Mardi 8 novembre, à l'initiative d'Édouard Braine, Consul général à Londres, s'est tenu une concertation franco-britannique sur le dépassement de la contrainte du handicap. Une dizaine de personnalités, originaires des deux pays, ont échangé et partagé leurs expériences et connaissances sur le sujet
(photo: Simon Gleize)
Il faut bien l'avouer : la Grande-Bretagne a bien plus qu'un Eurostar d'avance sur la France en matière d'insertion des personnes handicapées.
Le Consul Édouard Braine, tétraplégique depuis 9 ans, est bien placé pour en parler. Comme il dit : "il suffit de regarder le plan du métro de Londres pour s'en rendre compte". En effet, en partie grâce à l'obtention des Jeux Olympiques et Paralympiques, la capitale anglaise s'est dotée de moyens conséquents visant à favoriser son accessibilité aux personnes handicapées.
Profitant de l'inauguration par Bernard Emié, ambassadeur de France en Grande-Bretagne, du nouvel ascenseur au consulat français de Londres, le diplomate avait invité une trentaine de personnalités et journalistes à assister à un colloque réunissant une dizaine de participants. Le but : s'inspirer des bonnes pratiques britanniques et dépasser la contrainte du handicap.
(Crédits: Simon Gleize)
Les Jeux, un fantastique levier
Philip Craven, président du comité paralympique international, et Gérard Masson, président de la fédération française handisport et chef de la délégation française Londres 2012, ont ouvert la concertation orchestrée par le Consul en personne. "Nous sommes en prison si l'on ne peut pas sortir de chez nous et les Jeux sont bien sûr un levier important pour améliorer l'accessibilité de la ville", a tenu à expliquer le premier, avant d'ajouter que "Paris aurait sans doute fait les mêmes efforts s'il avait eu les Jeux. Il y aurait simplement eu plus à faire".
Grant Kennedy et Christophe Desplace, représentant deux entreprises au succès à la fois sociaux et économiques, Direct Enquiries et Motability, ont ensuite donné des exemples concrets de ce qui peut être fait en faveur d'une meilleure insertion des handicapés.
Du concret, de l'éthique et du politique
Lors d'un échange axé sur les dimensions éthiques et morales de l'acceptation sociale du handicap, la philosophe Corinne Pelluchon a de son côté mis en avant l'importance des termes utilisés pour désigner le handicap et est revenu sur l'approche des "capabilités". Le sociologue Théodore Zeldin a lui tenté d'apporter un éclairage sur le changement de mentalité nécessaire : "Nous sommes tous handicapés. Chacun d'entre nous a ses faiblesses et celui qui n'en a pas conscience est le plus handicapé de tous". Il a aussi tenu à préciser que "le principe d'universalisme républicain adopté en France, contrairement à un pays comme les États-Unis, fait que les minorités ont plus de mal à trouver leur place".
(Crédits: Simon Gleize)
Le député UMP Hervé Mariton a quant à lui évoqué la politique française en matière de handicap et est revenu sur la loi de 2005 et ses applications. Enfin, Diane Szynkier a présenté le réseau des Hautes Études et Vie Active avec un Handicap.
Pendant près de deux heures, beaucoup de domaines autour du handicap, de l'accessibilité et de son acceptation dans la société ont été abordés. Profitant de la préparation des Jeux Olympiques et Paralympiques ainsi que de la campagne électorale qui s'engage, Édouard Braine a voulu mettre à l'ordre du jour un sujet trop souvent "politiquement orphelin".
Simon Gleize (www.lepetitjournal.com/londres) mercredi 9 novembre 2011
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