Édition internationale

LIBAN – La présence de la Finul contestée

Les tensions se sont accrues ce week-end entre les Forces des Nations unies au Liban et la population locale, qui lui reproche l'intrusion abusive de soldats dans les communes du sud. Le Hezbollah met la Finul en garde


Un convoi militaire français composé d'une dizaine d'hommes du 121ème régiment du Train (Monthléry), a été violemment attaqué samedi, dans le village de Touline, dans le sud du Liban, à 125 km de Beyrouth. A coups de bâtons, de jets de pierres et d'?ufs, quelques résidents du village sont brièvement parvenus à désarmer les soldats et à prendre le contrôle de leur véhicule. Les casques bleus ont dû attendre l'intervention de l'armée libanaise. Seul le chef de la patrouille a été légèrement blessé au front, molesté par certains membres de la foule lorsqu'il est sorti du véhicule pour tenter de parler aux civils. "Les armes ont été remises à la Finul et l'incident est clos", a affirmé un porte-parole militaire. Mais ce n'est pas la première fois que les casques bleus subissent ce genre d'attaques, et le numéro deux du Hezbollah a préféré mettre en garde la Finul (AFP), en expliquant qu'un ''retour à la normale'' ne serait possible que si les forces onusiennes s'en tiennent ''à leur mission telle qu'elle est précisée dans la résolution 1701'' (du Conseil de sécurité de l'ONU).

Une présence trop intrusive
Le lieutenant-colonel Naresh Bhatt, porte-parole de la Finul, a expliqué que les incidents survenus samedi s'étaient produits après l'arrestation, à Kabrikha, d'un jeune homme qui avait interpellé les soldats leur demandant ce qu'ils faisaient dans le village. Dans une autre version des faits, la patrouille française aurait heurté un véhicule et une moto à Kabrikha, ce qui a provoqué les protestations des deux villages voisins. "La Finul doit toujours s'acquitter de son rôle [...] de manière à ce qu'elle ne suscite pas la méfiance et l'inquiétude des citoyens'', a affirmé cheikh Kassem à As Safir, quotidien proche du mouvement chiite libanais. ''La raison des malentendus qui se produisent entre nos parents au Liban-Sud et la Finul réside dans le fait que certaines unités de cette force ont transgressé les règles définies par la résolution 1701'', a aussi déclaré le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad. La Finul, formée en 1978 pour surveiller la frontière avec Israël, doit effectivement se conformer à ce qui est prévu par la résolution 1701, c'est-à-dire, stopper le conflit israélo-libanais de 2006. ''La Finul est une force d'appoint pour l'armée libanaise. Ce n'est pas une force mandataire et elle n'a pas tous les pouvoirs. Elle ne peut pas s'infiltrer dans les petites ruelles et sous les fenêtres des habitations où dorment de petits enfants'', a encore affirmé Mohammad Raad.

La tension s'accroit
Ce type d'attaque est de plus en plus fréquent dans la région. Mardi dernier, un événement semblable s'est produit lors d'un exercice ordinaire des casques bleus et le 4 mars, des civils ont bloqué le passage d'un convoi de la Finul et de l'armée libanaise, venus enquêter ensemble sur des tirs d'armes automatiques contre la localité d'As Sououanane. Après cette agression, la France avait exprimé son "incompréhension" et sa "préoccupation". Selon le coordinateur spécial de l'ONU pour le Liban, Michael Williams, il y aurait eu, en une semaine, plusieurs incidents dans le Sud du Liban. "Certains d'entre eux ont peut-être été quelque chose de spontané dans la rue, mais certains étaient à l'évidence orchestrés", a-t-il expliqué. Le chef de l'Etat libanais, Michel Sleiman, a souhaité reprendre l'affaire en main en convoquant au palais présidentiel plusieurs personnalités du gouvernement et de l'armée. Il a insisté sur la nécessité de ''prendre les mesures adéquates afin de renforcer la coordination et la coopération sur le terrain entre l'armée et la Finul, de consolider les rapports de cette dernière avec les habitants et de lui permettre de mener sa mission, et cela conformément aux règles établies après la parution de la résolution 1701''.
Lauriane Rialhe (www.lepetitjournal.com) mardi 6 juillet 2010


En savoir plus :

L'Orient le Jour, Le Hezbollah durcit sa position au sujet de la Finul
L'Express, Tension entre casques bleus de la Finul et civils au Sud-Liban

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