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LARS VON TRIER – Le génie de la provocation

Lars Von Trier, ce réalisateur danois, né le 13 avril 1956, plusieurs fois récompensé au cours de sa carrière et néanmoins champion de la controverse, ne laisse pas indifférent. Détesté ou encensé, ses films sont à son image : mystérieux. Les qualificatifs ne manquent pas pour évoquer l'homme autant que le réalisateur - les deux se confondent. Du génie à la folie, cet esprit torturé, manipulateur, provocateur, est un homme secret. Un visionnaire diront certains

Lars Von Trier (au centre) au Festival de Cannes 09 en compagnie de W. Dafoe et C. Gainsbourg

(rédaction internationale) - Ses films nous entraînent au bord du malaise, entre fascination et horreur, dégoût et beauté, réflexion et rejet. Lars Von Trier a le génie d'imposer son univers souvent sombre, noir, parfois glauque, qui colle à la peau, longtemps après la projection. Maître de la technique dans Element of Crime en 1984 (Grand Prix de la Commission Supérieure Technique) puis dans Epidemic en 1988, Lars Von Trier, manie la réalité brute dans Breaking the waves. On suit son évolution personnelle à travers son ?uvre et, Dancer in the Dark, Palme de d'or du Festival de cannes 2000, nous entraîne dans un mélodrame musical époustouflant, avec Bjork en premier rôle.

Un cinéma dérangeant
Lars von Trier se moque, critique et surtout interroge, provoque la réflexion. Aucun thème n'est tabou, aucun sujet intouchable, et il égratigne à tour de bras, à l'écran comme à la ville : la politique, la religion, la nature humaine, les hôpitaux, les enseignants? Dans ses films, il renvoi le spectateur à ses propres démons, n'hésitant jamais à montrer la violence sous toutes ses formes, à la sublimer même parfois. Son univers n'est pas rose et sa caméra n'est pas tendre, qui filme la guerre, le suicide, le sexe ? Et même quand il se veut "vertueux"comme avec sa trilogie "c?ur d'or", ses héroïnes sont des martyrs.

En 1994, il s'essaye à la télé avec la série The Kingdom (L'hôpital et ses fantômes), chef d'?uvre d'humour, de suspense et de gore savamment distillé. S'il est pratiquement toujours critiqué sur le fond, il l'est plus rarement sur la forme. Le jeu des acteurs est toujours mené à la perfection, la direction photo époustouflante, et peu de réalisateurs savent manier la caméra avec un tel art. En 2003, il est consacré meilleur réalisateur européen et meilleure caméra au 16e prix européen du cinéma à Berlin pour Dogville, le film qui entraîne Nicole Kidman, dans cet univers où l'innocence est perdue .

Un modèle du genre
Ce disciple autoproclamé de Carl Theodor Dreyer et d'Andreï Tarkovski, est aussi l'inventeur de son propre genre : le dogme95. Un "v?u de chasteté cinématographique"qui impose 10 règles, si strictes en matière de réalisation, que lui-même ne les suis pas toutes. Son film les Idiots (1998), pourtant très décrié, première production respectant cette charte, a été une véritable source d'inspiration pour un cinéma nouveau dit social.
Cet incontournable nom du cinéma, dont tous les passionnés de 7eme art cinéma ne finissent pas de disséquer les films, toujours regardable à plusieurs niveau, n'estime pas avoir à s'expliquer sur son oeuvre. Il fait ses films pour lui et essaie de ne pas trop analyser ce qu'il tourne. "Ce n'est pas que je ne veuille pas vous répondre. Je ne peux pas, je n'y arrive pas."
Laetitia Gueugnon (www.lepetitjournal.com) vendredi 22 mai 2009

AntiChrist
Le réalisateur est de nouveau présent cette année à Cannes, déchaînant une fois de plus la critique avec son nouvel opus « Anti Christ ». Il s'attelle à un nouveau genre, le cinéma d'horreur, qui nous entraîne sur les traces d'un jeune ménage hanté par la perte de leur fils. Le couple, interprété par l'Américain Willem Dafoe et la Française Charlotte Gainsbourg s'isole dans une maison, en foret teutonne, pour réapprendre à vivre après ce drame. Mais la nature hostile transforme leur Eden en véritable enfer, avec la femme au centre de la perversion. Après des sifflets, des ricanements et quelques départs lors de la projection de presse, le film a été accusé de "violence gratuite",  de "misogynie". Il a néanmoins été ovationné le soir, lors de la présentation de gala. Victime d'une dépression pendant le tournage de ce film, le réalisateur répond lorsqu'on lui demande, s'il va mieux : "vous savez on dit qu'il faut prendre des cachets pendant 5 ans, moi j'en ai pris toute ma vie alors ca ne change pas grand chose". Aucun projet de tournage n'est actuellement prévu. Le réalisateur vit des fruits de sa société de production Zentropa, qui produit aussi des films pornographiques destinés aux femmes et homosexuels.

Filmographie choisie
2009 AntiChrist
2005 Manderlay
2003 Dogville
2000 Dancer in the Dark
1998 Les Idiots
1996 Breaking the Waves
1991 Europa
1988 Epidemic
1984 Element of Crime

En savoir plus sur son oeuvre :
Filmsdeculte - Portrait
Ecran Noir - Portrait :
L'Express et la bande annonce de l'AntiChrist

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