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Sainte Rose de Lima, un symbole de passion, mais aussi de récupération historique

Sainte Rose de Lima, un symbole de passion, mais aussi de récupération historiqueSainte Rose de Lima, un symbole de passion, mais aussi de récupération historique
© Pablo Solórzano
Écrit par Le Petit Journal LIMA
Publié le 30 août 2021, mis à jour le 16 avril 2024

Le 30 août est le jour où les Péruviens célèbrent la première personne canonisée dans le Nouveau Monde. « Santa Rosa de Lima » est la Sainte hispano-américaine sur laquelle on a le plus écrit.

« Santa Rosa de Lima », de son vrai nom Isabel Flores, est née en 1586. Elle passe une partie de sa vie d'adulte au début du XVIIe siècle, une époque où Lima vivait une période de passion religieuse intense.

 

Sainte Rose de Lima, un symbole de passion, mais aussi de récupération historique
© Pablo Solórzano

 

La maison dans laquelle Rose de Lima est née était située là où se trouvent aujourd'hui l'église et le sanctuaire de « Santa Rosa de Lima », au début de l'avenue Tacna dans le centre historique de Lima. Actuellement, ce site sacré est fermé en raison de la pandémie de Covid-19, mais des travaux de restauration sont en cours et sa réouverture est proche. Dans ce grand sanctuaire, se trouve un puits où Rose a jeté les clés du cadenas d'une chaîne qu’elle avait placée autour de sa taille pour perpétuer sa pénitence pour les pécheurs. Avant la fermeture du site, des milliers de personnes venaient y lancer une lettre avec des demandes de vœux pour la Sainte.

 

Sainte Rose de Lima, un symbole de passion, mais aussi de récupération historique
© Pablo Solórzano

 

Très jeune, Rose a décidé de suivre l'exemple de la vie de Saintes comme Catherine de Sienne (1347-80). À l'âge de 20 ans, elle entre dans l'ordre de Saint-Domingue en tant que tertiaire. Il faut se rappeler que les tertiaires ne sont pas religieuses et ne vivent pas dans des couvents, mais elles doivent tout de même porter un habit de sœur et se soumettre aux règles des ordres religieux. C'est la raison pour laquelle la Sainte de Lima s’est rendue à plusieurs reprises à l'église de « Santo Domingo de Lima ». Ses restes y ont d’ailleurs été enterrés.

 

Sainte Rose de Lima, un symbole de passion, mais aussi de récupération historique
© Pablo Solórzano

 

Sainte Rose de Lima, une image récupérée par les acteurs de l’histoire péruvienne

L'une des choses les moins connues de l'histoire de Rose de Lima est l'usage que différents groupes sociaux ont fait de son image tout au long de l'histoire du Pérou. À l'époque coloniale, l'élite espagnole considérait Rose comme la créole qui avait changé le destin du Pérou et l'avait sauvé des forces du mal représentées par les idolâtries indigènes. Mais en même temps circulaient des prophéties apocryphes attribuées à la Sainte qui aurait assuré la fin du règne des rois espagnols au Pérou et le retour du pouvoir aux mains des souverains incas : en 1750, il y eut une grande révolution des indigènes à Huarochirí, l’année même pour laquelle Rose aurait prédit le retour des Incas. Certains des dirigeants de cette conspiration ont finalement été pendus sur la « Plaza Mayor » à Lima.

Durant les guerres d'indépendance, Rose a été utilisée par les Espagnols comme une image protectrice de Lima contre les forces de l'indépendance, tandis que les rebelles la proclamaient « Patronne de l'Indépendance de l'Amérique ». Même l'une des frégates de l'expédition de libération commandée par le général San Martín s'appelait Santa Rosa.

À l'époque de la guerre du Pacifique, dans sa cabine sur le navire Huáscar, l'amiral Miguel Grau avait l'image de Rose, qui aurait été couverte de sang et touchée par cinq impacts de balles lors du combat de Angamos. La légende raconte aussi que l'amiral français Abel Bergasse du Petit Thouars aurait entendu une voix intérieure lui ordonnant : « À Lima, à Lima » où il s’est rendu pour éviter le saccage de la Cité des Rois par les troupes chiliennes.

 

Sainte Rose de Lima, un symbole de passion, mais aussi de récupération historique
© Pablo Solórzano

 

Rose de Lima fut canonisée par le pape Clément X, le  1671

Les trois dernières années de vie ont été très difficile pour Rose de Lima car elle se sentait transpercée de la tête aux pieds par des lances de feu et de glace. À l’âge de 31 ans, Rose de Lima meurt finalement le 24 août 1617. Le jour des funérailles, d’importantes foules remplirent les places, les rues et les balcons. Cela ressemblait plus à une grande procession qu'à un enterrement. Le peintre italien Angelino Medoro dira que même à Rome, il n'avait rien vu de tel. Malgré les mesures de protection, de nombreuses personnes ont arraché des morceaux de tissu à son habit, au point qu'il aura fallu la rhabiller jusqu'à 6 fois. Sous prétexte de lui baiser les pieds, un dévot lui aurait même arraché un orteil. Les fragments des habits et du voile de Rose, les feuilles de palmier de son tumulus, les morceaux de sa tombe et de son ermitage furent ensuite distribués dans tout le Pérou et commencèrent miraculeusement à guérir les maladies. Telle fut la passion que suscitait la Sainte.

 

Sainte Rose de Lima, un symbole de passion, mais aussi de récupération historique
© Pablo Solórzano

 

Rédaction : Pablo Solórzano – Guide touristique

 

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