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À travers l’art, le Projet Ninia Ceramica suscite de l’espoir en prison

À travers l’art, le Projet Ninia Ceramica suscite de l’espoir en prisonÀ travers l’art, le Projet Ninia Ceramica suscite de l’espoir en prison
©NINIA
Écrit par Lorena BERTIN
Publié le 27 août 2021, mis à jour le 31 août 2021

Déborah Hellequin a créé un projet humanitaire et artistique dans la prison de Castro Castro près de Lima au Pérou. Par la céramique, c’est une forme d’art-thérapie qu’elle offre aux détenus.

Spécialiste de l'analyse des crises et de la gestion humanitaire pour une ONG française, son idée d’entreprendre un projet social mais rentable émerge en octobre 2017. Tout commence lorsque Déborah Hellequin est invitée à une foire gastronomique à la prison de San Juan de Lurigancho, une des plus grandes prisons d'Amérique latine. Elle est très vite impressionnée par le nombre de stands d’artisanat et cela lui donne l’impression d’être dans un petit village. “Après avoir effectué des missions au sein de formations de textile et d’informatique, je me rends compte que les ateliers de céramique ne sont pas de bonne qualité et que le marché des tasses pour cafés de spécialités est ouvert”. Les détenus de la prison Castro Castro, enthousiastes face à cette idée, décident de travailler l’argile pour produire de la vaisselle artisanale unique.

 

À travers l’art, le Projet Ninia Ceramica suscite de l’espoir en prison
©NINIA

 

Les détenus reçoivent une commission sur chaque vente

C’est sous forme d’entreprise sociale que Ninia Project voit le jour. “L’objectif premier était de pérenniser le concept”. La majorité des projets sociaux subventionnés durent seulement le temps des financements et le but de Déborah était de le rendre durable. Sa seconde intention était de rémunérer les détenus. En effet, “les détenus ont besoin d’argent pour financer leur condamnation mais également pour subvenir aux besoins de leurs familles”. Ces bénéfices internes à la prison dignifient leur situation et leur offrent une perspective de sortie.

 

À travers l’art, le Projet Ninia Ceramica suscite de l’espoir en prison
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Des ateliers de céramique utiles à leur réinsertion

En plus d’être une forme de libération, cet espace est dédié à une production de qualité. Avant même de concevoir des tasses à café, son contenu mérite d’être connu. Pour cette raison, “j’ai organisé au sein même de la prison un grand événement avec un barista pour qu’ils puissent découvrir le monde du café”. Le processus de fabrication d’une tasse est de 2 à 3 semaines car sa réalisation à haute température nécessite deux passages au four. Ce travail exige donc d’être patient, motivé et d’avoir le sens du détail. Et ce sont sur ces points que Déborah met l’accent. “Ninia Project est avant tout une démarche d’entreprenariat pour les détenus. Ils se sont appropriés le projet et sont à présent autonomes”. Passionnés et dévoués, ils ont commencé par la production de tasses et ont élargi leur gamme de produits à tout l’art de la table et aux bijoux. Un simple avant-goût de ce qu’ils sont capables de faire à leur sortie.

Vous ne découvrez votre talent que lorsque vous touchez le fond ou  lorsque vous ressentez l'absolue nécessité de repartir de zéro.

Témoignage de Luis Eduardo, prisonnier de 29 ans

 

L’accord “prison productive” valorise le travail des détenus

En mars 2018, Ninia Project Ceramica signe l’accord “prison productive”. Cette collaboration avec le ministère de la justice et les autorités pénitentiaires est un échange de bons procédés entre les prisons et les entrepreneurs. Mais à la différence de certaines entreprises qui voient les détenus comme de la main-d'œuvre en installant uniquement des ateliers de production, Déborah a créé le projet au sein même de la prison autour d’une “vraie relation de partenariat commerciale avec les détenus. Un modèle de gestion externe et interne mais partagé”. Aujourd’hui, plus de 110 accords signés à travers le pays offrent l’apprentissage d’un nouveau métier.

 

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Comment se procurer ces créations ?

“Les détenus voient le cheminement complet de leur travail. Je leur montre les photos des pièces distribuées dans les cafés et sur les réseaux sociaux”. Pour les intéressés, le plus simple est de commander ces pièces uniques sur le site internet de Ninia Project car la pandémie a causé la fermeture de nombreuses boutiques. Toutefois, il reste un point de vente physique à la Feria Union de Barranco à Lima, qui travaille avec une grande transparence sociale sur des projets d’équité.

Après les avoir accompagnés tous les jours pendant près de 4 ans, Déborah voyage actuellement entre la France et le Pérou tout en continuant de développer le projet. La prochaine étape est un partenariat avec un producteur de café, pour obtenir le processus complet du café à la tasse.

 

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