

Depuis le 28 Avril, le Français Blek le Rat est exposé à l'Opera Gallery de Londres. Jean-David Malat, son directeur, nous livre sa vision de l'artiste et du mouvement Street Art
(Crédit: Daniel Barnett Photography)
Lepetitjournal.com - Comment réagit le public à cette exposition de Blek le Rat ?
Jean-David Malat - Nous avons reçu énormément de monde. Cette exposition était très attendue par le public, anglais surtout, car Blek le Rat n'avait plus exposé à Londres depuis 2008. Or, ses fans sont réellement nombreux. Le jour du vernissage, les gens savaient que Blek le Rat serait présent et qu'il profiterait également de ce moment pour dédicacer son livre éponyme, sorti cette année. Presque 300 personnes faisaient la queue sur le trottoir ce jour-là, c'était incroyable !
(Crédit : Daniel Barnett Photography) (Leg: Jean-David Malat)
Blek le Rat, qui a commencé à colorer les rues dans les années 80 et est reconnu comme le père du Street Art, considère cet art comme "le mouvement artistique le plus important depuis le Pop Art". Qu'en pensez-vous ?
C'est indubitablement le mouvement du siècle. Avec Banksy, le Street Art a pris un nouvel essor. Même s'il reconnaît lui-même qu'il a été très influencé à ses débuts par Blek le Rat, aujourd'hui, si le Street Art est aussi reconnu et en vogue, c'est grâce à lui.
Ces artistes s'inspirent de l'actualité et ont tous une manière spéciale de la représenter. Banksy, par exemple, a beaucoup d'humour par rapport à Blek qui est plus sérieux, voire même un peu plus froid. Cette manière de s'exprimer dans la rue touche le public, c'est pourquoi tous les shows organisés sur le Street Art rencontrent un formidable succès.
Les ?uvres exposées sont dites inédites. Pourtant, on a déjà vu par exemple cette représentation d'Andy Warhol bras croisés?
En effet, l'inédit ce ne sont pas les dessins, mais plutôt où Blek le Rat a voulu mettre ses dessins. Il a choisi des toiles et à réaliser un important travail sur le fond et les couleurs. C'est donc cette exposition de vrais tableaux de l'artiste qui est inédite, d'autant plus que chaque toile est unique. Ça a été un tel succès que 80% des ?uvres ont rapidement été vendues.
(Crédit : Daniel Barnett Photography) (Leg: Old Burlington Street)
Pourquoi des toiles et non pas des photos d'?uvres réalisées dans la rue, c'est quand même la base du Street Art, non ?
Les photos, ça avait déjà été fait, mais pour les amateurs, ça n'a pas la même valeur qu'une vraie ?uvre réalisée par les mains de l'artiste. Et puis, le Street Art, c'est aussi une technique. Blek, Banksy et les autres créent eux-mêmes leurs pochoirs. Pour le Andy Warhol par exemple, Blek a pris la tête de Warhol mais a utilisé son propre corps ensuite ! C'est donc la technique que l'artiste met en avant sur ses toiles. Et en parallèle il doit continuer à s'exprimer dans la rue pour rester cohérent avec son art. Mais on peut comprendre que cette forme d'expression a aussi besoin, de temps en temps, de se retrouver de manière tangible, pas seulement à des fins commerciales, mais surtout parce que l'auteur veut aussi laisser une trace.
À quel moment distingue-t-on le Street Art de simples graffitis ?
Ça me fait penser à cette réponse de Boris Johnson quand on lui a demandé s'il aimait l'art dans la rue. Il a dit "J'adore, mais à la bonne place".
Mais en réalité, ce qui distingue les deux, c'est plutôt la base politique des messages. Dans le Street Art, il y a un fond plus intéressant. Ce n'est pas seulement graphique, c'est un travail inspiré de faits actuels. L'impression que ça laisse aux gens est différente. Du coup, aujourd'hui, quand on voit un dessin de Blek le Rat dans Londres, ou de Banksy, personne ne veut l'effacer. On n'y touche pas !
Pour les artistes moins connus, comment ça se passe ?
Il y a une vraie guerre entre les artistes non reconnus. Surtout dans Londres. Quand un artiste va créer un graff du côté d'East London, un autre va tagger par dessus. Et ainsi de suite.

(Crédit: Daniel Barnett Photography)
Comment se dessine l'avenir du Street Art ?
Vu l'engouement des gens, il y a encore de quoi faire. Pour ma part, j'essaie de découvrir de nouveaux talents. Je vais notamment travailler avec l'artiste franco-américain Mr Brainwach qui a été lancé par le documentaire réalisé par Banksy, Exit throught the gift shop ou encore Zezao, un street artist brésilien qui fait des ?uvres dans les favelas, et bien d'autres encore.
Je rencontre aussi pas mal de collectionneurs qui ont envie de faire réaliser une fresque directement sur l'un des murs de leur maison.
Vous avez encore jusqu'au vendredi 18 mai pour profiter de l'exposition de Blek le Rat et de quelques tableaux d'autres artistes, après quoi, il vous faudra chercher leurs dessins, directement dans la rue.
Propos recueillis par Élodie LLanusa (www.lepetitjournal.com/londres) vendredi 11 mai 2012
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