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ECOSSE – La poussée indépendantiste change la donne

Écrit par Lepetitjournal Londres
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 10 septembre 2014

Le 18 septembre, les électeurs résidant en Ecosse voteront par référendum pour ou contre son indépendance. A priori, le gouvernement ne pensait pas que le "oui" puisse l'emporter mais un nouveau sondage donne pour la première fois l'avantage aux indépendantistes et vient bouleverser les milieux politiques et économiques. 

Une autonomie complète impensable  

C'est depuis 1707, après la signature de l'Acte d'union, que l'Ecosse fait partie des quatre nations constitutives du Royaume Uni. Le sentiment d'identité nationale reste fort et un mouvement indépendantiste a toujours existé. Néanmoins, ce dernier reste faible et les projets de lois sur l'autonomie de l'Ecosse ont tous avorté jusqu'en 1997 quand un référendum donne à l'Ecosse son propre Parlement. 

Le projet d'indépendance avait été introduit en 2009. Il est rediscuté en 2011 et l'accord d'Edimbourg signé le 15 octobre 2012 par le Premier ministre britannique David Cameron et le Premier ministre écossais Alex Salmond confirme la tenue du référendum de 2014. "L'Ecosse devrait-elle être un pays indépendant ?". Appuyé par des sondages, le projet a toujours été considéré comme irréaliste et David Cameron ne pensait pas en signant l'accord que ce dernier puisse aboutir. 

Mais pour la première fois, dimanche 7 septembre, un sondage donne le "oui" majoritaire 

L'institut YouGov a attribué 51% des voix pour l'indépendance. A 11 jours du vote cela vient semer le trouble chez les dirigeants britanniques, d'autant plus que l'institut de sondage en question est réputé pour être en faveur du "no". Le pire scénario qu'aurait pu imaginer le Premier ministre anglais n'est en fait pas à exclure. La sous-estimation des indépendantistes et la récurrente affirmation d'une union indispensable à la sécurité et à l'économie de l'Ecosse n'ont en fait qu'orienté les indécis vers le "yes". La menace est prise au sérieux par les milieux politiques. Edward Leigh, député conservateur, a déclaré que perdre l'une des quatre nations serait une humiliation nationale. 

Du côté écossais, le leader Alex Salmond a réussi à faire valoir son projet en affirmant que le référendum est un vote contre les Tories. Pour persuader les électeurs, il a mis en avant les forces de sa nation et a atténué les craintes concernant, entre autres, la monnaie et la sécurité. Rien n'est joué mais quel que soit le résultat final, la question écossaise ne sera pas enterrée à l'issu du vote.  

Un sondage lourd de conséquences

Le sondage a provoqué une chute non négligeable de la Livre Sterling face au Dollar et à l'Euro. Une baisse de près de 1% de la Bourse de Londres a été enregistrée. Dans le cas où le "yes" l'emporterait, le doute concernant l'utilisation ou non de la livre reste entier. Les banques étant interdépendantes, la totale autonomie de l?Ecosse représenterait un grand risque pour leurs activités. Ces incertitudes financières sèment le trouble dans les milieux économiques.  

Pour tenter de stopper la progression du "oui", David Cameron annonce plus d'autonomie à l'Ecosse. Si le "non" l'emporte, celle-ci verra son Parlement renforcé et les moyens d'une politique fiscale et de dépenses sociales lui seront transférés. Face à l'ampleur de cette crise, le Premier ministre a décidé de ne pas assister mercredi à la session hebdomadaire de questions au gouvernement afin de se rendre sur place. Pour beaucoup, une intervention de la Reine Elisabeth II pourrait faire toute la différence. 

Raphaël Suspène (lepetitjournal.com/londres) mardi 9 septembre 2014

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Publié le 9 septembre 2014, mis à jour le 10 septembre 2014
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