La 21ème édition de la Festa do Cinema Francês, malgré les difficultés d´organisation et les restrictions dues à la pandémie Covid-19 aura bien lieu cette année, elle commencera ce jeudi 8 octobre à Lisbonne et se terminera le 4 novembre à Porto. Après Lisbonne elle passera par Almada, Oeiras, Coimbra puis Porto. Le contexte actuel a, cependant, incité les organisateurs à prévoir une diffusion en format digital de la Festa. Ainsi, le cinéma français arrivera cette année auprès d´un public plus large comme l´explique, Christian Tison, Directeur de l'Institut Français du Portugal et Conseiller de coopération et d'action culturelle de l´Ambassade de France au Portugal, lors d´une interview qu´il a accordée au Lepetitjournal.
Lepetitjournal : Que représente la Festa do Cinema Francês pour le Portugal alors même que cette année celle-ci est organisée par une société indépendante et que l´IFP est en quelque sorte un partenaire de l´événement ?
Christian Tison : La Festa do Cinema Francês est plus que jamais le plus grand évènement du Portugal mettant en avant le cinéma français. Il a vocation à présenter au public portugais la grande diversité du cinéma français, notamment via de nombreuses avant-premières de films français récemment achetés par les distributeurs portugais. La Festa est aussi l’occasion de rendre hommage à de grandes figures de l’histoire du cinéma français, cette année Delphine Seyrig.
La Festa est effectivement organisée cette année par une société indépendante qui a fait siens ces principes fondateurs, et c’est donc naturellement que l’IFP appuie de manière volontariste son projet.
Qu´est-ce-qui a changé ? Pourquoi cette transformation ?
La philosophie de la Festa reste la même, c’est la façon de la produire qui change. L’expérience nous a montré qu’une structure de service public n’était pas forcément l’environnement le plus adapté pour produire un important festival de cinéma. Mais le festival, dans son principe, reste une mission de service public : il est au service de tous les professionnels français et portugais qui souhaitent promouvoir le cinéma français au Portugal.
Pourquoi est-ce si important pour l´IFP d'apporter un soutien à la mobilité des artistes et des œuvres culturelles ?
C’est la vocation même de l’IFP de porter la politique culturelle de la France au Portugal et d’accompagner tous les acteurs qui contribuent à cette politique culturelle ! La mobilité des artistes et de leurs œuvres est un moyen puissant pour faire connaître notre culture à l’étranger : les mobilités induisent le contact avec le public, les retombées dans les médias…
Qu'attendez-vous de l'édition 2020 de la Festa ? Espérez-vous un écho plus important grâce à la digitalisation ?
L’édition 2020 a été très difficile à préparer à cause de la pandémie qui a un impact sur le budget de production et sur sa mise en place. Le fait que nous pouvons envisager sa tenue, à 15 jours de son lancement, et déjà une victoire, et je tiens à remercier et féliciter la société Jangada Fréquente, qui en assure la production, pour son obstination et sa constance malgré les conditions adverses.
Le contexte de la Covid nous a incités effectivement à prévoir une déclinaison digitale1 de la Festa. Bien sûr, nous espérons toucher un public qui ne pourra pas se rendre dans les 5 villes concernées par la Festa cette année : Lisbonne, Almada, Oeiras, Coimbra et Porto.
Pensez-vous que la digitalisation de certains événements soit un frein à leur succès ?
Sans vouloir généraliser, il est clair que le passage « online » de certains types d’évènements change profondément leur nature. Le spectacle cinématographique fait partie de ces évènements. Les films de cinéma sont d’abord conçus pour être vus sur un grand écran dans une salle avec un public nombreux.
Mais évidemment, nous n’allons pas nous plaindre que le public qui n’a pas l’habitude d’aller en salles voit des films français sur des écrans plus petits. Surtout si cela lui donne envie d’aller voir d’autres films français dans les salles !
Pour quelles raisons le cinéma français devrait-il s'exporter au Portugal ? Quels sont ses atouts en Europe ?
Pourquoi ne devrait-il pas s’exporter au Portugal ?! Il s’exporte d’ailleurs plutôt bien au Portugal avec environ 80 films français achetés tous les ans par les distributeurs portugais.
Le cinéma français est le cinéma qui s’exporte le plus dans le monde après le cinéma hollywoodien. Sa force est son ambition artistique servie par de grands talents, aux sensibilités variées, accompagnés en France par un environnent institutionnel et financier propice à la production de leurs œuvres.
Le cinéma français et le cinéma portugais ont-ils tous deux quelque chose à s'apporter ?
Ils s’apportent déjà beaucoup de choses. De nombreux films des grands cinéastes portugais sont coproduits par la France depuis de nombreuses années et il y a de plus en plus de co-productions franco-portugaises grâce à un fonds de soutien à la coproduction mis en place par les autorités des deux pays il y a sept ans. Ce fonds a déjà permis à 51 films franco-portugais de voir le jour.
Quelles sont les nouveautés pour 2020 au-delà de la digitalisation ?
En cette année où les professionnels du cinéma souffrent de la pandémie, la Festa va présenter des films français victimes de la fermeture des cinémas portugais en mars dernier, c’est la section Seconde chance. Nous inaugurons aussi une section Première chance dans laquelle des films français récents seront proposés avec l’espoir qu’ils soient achetés par des distributeurs portugais afin que ces films puissent ensuite prendre le chemin des salles.
Cette édition de la Festa sera aussi l’occasion de lancer Cinelíngua francesa, un dispositif développé par l’IFP, sur le modèle français de Cinelangues, qui permet, notamment aux enfants scolarisés, d’apprendre le français par le biais du cinéma.
1 – La Festa do cinema francês se prolongera en ligne sur la plateforme Filmin.pt
En savoir plus : www.festadocinemafrances.com
Propos recueillis par Maria Sobral