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À Cuzco, l'association Qosqo Maki accompagne les jeunes en situation de rue

À Cuzco, l'association Qosqo Maki accompagne les jeunes en situation de rueÀ Cuzco, l'association Qosqo Maki accompagne les jeunes en situation de rue
©Lorena Bertin
Écrit par Lorena BERTIN
Publié le 20 août 2021

L'État péruvien ne reconnaît pas les enfants travailleurs comme personnes vulnérables. Pour lutter contre le travail forcé, les éducateurs leur apportent une aide administrative, juridique et sociale.

Le travail des enfants est interdit, pourtant il existe. Il est nécessaire de ne pas le diaboliser mais au contraire de reconnaître son existence afin de mieux l'encadrer. En 1987, la française Isabel Baufumé fait la rencontre d'adolescents en train de fabriquer des puzzles en bois. Elle décide de les aider en leur proposant un espace de production et du matériel nécessaire. Trois ans plus tard, c'est avec cette philosophie qu'elle co-fonde l'association Qosqo Maki, très vite surnommée "La Chocita", le petit refuge en Quechua.

 

Des ateliers permettant d'améliorer les conditions de travail des enfants

Le dortoir est le premier espace à voir le jour. Il offre à une vingtaine d'adolescents la possibilité de se reposer dans des conditions dignes. Entre 12 et 17 ans, ils ont fait le choix de quitter leur foyer familial et de s'installer à Qosqo Maki. Certains d'entre eux ont quitté leur domicile pour échapper à la violence et à la maltraitance. D'autres, au contraire, sont venus en ville pour envoyer de l'argent et subvenir aux besoins de leurs proches.

Très vite, la boulangerie et la menuiserie sont apparues. Ces ateliers de formation dispersés dans Cuzco, permettent aux jeunes de découvrir et apprendre un métier, mais également de recevoir toutes les valeurs du monde du travail, comme la ponctualité, l'esprit d'équipe et le respect hiérarchique.

 

À Cuzco, l'association Qosqo Maki accompagne les jeunes en situation de rue
©Lorena Bertin

 

En 2006, la bibliothèque fut la suite logique. Elle se situe près du dortoir au sein même des locaux de l'association dans un but de sociabilisation et d'interculturalité. Les tuteurs de ce lieu sont pour la plupart des étrangers en service civique. Ils transmettent leur goût pour la lecture, débattent de sujets sociétaux et informent les enfants de leurs droits.

Enfin, derrière celle-ci se trouve un espace culturel dédié à la pratique des arts. Une nouvelle forme d'expression s'offre à eux pour extérioriser leurs sentiments.

 

À Cuzco, l'association Qosqo Maki accompagne les jeunes en situation de rue
©Lorena Bertin

 

Un accompagnement basé sur 3 piliers fait activement participer les jeunes

Il faut avant tout éviter la stigmatisation de ces enfants. Croire que ce sont des délinquants serait faire fausse route. Parfois déscolarisés, la plupart suivent des cours du soir pour être libres de travailler la journée. Au début de la pandémie, l'association leur a proposé de rester au foyer la journée. Ils ont refusé et ont continué à travailler. Il faut comprendre que la rue est leur principal lieu de vie, certains y sont depuis toujours.

 

À Cuzco, l'association Qosqo Maki accompagne les jeunes en situation de rue
©Lorena Bertin

 

La technique d'accompagnement des 3 piliers a été longue à mettre en place mais repose sur une valeur unique : cet espace est à destination des jeunes et ils en sont les acteurs principaux.

D'abord, une gestion collective sous forme de réunion hebdomadaire. Toutes les actions passent par cette assemblée. Les thèmes principaux tournent autour des ateliers mais tous ont droit à la parole pour soumettre ou défendre une idée. Ensuite, une éducation inter-communautaire qui repose sur l'école de la vie. Les enfants travailleurs sont conscients que leur situation présente des inconvénients mais également des avantages. Dans la rue, ils ont pu développer des capacités, comme le calcul mental. Enfin, une éducation-liberté. Ici, l'adolescent est totalement autonome et indépendant, l'association n'est pas garante de ses faits et gestes. Par conséquent, il est le seul responsable de ses actes et décisions. C'est le rôle de ce dernier pilier.

 

Un financement multiple mais insuffisant pour cet organisme social

Au temps du Maire Panel Estrada, la municipalité collaborait énormément aux projets de Qosqo Maki. À son départ, les subventions pour les organismes sociaux ont toutes été supprimées. Seules l'eau et l'électricité du dortoir sont financées par la Mairie.

La Française Apolline Latreille de Lavarde, volontaire sous le dispositif « Volontariat de Solidarité Internationale », est coordinatrice de l'association Qosqo Maki depuis 2 ans et demi. Ce qui inquiète le plus l’éducatrice, c'est l'absence de considération des autorités. « On apporte une grande aide mais ce n'est pas notre rôle de se substituer à l'État. Il doit prendre ses responsabilités ». L'équipe est composée de 7 employés à plein temps. Les dons de vêtements et de fournitures scolaires fonctionnent bien. « Mais ce dont on a besoin et ce dont les enfants ont besoin, ce sont des éducateurs. Et ça, on n’en a pas les moyens ».

Aujourd'hui, la plupart du financement provient de la Coopération Internationale. De son côté, le Ministère de la Culture apporte une aide aux projets ponctuels.

Les jeunes participent également à la cagnotte collective à hauteur de 1 Sol par nuit (environ 20 centimes d'euros). Celle-ci permet de répondre aux besoins médicaux et d'organiser un camp de vacances qui a lieu chaque hiver.

Mais l'association mise sur son nouvel atelier : le tourisme solidaire. Il représente évidemment une rentrée d'argent mais c'est aussi l'occasion pour les invités de découvrir l'association et de voir ses actions quotidiennes de plus près. Au lieu de louer une chambre dans un hôtel ou un autre, les visiteurs du centre du monde peuvent loger au sein de Qosqo Maki et aider les enfants en situation de rue.

 

À Cuzco, l'association Qosqo Maki accompagne les jeunes en situation de rue
©Lorena Bertin

 

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