La programmation de MaisFrança qui se déroule de mai à novembre 2023 s´inscrit dans la continuité de la Saison France-Portugal 2022 avec l´objectif « d'ancrer ce moment français dans la durée » et « de donner envie de France » comme l´explique Dominique Depriester, conseiller culturel auprès de l´Ambassade de France et Directeur de l´Institut Français du Portugal, au cours d'une interview qu´il a accordé au Lepetitjournal. Il y évoque le rôle de l´IFP, la promotion de la langue française et les priorités de coopération entre la France et le Portugal.
Lepetitjournal : Quel bilan faites-vous depuis votre arrivée il y a 2 ans, de l'activité menée avec la Saison France-Portugal et maintenant MaisFrança ?
Dominique Depriester : Cela fait déjà deux années que j´ai pris des fonctions ici, deux années qui sont passées très vite ! 2022 a été marquée par la saison croisée France-Portugal, même si évidemment, elle a été préparée les années précédentes. Je crois qu´il y a unanimité pour dire que cette saison a été un succès des deux côtés, aussi bien pour valoriser l'image et la création française au Portugal que la portugaise en France.
Il faut rappeler que la Saison France-Portugal a été très intense, ce sont plus de quatre cents événements qui ont été organisés. On estime environ à 1,2 million le nombre de participants ou de spectateurs. Et surtout, elle s´est déroulée vraiment sur les deux territoires, et pas seulement à Paris et à Lisbonne.
C'était l'occasion de nouer un grand nombre de partenariats entre institutions, par exemple entre institutions scientifiques puisqu´on a organisé à Lisbonne un grand congrès sur les océans avec le Muséum d'histoire naturelle et l'université de Lisbonne. La Saison a ainsi permis de nouer de nouveaux partenariats et aussi d´intensifier la relation dans tous les champs de la coopération. Parce qu'un Institut français à l'étranger a, certes, une activité culturelle, artistique, mais son action est bien plus vaste, ses champs d´action vont de la coopération éducative, à la coopération linguistique, coopération universitaire, à la recherche et au débat d'idées.
Notre vocation, notre mission, c'est de faire en sorte que le public portugais ait envie de France au cours de sa vie : qu´il ait envie de travailler avec des structures et avec des Français, d'apprendre la langue française, de passer un moment de ses études en France, de faire du tourisme en France, d'aller voir les spectacles français, de lire de la littérature française, donc c'est de donner le goût de France.
On a constaté avec la Saison que finalement, ce désir de France dans le public portugais, il existe, il est historique et qu'on doit pouvoir parler aussi aux plus jeunes. La Saison a été un événement assez extraordinaire et notre travail, c'est maintenant, d'ancrer ce moment dans la durée. D'où MaisFrança qui, sur le volet artistique et du débat d'idées, renouvelle vraiment un grand nombre de collaborations et nous permet d'être présent dans beaucoup d'endroits, ce qui est pour nous prioritaire, c'est de gagner de nouveaux publics.
Et la programmation de MaisFrança programme de jeunes artistes français dans des espaces un peu atypiques, dans des galeries, dans des structures, par exemple, qui sont installées dans des quartiers qui ne sont pas au centre ville. Pour nous, c'est important de diversifier, de toucher de nouveaux publics.
Pourquoi avez-vous, particulièrement voulu donner continuité à la Saison croisée avec Mais França ?
Il y a eu un moment français au Portugal avec la Saison croisée, c´est clair ! Il y a encore un moment français qui se traduit autant par la dynamique de la communauté française sur l'aspect économique que par une dynamique culturelle. Par conséquent il faut qu'on réussisse à faire durer ce moment français le plus longtemps possible.
MaisFrança a pour objectif d'afficher une marque et de mettre en avant un label qui montre la cohérence finalement, de la marque France au Portugal. Les coopérations existaient bien sûr auparavant, l´Institut français, a appuyé aussi, dans le passé, la venue d'artistes français, mais là, nous avons voulu passer à la vitesse supérieure et surtout montrer une unité à travers un label, jamais sous une forme agressive, parce que l´objectif est toujours d´augmenter les coopérations entre la France et le Portugal. Il ne faut pas voir ce label comme un petit drapeau français qu'on plante partout au Portugal, à chaque fois qu'un événement MaisFrança se produit, ce qu´il signifie c'est qu'il y a eu un travail entre une structure portugaise et française. Le sens de la diplomatie d'influence, c'est créer des ponts, faire travailler ensemble des institutions étrangères et françaises. Et c'est pour cela qu'on a voulu communiquer avec un logo de MaisFrança plutôt rigolo, pour donner une image plutôt « bonhomme » et sympathique. Mais aussi un logo qui donne une image jeune parce que le but c'est également d'aller à la rencontre de la jeunesse portugaise.
La co-construction, c'est un mot qu'on utilise beaucoup en fait, qui est notre fer de lance c'est-à-dire que ce n'est pas imposer. C'est au contraire co-construire avec des opérateurs portugais prescripteurs au Portugal sur des événements très importants et travailler avec eux sur comment on peut diffuser la culture française des artistes de la création contemporaine. C'est le fil conducteur de la programmation.
On a établi aussi des partenariats pour avoir de la visibilité dans l'espace public tout au long de la saison et notre objectif c´est que cette marque, que l´on lance cette année, soit pérenne dans le temps, qu'elle soit reconnue, qu'elle soit identifiée et qu'elle puisse vivre par elle-même par la suite.
De plus il y a un aspect important, c'est l'action sur le territoire. La programmation de MaisFrança prévoit des événements à Porto et Lisbonne, mais aussi à Braga, en particulier sur le numérique et une séquence de débats d'idées dans l´Alentejo, à Mação également. On essaie d'être présent le plus possible sur les territoires et notamment sur les villes plutôt moyennes du Portugal. Évidemment, pour cela on s'appuie sur les alliances françaises, qui sont les relais de la présence française.
Comment avez-vous fait le choix des villes où se dérouleront des événements de la programmation MaisFrança ?
Le choix, c'est vraiment la qualité et le côté prescripteur du partenaire. On peut être à Mação et avoir vraiment une idée, une philosophie de la création artistique contemporaine, du travail avec le territoire. Pour que nos messages soient diffusés, on a toujours valorisé les acteurs, les partenaires portugais implantés sur un territoire qui travaillent localement et avec qui on partage un certain nombre de valeurs, liées évidemment au développement durable, à la priorité à l'égalité de genre.
Comment financez-vous toutes ces actions ? Et combien coûte cette action Mais França ?
Sur le modèle économique, l'activité de l'institut français doit l'essentiel à une subvention du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères puisque les activités de cours sont faites par l'Alliance française. Ce que l'on fait, c'est qu'on répond à un grand nombre d'appels à projets lancés par Paris et les ministères. Puis un aspect important c´est que l´on a des mécènes, donc des fondations, des entreprises françaises et portugaises qui ont acceptés de nous accompagner en nous soutenant. C'est une situation qu'on intègre pleinement et sans aucun complexe. On travaille avec le monde économique avec qui on partage beaucoup de valeurs pour la promotion et la diffusion de cette création française. Ce sont ainsi nos sources de financement. Le coût de l'opération, lui est encore en finalisation.
Quel sera le prochain défi de l'institut et le vôtre aussi pour les deux prochaines années ?
L'année prochaine nous allons, par exemple, intensifier nos relations dans le domaine des sciences, de la recherche, de l'innovation. Les deux Premiers-ministres et un certain nombre de membres des deux gouvernements se sont rencontrés le mercredi 28 juin et la déclaration qui en est sortie veut faire des prochaines années, des années de renforcement des relations scientifiques entre les deux pays. Cette déclaration définit les secteurs prioritaires de coopération et les deux Premiers-ministres ont évoqué, par exemple, les océans qui pour nous sont un sujet, extrêmement important de recherche scientifique en commun.
Les relations entre États sur les sujets culturels, scientifiques, éducatifs se traduisent par la signature de traités bilatéraux entre les États et il y a vraiment une volonté franco-portugaise de mettre à jour le traité qui dit quelles sont les priorités, les actions de coopération à mener ensemble pour atteindre nos objectifs d'interconnexion les plus grands possibles entre les deux pays. Le point important qui a été défini lors de la rencontre des deux Premiers ministres c´est qu´on travaillera à renouveler l'accord culturel. Cet accord culturel donne plutôt des éléments cadres, on veut favoriser les échanges, les mobilités et MaisFrança est une expression des priorités.
Mais le vrai défi pour les prochaines années c'est que le mouvement français se poursuive le plus longtemps possible, c'est donner envie de France. Très clairement dans la feuille de route issue de la rencontre de haut niveau, c'est vraiment pour l'année prochaine. Donc en plus de cet axe sur la coopération artistique, c'est multiplier les coopérations et les collaborations dans le domaine scientifique de la recherche de l'innovation, c'est à dire aussi le transfert des produits de la recherche vers le monde économique. C´est là, la grande priorité pour l'année prochaine et évidemment, les aspects linguistiques pour nous aussi sont très importants.
Pouvez-vous nous parler de la priorité linguistique concernant l´enseignement du portugais et du français, dans les deux pays ?
En effet, la déclaration a également abordé la question de l´enseignement. Français et portugais sont deux langues du monde. On a donc des atouts à valoriser des deux côtés.
Nous avons organisé à Lisbonne à la fin de l'année passée, un grand séminaire sur les politiques linguistiques entre la France et le Portugal. Et l´on peut souligner, ici, un des rôles de l´Institut français qui est de faire se rencontrer également les institutions, en charge de nos domaines, françaises et portugaises et par conséquent de la promotion et la diffusion de la langue portugaise en France et de la langue française au Portugal qui est un objectif commun des deux pays réaffirmé dans cette déclaration.
Au Portugal la promotion et la diffusion de la langue française passe également par un réseau d'Alliances qui est mobilisé et qui utilise tous les outils pour toucher le plus de public portugais possible.
Dans le cadre de la diffusion de la culture française pouvez-vous présenter le projet Micro-Folies de La Vilette ?
Micro-Folie c'est un projet qui est développé par l'établissement public La Villette, c'est un dispositif mobile de projection, d'interaction et d'animation avec un vidéoprojecteur, des tablettes, des casques de réalité virtuelle pour pouvoir animer des groupes, faire des présentations, etc. Grâce à la Micro-folie, ce sont un très grand nombre d'oeuvres d'art du patrimoine culturel français et de lieux historiques qui sont stockées. Ce système a été conçu au départ pour apporter la culture dans les territoires français qui n'ont pas un accès direct aux musées.
Notre ambition, à l´IFP, avec un outil comme celui-là, c'est tout d'abord de voir avec des partenaires portugais pour que les musées portugais intègrent leur collection dans la collection Europe des Micro-folies pour qu´en France, on puisse profiter des contenus incroyables des musées portugais. Puis ensuite notre objectif est également de pouvoir animer des groupes autour de sujets culturels surtout qu´il pourra se déplacer dans tout le pays. Celui-ci va ainsi pouvoir attirer un public jeune, scolaire par exemple. Nous pourrons aussi organiser des animations ici à la médiathèque, pour accueillir du public autour de cela. Ce qui est très intéressant c'est que chaque secteur de l'institut, que ce soit pour les écoles, pour les universités, peut s'en emparer pour développer des activités.
C'est, par conséquent, un très bel outil que l'on va conserver un certain nombre d'années et en tirer pleinement parti pour en faire un instrument de coopération. Il s´inscrit également dans notre logique d'être présent sur le territoire.
L´Institut a une programmation à la médiathèque qui est forte mais comme vous le voyez notre activité, c'est aussi une action hors les murs. On identifie peut-être mieux un lieu comme l'ancienne formule de l`Institut où il y a une salle de spectacle, avec une programmation, cependant notre travail au quotidien, c'est de faire en sorte que chez les opérateurs culturels, dans les laboratoires, dans les facs et bien partout, finalement, on réussisse à mettre un peu de France par conséquent l´Institut fait vraiment une action structurante et de fond.
L´année dernière vous avez mis en place la caravane Campus France, pouvez-vous présenter cette action ?
C´est une action importante que l´on va maintenir, l'idée, c'est de faire mieux connaître la destination France aux jeunes étudiants portugais, c´est une destination qui est parmi celles qui sont le plus choisi, mais je pense qu'on peut faire davantage.
La caravane Campus France est constituée par une équipe qui se déplace dans les universités et aussi dans les lycées portugais pour montrer à la fois la diversité des formations offertes en France, la qualité des formations qui sont faites et donner envie finalement, si ce n'est pas de faire toutes ses études en France mais de faire un séjour de quelques mois par le biais des dispositifs d´échange Erasmus.
Cet axe de valorisation, de promotion des études en France, pour nous, c'est également un axe très important de notre action. Il y a eu l´année dernière quarante présentations dans tout le pays et dans toutes les régions, du nord au sud mais c'est finalement tout un travail, qui n'est pas forcément visible. C'est un projet structurant à moyen terme, ce type d´action consiste à planter des graines chez les jeunes pour qu´ils s´intéressent à l´apprentissage de la langue française à la France, leur présentant les avantages des études en France, démystifiant et éliminant les préjugés de la vie en France, les informant de la possibilité de bourses linguistiques.
Du coté des universités et des écoles françaises elles se déplacent de plus en plus vers le Portugal et elles sont en demande puisque les étudiants portugais ont, à juste titre, une très bonne image et un très bon niveau académique.
Quel est votre regard sur la culture au Portugal et plus particulièrement la créativité contemporaine ?
Personnellement je suis assez bluffé, je trouve que la programmation est extrêmement riche et intéressante au Portugal, que le Portugal devient une scène internationale qui attire un large public. Dans certains domaines, pour le spectacle et la danse, les réussites de de Tiago Rodrigues à Avignon, Tiago Guedes à Lyon sont quand même des exemples de la vivacité et de la reconnaissance internationale de la scène portugaise.
On voit aussi au niveau des galeries et d'une foire comme Arco qui se développe et qui attire aussi de plus en plus de galeries étrangères qui montrent qu'en fait il y a vraiment une internationalisation du Portugal et de Lisbonne et Porto comme scène, c'est tout à fait clair.
Comment voyez-vous cette dynamique dans le futur plus particulièrement en ce qui concerne les échanges avec la France ?
L'analyse qu'on en fait, c'est qu´elle durera dans le temps, il n´y a pas de raison que ce soit autrement. La légitimité du Portugal existe et continuera à drainer, à mon sens, aussi bien des prescripteurs que des artistes, il y a un grand nombre de talents français qui s'installent au Portugal, parce que je pense que les conditions sont réunies pour pouvoir travailler dans de bonnes conditions.
Ce qui est intéressant, c'est qu´il y a à la fois une scène artistique portugaise qui émerge et se structure, et aussi finalement des acteurs internationaux reconnus qui viennent s'établir.
Comment vos partenaires portugais pour la saison MaisFrança voient cet événement ? Est-ce qu´ils ont adhéré facilement ?
Après, la Saison croisée, on a convié un grand nombre de partenaires portugais avec l´objectif de co-construire et je retiens de ces échanges qu´ils sont vraiment très preneurs. Nos partenaires portugais veulent nous considérer absolument comme un opérateur culturel de la scène portugaise. Ils ne nous voient pas comme un centre culturel étranger qui vient faire de la promotion, mais ils nous voient vraiment comme un élément actif, un partenaire d'un écosystème artistique et culturel. Nous avons ainsi pour MaisFrança des partenaires tels que : Culturgest, La Fondation Serralves, La fondation Gulbenkian et autres... Donc nous avons une légitimité auprès des grands et en plus une diffusion vers des opérateurs, vers des galeries qui sont en train de se structurer et qui sont contentes. L'idée, c'est que ce soit plutôt une greffe qu'une position de surplomb pour proposer de manière un peu artificielle une programmation.
La Festa do cinema francês qui était déjà un événement clef de l´IFP sera un des moments fort de MaisFrança, est-ce un tournant pour la Festa ?
On est plutôt dans la continuité, même si la Festa est externalisée dans la co-construction, l'échange, c´est un événement de l´Institut qui reste un moment phare très attendu. Et là, pour le coup nous avons des partenaires portugais mais aussi la communauté française. L´an passé nous avons eu une fréquentation qui n'a jamais été aussi haute, Il y a eu 22.000 spectateurs dans tout le pays, par conséquent c´est un événement très important pour nous.
On a annoncé avec la programmation de MaisFrança un moment spécifique autour de la production de la marraine de MaisFrança, Christèle Alves et j'espère pouvoir annoncer la programmation de la Festa très vite. Il y aura toujours l'idée de valoriser des films qui sont déjà sortis, de proposer une deuxième chance et également une rétrospective à Cinémathèque qui cette année sera plutôt la rétrospective du travail d'un grand documentariste, Nicolas Philibert.
Concernant le cinéma, il y aura aussi des participations françaises, qui existaient déjà, dans des festivals plus thématiques comme par exemple DocLisboa ou Porto Post Doc sur le documentaire. Dans l'état d'esprit dans lequel on travaille aujourd'hui il y a des évènements pour le public qui sont phares et également un travail pour structurer entre professionnels avec des moments de travail.
Quant aux aspects liés à l'enseignement de la langue française, y-a-t´il de nouvelles écoles qui vont ouvrir à Lisbonne ?
Il existe un plan du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères pour augmenter de manière très sensible le nombre d'élèves scolarisés dans l'enseignement français à l'étranger. Au Portugal on a aujourd'hui trois établissements qui sont homologués par le ministère de l'Éducation nationale, deux à Lisbonne et un à Porto. Du fait de l'augmentation de la communauté française, de la tension à l'inscription sur certains niveaux dans les établissements existants. Du fait également d´une forte demande des publics internationaux pour un enseignement international. L'enseignement français qui propose un enseignement renforcé des langues étrangères nous semble avoir de l'avenir pour un public international qui souhaiterait avoir un enseignement français où évidemment on enseigne la langue portugaise, la langue anglaise à très bon niveau et la langue française également. Nous sommes par conséquent optimiste quant à l´avenir, ce qui fait que nous sommes attentifs. Nous sommes dans une phase de démarche sur un certain nombre d'endroits qui nous ont été signalés par nos interlocuteurs comme des zones de croissance potentielle.
Il existe déjà l´école maternelle du Restelo qui deviendra, une école qu'on dit partenaire, c'est à dire qui applique strictement les programmes de l'éducation nationale, l'organisation du système éducatif français mais qui du point de vue budgétaire est autonome. C'est plutôt ce modèle là en effet aujourd'hui qui est dans nos projets.
Y-a-t-il toujours autant de citoyens français qui arrivent et souhaitent rester au Portugal en scolarisant leurs enfants ?
Je ne suis pas compétent pour parler de l'évolution de la communauté française. Il est clair pour assister au conseil d'établissement d'enseignement français, qu'il y a une pression forte à l'inscription encore aujourd'hui sur certains niveaux. Je précise, sur certains niveaux, car la pression n'est pas homogène à tous les niveaux de scolarisation.
Les lycées français au Portugal continuent avec d'excellents résultats. Au baccalauréat cette année il y a eu cent pour cent d'admis à au lycée international de Porto ainsi qu´à Lisbonne, il y a eu aussi un taux de mention très important. Plus de quatre-vingt-dix pour cent à Porto et quatre-vingt-quinze pour cent à Lisbonne, dont plus de la moitié des élèves ont reçu une mention très bien. C'est révélateur de la qualité de l'accompagnement de ces élèves dès la petite section jusqu'à la classe de terminale, parce que c'est un travail tout au long de la scolarité. Il ne faut pas oublier qu'on accueille un grand nombre de familles qui ne sont pas francophones et que la maîtrise du français est vraiment liée à l'école. Vous savez à quel point on tient absolument à ce que les Portugais, les nationalités tierces trouvent toute leur place dans nos dans nos établissements. Et la part d'élèves portugais reste tout à fait importante, en particulier à Charles Lepierre, c'est une priorité pour nous. Je crois que la moitié des élèves de terminale ont fait leur école maternelle à l'école Charles Lepierre et parfois ce sont la deuxième, voire la troisième génération de portugais.
Pour terminer, avec une touche de jeunesse, pouvez-vous nous présenter les nouvelles activités de la médiathèque destinées aux plus petits ?
A la médiathèque s´est constitué un espace jeunesse avec la littérature jeunesse. La médiathécaire, Joana Valente, développe un grand nombre d'activités, en particulier le samedi matin, pour ce public entre les sept, dix, douze ans. Cela va de l'heure du conte, des ateliers philosophiques pour les enfants, aux ateliers de dessin avec des illustrateurs qui viennent présenter leurs livres et font des ateliers de dessin. C´est tout une gamme de nouvelles activités qu'on développe et il se crée, le samedi matin à la médiathèque une ambiance très singulière et sympathique. C'est une nouveauté pour la médiathèque qui trouve ainsi un nouveau public, cela répond à notre objectif d´aller aussi vers les plus jeunes, encore une fois il s´agit de planter des graines.
Comment voyez-vous le futur de la langue française au Portugal ?
On peut dire en ce qui concerne la langue française qu´il y a une augmentation de la demande de la part de nouveaux publics dans les Alliances comme les jeunes professionnels, les étudiants, français langue d'opportunité professionnelle. Également dans le système scolaire, finalement, le nombre d'élèves portugais scolarisés qui suivent comme langue vivante étrangère le français est en augmentation ce qui est extrêmement intéressant pour nous et important. Pour cette raison je suis plutôt optimiste par rapport à la langue française.
Il faut tenir compte qu´on partait d'une situation qui était très atypique au Portugal. Il n'y a pas d'autres pays au monde, sauf des pays où la langue française est la langue parlée. On avait une situation où le français dominait. Donc, évidemment, on a assisté à une diminution, on reste quand même dans le système éducatif portugais où l'anglais est devenu la première langue étrangère. Il faut tous, qu'on sache nager, faire de la bicyclette et parler anglais. Par contre, le nombre d'apprenants français est supérieur au nombre d'apprenants d'espagnol, il est très largement supérieur aux apprenants, d'allemand, d'italien, et autres.
Le français est toujours la première langue vivante étrangère enseignée après l'anglais, ce qui nous rend plutôt optimiste. Il faut qu'on réussisse à maintenir cette position, que le français soit dans le paysage, par conséquent MaisFrança va contribuer à cela et sa programmation vient apporter une certaine cohérence avec de nombreux défis. Par exemple il y aura des moments très importants, comme la Nuit des Idées, en septembre, qui aura un format différent des précédentes éditions, maintenant ce sont trois dates, trois villes, trois thématiques au lieu d´une. Ensuite il y aura un autre moment très important pour nous, autour du numérique avec un nouveau partenariat avec Braga Media Arts et le festival Semibrève.
Par ailleurs les équipes travaillent déjà à la programmation de 2024. Cette année on a fait la programmation juste après la fin de la saison, pour l´année prochaine on veut prendre le temps de l´organiser avec le défi aussi de maintenir ce niveau d'exigence.