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SÉBASTIEN SICOT – L’art de la ferronnerie à la française rayonne au Vietnam

sebastien sicotsebastien sicot
Écrit par Noémie Choimet
Publié le 27 septembre 2018, mis à jour le 22 septembre 2020

 

Installé au Vietnam depuis maintenant 7 ans, Sébastien a créé à Ho Chi Minh Ville un « atelier-école » en ferronnerie d'art. Son savoir-faire et son style français font de lui un artisan unique dans cette région du monde. Il est cette année le lauréat du Trophée Art de Vivre, et revient pour nous sur son parcours.

Fils de ferronnier et ferronnier lui-même, Sébastien est tombé dans cet univers « métallisé » quand il était tout petit. À ce sujet, il dit même qu'il a appris « à connaître (son) père le jour ou il est passé à l'atelier avec lui ». Porté et grisé par cet univers familial, il rejoint les Compagnons du devoir à l'adolescence et pendant 10 ans il sillonne les routes de France avec eux. La transmission est une notion très importante chez les Compagnons, qui ne se contentent pas d'enseigner et de faire apprendre un métier. Et cette notion Sébastien l'a parfaitement assimilée. Quand il arrive, au Vietnam ce n'est donc pas n'importe quelle entreprise de ferronnerie qu'il met sur pieds mais un « atelier-école ». Il établit un véritable « programme de formation » pour de jeunes Vietnamiens. L'objectif de Sébastien est d'en faire « des artisans, et pas seulement des ouvriers d'exécution. Je veux leur transmettre ma passion et mon amour du métier pour en faire des concurrents en fait ! ».. Aujourd'hui, « 2 ouvriers qualifiés français et un noyau dur de 10 Vietnamiens » travaillent avec lui.

Ensemble, l'équipe réalise l'agencement de « bars et restaurants, des rampes d'escaliers, des portails, des meubles ». « Nous avons de la concurrence sur les ouvrages mais pas sur le style, sur la technique, sur la finition, sur la durabilité du produit. D'autres entreprises peuvent faire des portails mais pas un portail de 7 mètres de haut en ayant comme inspiration le parc Monceau à Paris. A chaque projet, je recherche un ancrage français » explique Sébastien.

Son travail séduit « de riches Vietnamiens, des architectes, des designers étrangers et locaux et la communauté Française ».

La transmission par le geste

Ne maitrisant pas totalement la langue vietnamienne, Sébastien reconnaît que parfois cela peut-être une barrière. Mais « la transmission passe beaucoup par le geste, accompagnée de croquis et de dessins ». Les ouvriers-élèves « copient, et essayent ensuite de faire la même chose que moi. Si ça ne fonctionne pas, on recommence ».

Issu d'une famille de voyageurs, Sébastien n'est pas le seul de sa famille à avoir la bougeotte. Ses frères et s?urs eux aussi ont choisi l'expatriation et vivent au Chili ou en Australie. Avec son épouse vietnamienne, qui a grandi à Paris, ils avaient également « envie de tenter l'aventure à l'étranger et de partir en famille en suivant le premier ayant une opportunité professionnelle » hors des frontières de l'hexagone. Il y a donc 7 ans maintenant, sa femme décroche un poste à Hanoi, et Sébastien décide de la suivre. Sur place, il étudie le marché local et décide de se jeter à l'eau. « Si je n'étais pas parti au Vietnam je n'aurais pas été entrepreneur ».  

Mages et superstitions vietnamiennes

Ce que les gens ne vivant pas Vietnam ne soupçonnent sans doute pas, c'est que les Vietnamiens sont très superstitieux. « Très » vous a-t-on-dit ! Notre ferronnier l'a bien compris maintenant, mais ce n'est pas sans surprise qu'à la fin de ses premiers chantiers il voit débarquer « un mage » qui vérifie que tout soit conforme. Spécialiste en numérologie ou en astrologie, ces mages s'assurent que rien ne puisse porter malheur dans le travail de Sébastien. « Ils vérifient par exemple que le nombre de marches d'un escalier soit pair, ce nombre est normalisé ». « Ils regardent aussi si les dimensions sont bonnes et correspondent à un bon feng shui ». Sébastien travaille désormais « en amont avec ces mages pour éviter d'avoir à tout recommencer ». 

La création, l'innovation, mais aussi le souci du détail caractérisent  l'art de vivre à la française. Réunissant toutes ces compétences, c'est donc naturellement que Sébastien a remporté le Trophée Art de vivre 2017 parrainé par Air France.

Noémie Choimet (www.lepetitjournal.com) mercredi 8 mars 2017.

noémie choimet
Publié le 8 mars 2017, mis à jour le 22 septembre 2020
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