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Laure Delaporte de LP4Y, des Business Schools dans les bidons-villes

Frappés lors d'un tour du monde en famille par la résilience de jeunes défavorisés qui, chaque jour, luttent pour survivre dans des conditions de pauvreté extrêmes, Laure et son mari Jean-Marc ont fondé en 2009 l'ONG Life Project 4 Youth (LP4Y), pour favoriser l'insertion sociale et professionnelle.

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Écrit par Lepetitjournal.com International
Publié le 5 novembre 2018, mis à jour le 27 octobre 2023

Des Philippines à l'Inde, ils ont développé un parcours professionnalisant de 18 mois dans le but de sortir ces jeunes de la misère. Laure est la lauréate du Trophée Social & Humanitaire parrainé par la CFE 

C'est probablement une rencontre avec de jeunes cireurs de chaussures sur les trottoirs de Dakar qui a bouleversé la vie de Laure et Jean-Marc Delaporte. Pendant une semaine, chaque jour, un dialogue s'est noué avec ces adolescents, âgés de 13 ou 14 ans, qui avaient traversé l'Afrique, fuyant leur pays en guerre : « Ils nous ont mis sur la voie, se souvient Laure. Nous étions partis depuis plusieurs mois en tour du monde avec trois de nos cinq enfants. Nous avions été frappés par ces jeunes, vus à Phnom Penh en train de sniffer de la colle, ou dormant sur des bouches de métro à Sao Paulo, nous voulions faire quelque chose, leur proposer un projet. Ces cireurs de chaussure de Dakar ont longuement discuté avec Jean-Marc sur les moyens de développer leur petit business, comment vendre mieux, réparer leur boite à cirage? C'était important pour eux qu'un adulte les conseille, les aide à avancer ». C'est le déclic.

« On s'est dit que ces jeunes étaient incroyables (qui de nous pourrait traverser des pays en guerre ?), que cette résilience était une force, il fallait qu'on soit ces déclencheurs, qu'on apporte de la confiance pour que cette force devienne de l'entreprenariat, au sens de : j'entreprends ma vie. » De retour en France, le couple réunit sa grande famille et ses amis pour les informer de sa décision de monter une association en faveur des jeunes exclus. Le nom de l'ONG sera soufflé par leur fille Pauline: Life Project 4 Youth (LP4Y) ou Projet de Vie pour la Jeunesse.

Laure et Jean-Marc sont immédiatement soutenus par leurs enfants et leurs amis : « Tout seul, on ne peut pas grand chose, il fallait qu'on se rassemble. » Laure s'appuie aussi sur un important réseau professionnel. Après des études à Sciences Po, elle a en effet travaillé dans la communication, d'abord au sein d'un Groupe de Presse puis en montant sa société avec son époux. « Jusqu'à 300 personnes ont travaillé avec nous. C'était un travail d'équipe, pour des entreprises et des publics très différents, de l'organisation des Journées Mondiales de la Jeunesse, à des lancements de parfums, en passant par l'inauguration du porte-avion Charles De Gaulle. Tous ces évènements avaient en commun un sens du détail, de l'attention, c'était un métier très humain ». Laure et Jean-Marc décident de capitaliser sur leurs 25 années de carrière professionnelle « pour accompagner ces jeunes vers le monde décent ».

De Manille à Delhi

C'est à Manille, aux Philippines, que le couple pose ses bagages en septembre 2009. Le premier projet consistera à aider des jeunes sortant de prison à lancer une entreprise de livraison de fruits et légumes à domicile. La pédagogie se construit au fil du temps avec principes très simples : « Il n'y avait pas de manuel pour sortir les gens de la grande pauvreté. C'est du coaching, de l'accompagnement. On propose aux jeunes un parcours professionnalisant, au cours duquel ils expérimentent la création ? développement ? gestion d'une micro activité économique, rattrapent leur retard scolaire, apprennent l'anglais, l'informatique, la communication et développent leur Projet de Vie. Nous les suivons pendant un an au centre, puis pendant 6 mois, pour les aider dans leurs débuts professionnels. Il y a 4 étapes clés saluées par un diplôme : Apprendre à être autonome, apprendre à être responsable, puis apprendre à être un manager et enfin un entrepreneur de sa propre vie. Pour ces exclus, la cérémonie de remise de diplôme a une importance capitale».
A noter, LP4Y offre une indemnité aux jeunes qui suivent le programme, un investissement sans équivalent dans les autres ONG : « Cette indemnité représente 30% de notre budget global. Cette rémunération (au minimum deux fois au seuil de pauvreté mais inférieure au premier salaire) permet de ne plus mendier, dealer ou se prostituer. Cela permet aussi de travailler sur la notion d'épargne, la mise d'argent de côté pour leur projet de vie ».

Lorsqu'ils sont diplômés du "Professional Training for Entrepreneurs", ces jeunes adultes sont en mesure de s'intégrer en entreprise, de poursuivre des études, de créer une activité économique, bref, de devenir acteurs du développement de leur pays. Les entreprises partenaires interviennent aussi dans le cursus académique. « Récemment,  les jeunes du centre proche de la gare de Delhi, ont visité un magasin Décathlon. L'équipe les a superbement bien accueillis, c'était incroyable pour eux, quand on pense qu'il y a quelques semaines ils mendiaient dans la gare. Leur offrir des perspectives, c'est la recette ! », s'enthousiasme Laure.

Depuis 2009, 655 jeunes sont ou ont été suivis. 220 volontaires ont participé à leur formation et sont repartis transformés par l'expérience. « 100% des encadrants sont des volontaires (VSI volontaires de solidarité internationale) en mission d'un an minimum, sélectionnés avec beaucoup d'attention. LP4Y compte maintenant 13 centres dans 4 pays : Philippines, Vietnam, Indonésie et depuis 2014 l'Inde, pays qui comprend 350 millions de jeunes. La pédagogie est bien établie et s'enrichit tous les jours et surtout, elle est efficace dans des cultures différentes. Nous avons actuellement 315 jeunes dans les centres, 140 dans la partie entrepreneurship et 200 jeunes intégrés. » Soucieuse de toujours progresser dans sa connaissance du terrain, LP4Y lancera sa deuxième étude d'impact au cours de l'été 2016. 

 

Partager la pédagogie pour toucher le plus grand nombre

Infatigable, Laure parcourt la planète pour solliciter les entreprises et les sensibiliser à sa cette cause. Des équipes bénévoles s'activent aussi en France (Lille, Paris et Lyon), au Luxembourg, à Bruxelles et New York. « Au début, on nous a pris pour des utopistes, maintenant on commence à être écoutés par de grandes organisations. L'Unicef s'intéresse à ce sujet. »Le challenge des années à venir est de créer un Institut de formation (Youth 4 Change Network) en banlieue parisienne et dans les pays en développement : « nous voulons partager notre pédagogie d'insertion par l'entrepreneuriat avec le plus grand nombre et contribuer au développement d'un véritable écosystème d'individus, d'organisations privées et publiques, et d'entreprises pour agir en faveur de l'intégration des jeunes défavorisés ». La tâche est immense. « Il y a 550 millions de jeunes à travers le monde, qui chaque jour, luttent pour survivre dans des conditions de pauvreté et d'exclusion extrêmes. Ils seront un milliard en 2025. C'est une problématique gigantesque, nous avons besoin de tous, entreprises et particuliers, pour réussir.
I can't but together we can ! »

MPP (www.lepetitjournal.com) mercredi 16 mars 2016

Site de l'association : www.lp4y.org

La page Facebook : www.facebook.com/lifeproject.foryouth

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