Il y a maintenant deux semaines, plus précisément le 19 novembre 2021, le Portugal a définitivement banni le charbon de sa production d'électricité. La centrale thermoélectrique de Pego, dernière en son genre dans le pays, a utilisé ses dernières réserves de charbon. Cette fermeture doit encourager le développement des énergies renouvelables dans le pays. Le Portugal est déjà très avancé par rapport à ses voisins européens en la matière.
Transition énergétique : du charbon aux énergies renouvelables
C'est une grande avancée pour le Portugal. On estime que la centrale de Pego était à l'origine d'environ 4% des émissions carbone du pays chaque année. L'arrêt de production d'électricité via cette énergie fossile va permettre au Portugal d'accélérer sa transition énergétique. Pour rappel, selon le Plan National Energie et Climat déposé devant la Commission européenne, le Portugal s'est engagé à réduire d'ici 2030 entre 45 et 55% ses émissions carbone par rapport aux émissions de 2005. Le ministre de l'Environnement, João Pedro Matos Fernandes, s'est félicité de cet évènement et a promis un soutien social aux 150 anciens travailleurs de la centrale. Justement, l'objectif est d'utiliser ce même site pour y produire de l'électricité via des sources renouvelables. Pour le moment c'est la combustion de biomasse qui serait en voie d'être mise en place. Solution que l'association « ZERO » dénonce comme étant la « pire » car elle serait la moins efficiente parmi le panel d'énergies renouvelables. Le gouvernement soutient qu'elle permet néanmoins la création de nombreux postes. Quoi qu'il en soit, le Portugal devient le 4ème pays européen à se séparer du charbon et envoie un signal fort après une COP26 au bilan mitigé. La décarbonation de l'environnement ne semble plus être une option et le Portugal se donne les moyens d'y arriver, progressivement.
Le Portugal, modèle en matière production d'énergies renouvelables
Avant d'évoquer les chiffres de la production d'électricité au Portugal, notamment via les énergies renouvelables, il faut rappeler que le pays est dépendant énergétiquement de l'importation d'énergies, fossiles et non renouvelables pour la plupart d'entre elles. On estime qu'environ 70 à 75% des besoins en énergie primaire sont importées. L'énergie primaire est l'énergie avant transformation et précédent l'énergie finale destinée à la consommation auprès du grand public. Cependant, en ce qui concerne la production d'énergies, le Portugal est effectivement l'un des « champions » en la matière. Selon les chiffres de l'APREN (Association portugaise des énergies renouvelables), entre janvier et août 2021, 68% de la production d'électricité dans le pays s'est faite à partir de sources renouvelables, environ 61% sur l'année 2020.
Une grande diversité d'énergies renouvelables
L'autre particularité du pays est qu'il utilise une grande diversité d'énergies renouvelables. Au sein de celles-ci, l'hydroélectricité concerne 32%, l'éolien 25%, la biomasse 7% et le solaire un peu plus de 3%. Cette multiplicité permet de décupler les combinaisons énergétiques et permet au pays d'être à la pointe du développement. Par exemple, trois éoliennes parmi les plus hautes d'Europe ont été installées à 20 kilomètres au large des côtes, dans l'océan. Vers Braga, dans le nord du pays, ont été installés les premiers panneaux solaires flottants en Europe. En septembre dernier, la plus grande centrale photovoltaïque du pays, à Alcoutim, ouvrait ses portes. Le Portugal a ainsi une part d'énergies renouvelables dans sa consommation finale brute d'énergies très élevée. Elle s'élève à presque 33%. C'est bien plus que la France, environ 19%, et que la moyenne européenne, qui avoisine les 20%. Le pays souhaite atteindre les 47% d'ici 2030, selon le PNEC 2030.
Le Portugal présente une géographie particulière
Des kilomètres de côtes, de nombreux fleuves et rivières, un ensoleillement des plus importants d'Europe, voici autant de particularités qui permettent au Portugal d'ouvrir la voie à la transition énergétique. Si, par sa taille réduite et son faible nombre d'habitants, le pays pèse assez peu dans les émissions mondiales de CO2, son engagement dans le développement de solutions alternatives aux énergies fossiles doit être un moteur pour l'ensemble des pays.