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L'Espagne pour les nuls (épisode 16) - Les derniers seront les premiers


Faire la queue, franchement, c'est ringard. Rien de tel qu'une bonne session de coude-à-coude dans un métro bondé pour se sentir exister. Pourtant ici c'est l'Espagne et une file d'attente c'est beaucoup trop sérieux pour être moquée. Démonstration


(Photo Lepetitjournal.com)

7h55. Dehors il fait encore tout noir. Dans 5 minutes vous êtes censé être installé dans votre nouvel Open-Space tout équipé. Il va falloir trouver une bonne excuse et surtout changer de chemise. Celle-ci sent beaucoup trop fort le rhum-coca. Nouveau costard enfilé et cheveux mouillés, vous piquez un sprint pour attraper le 28 qui s'arrête au coin de la rue. Le chauffeur ouvre la porte. Vous vous engouffrez. Erreur fatale. Personne ne vous laisse monter. Pire, la meute laisse passer ce monsieur qui, vous en êtes sûr, est arrivé après vous. Sauf que lui a dit la phrase magique : "¿Quien es el ultimo ? C'est qui le dernier ?"

Explications. C'est vrai que l'Espagne c'est au Sud (de la France). C'est vrai aussi que l'Espagne est un pays méditerranéen. C'est vrai aussi qu'il n'y a qu'en Espagne que vous verrez autant de monde entassé dans un bar de quartier, sur une plage en centre-ville ou une piste de danse. L'Espagne c'est le bordel et pis c'est tout. Fort de ce préjugé ethnologique et de vos 10 ans de RER A, il est donc pour vous tout à fait normal de passer devant tout le monde dans la file d'attente et de vous présentez le premier au guichet, au comptoir, à l'entrée du bus. Trop facile.

Perdre la file
Or, sous ses airs de gentil bazar, l'Espagne c'est bien plus compliqué. L'individu doit se soumettre au groupe et pas de place pour les petits malins. Quelle que soit la file d'attente, quel que soit le guichet, quelle que soit l'heure de la journée, quelle que soit même l'urgence dont vous pouvez souffrir, personne ne dépasse sans l'accord unanime du groupe. Là où chez nous, une file d'attente est le lieu idéal pour se faufiler entre les gouttes et doubler est un art majeur, ici la honte, c'est de passer le premier.

Malheur au timide
Rappelez-vous. En Espagne, la timidité n'existe pas. La preuve, on se parle dans la rue et on se tutoie. Donc quand il s'agit d'attendre son tour, on ne rigole pas et on respecte. Si une cinquantaine de personnes sont alignées devant un arrêt de bus c'est parce qu'ils ont posé la seule question qui vaille : ¿Quien es el ultimo ? Et bien sagement, chacun a pris sa place derrière le dernier arrivé. Malheur au timide, à l'enroué ou au muet. Celui qui ne parle pas n'existe pas. Tant pis pour l'Open Space. Vous n'avez plus qu'à attendre le prochain.


TFM
(www.lepetitjournal.com - Espagne) vendredi 16 avril 2010

Lire L'Espagne pour les nuls
Episode 1 : vous détestez le chorizo
Episode 2 : Du savoir vivre...
Episode 3 : Du travail en Espagne
Episode 4 : La drague pour les messieurs
Episode 5 : La drague pour les dames
Episode 6 : Un "vrai"ami
Episode 7 : De la visite...
Episode 8 : ¿Futból or not futból?
Episode 9 : La semaine sainte
Episode 10 : Lost in la Marcha
Episode 11 : Vous avez l'heure (espagnole) ?
Episode 12 : Qu'est-ce que tu fais pour les vacances ?
Episode 13 : Dessine-moi un galactique
Episode 14 : Les famosos
Episode 15 : Chauvinisme culinaire

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