-Siège, François lui ayant rendu visite à plusieurs reprises. Cependant, c’est également François qui a modifié le droit vatican pour permettre que des cardinaux puissent être jugés par le tribunal pénal du Vatican ouvrant la voie à la mise en accusation de Becciu. En décembre 2023, le cardinal est reconnu coupable de détournement de fonds et condamné à cinq ans et demi de prison. Il a fait appel de cette décision ; le procès en appel est prévu pour septembre 2025. Malgré cela, il avait exprimé récemment son souhait de participer au conclave du 7 mai. Face à la pression croissante, et après avoir reçu deux lettres signées par François l’enjoignant de se retirer, il a fini par renoncer.
Un procès controversé et une Église divisée
Le procès lui-même a suscité de nombreuses critiques. Les avocats de la défense dénoncent l’ingérence directe du pape dans la procédure judiciaire, selon associated Press (AP) pendant l’instruction, le pape François aurait signé quatre décrets secrets permettant aux procureurs de surveiller et de détenir des suspects sans mandat judiciaire. Le principal témoin à charge aurait, selon plusieurs éléments révélés récemment, été manipulé par des personnes extérieures et coordonné avec les gendarmes du Vatican. Les avocats affirment que cette interférence d’un chef d’État absolu, qui concentre tous les pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires, viole les droits fondamentaux de la défense.
Malgré ces contestations, le tribunal vatican a maintenu la condamnation. L’appel, très attendu, débutera à l’automne prochain.
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