

Posséder son propre club de football ? C'est possible en Angleterre. Ou tout du moins être actionnaire de son équipe fétiche. Depuis quelques mois, des "trusts" de fans s'organisent pour faire évoluer l'actionnariat des clubs professionnels, devenus en quelques années la proie d'investisseurs étrangers plus attirés par les profits que par le beau jeu
[Flick'R, crédits photo: Wonker]
Depuis près d'un an maintenant, le bruyant MUST (Manchester United Supporters' Trust) conteste la gestion des Reds par la famille Glazer, des investisseurs américains, leur reprochant d'avoir endetté MU jusqu'au cou, ce qui n'est pas faux. Dans la capitale, le débat est moins virulent et pour cause : Arsenal est le seul club de Premier League à ne pas être détenu par un unique richissime homme d'affaires. Un statut qu'il semble vouloir protéger en insistant les supporters à entrer dans son capital.
A priori, le procédé est le même que pour toute entreprise, pour devenir actionnaires du club, les fans doivent acheter ses actions. Problème, le prix d'une part d'Arsenal atteint actuellement le prix prohibitif de £10.250. Difficile dans ces conditions pour le Londonien moyen de venir siéger au conseil d'administration.
Le capitalisme "sportif"
L'Arsenal Supporters Trust a donc mis en place un programme original : l'Arsenal Fanshare. Prévu sur une période de cinq ans, il devrait permettre aux supporters de s'arroger une minorité significative au sein du club et donc de peser dans les décisions concernant sa gestion. Concrètement, les fans voulant investir dans le club vont s'engager à verser des mensualités allant de £10 à £1000. Cet argent sera mis en commun pour acheter des parts du club dès que celles-ci seront disponibles. Ceux dont la contribution atteindra 1% de la valeur actuelle d'une action, soit £102,50, se verront octroyer un droit de vote lors de l'assemblée générale annuelle des actionnaires.
Arsenal est actuellement le troisième club de football au monde derrière Manchester United et le Real de Madrid, estimé à £605 millions en avril 2009, par le magazine Forbes. Mais, à la différence des ses deux rivaux, lourdement endettés, voire en déficit chronique, le club londonien affichait un bénéfice net de £72 millions pour l'exercice 2009-2010 et il a réduit sa dette totale de près de 40% en un an, à £203,6 millions. Un peu plus au Nord, Manchester United a de son côté été contraint de se lancer dans des procédures de sauvetage financier risquées pour éviter de mettre la clé sous la porte.
D'ici cinq ans, Arsenal Supporters Trust espère ainsi construire un nouveau mode de gouvernance pour le club, où les fans auront la possibilité d'orienter la gestion en faveur des intérêts du club et non des profits des actionnaires. Rendez-vous donc en 2015 pour voir si le capitalisme "sportif" a remporté le match !
Marion Senant (www.lepetitjournal.com/londres) mardi 26 octobre 2010

























