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JEUX – Qui veut gagner des millions ?

La loterie à la brésilienne propose deux extrêmes : le Jogo do Bicho et la Mega-Sena. L'un est illégal, l'autre surmédiatisé, mais les deux sont très populaires

Grille de Mega-Sena - Photo LPJ
Pour une activité interdite par la loi, on ne peut pas dire que le Jogo do Bicho soit vraiment discret. Les petits comptoirs de jeu pullulent, à São Paulo comme partout dans le pays, sans se cacher plus que cela du regard des autorités. Les bicheiros ont simplement la décence de n'afficher aucune pancarte pour attirer le joueur. La police ferme les yeux sur ce jeu vieux de plus d'un siècle, qui permet aux classes les plus populaires de miser des sommes souvent réduites. En une centaine d'années, le Jogo do Bicho s'est développé au point de faire aujourd'hui partie intégrante de la culture brésilienne.
Il faut remonter à 1892 pour trouver l'origine de ce jeu. Au départ, l'idée était d'améliorer les finances d'un zoo situé à Rio de Janeiro, dans le quartier de Vila Isabel. Le Baron de Drumond, propriétaire de l'endroit et noble de la cour de Dom Pedro II, créa une loterie où le parieur devait miser sur l'un des 25 animaux du zoo. La formule de ce jeu s'est vite répandu dans les rues de Rio, puis dans tout le pays, et elle a peu évolué depuis. De nos jours, le parieur doit choisir un numéro entre 0000 et 9999, toujours rattaché à un des fameux 25 animaux.
La possibilité d'une légalisation du Jogo do Bicho a souvent été évoquée, mais le gouvernement, d'abord intéressé par la manne que représenterait l'organisation d'un jeu aussi populaire, a toujours fini par reculer, sans doute effrayé par la perspective de devoir assumer les actifs comme les passifs de toute la structure d'un système socio-économique aussi complexe.

Plus de 70 millions de parieurs

D'autant que l'Etat brésilien organise déjà, via la Caixa Federal, ses propres jeux d'argent. Le plus célèbre d'entre eux, car potentiellement le plus lucratif pour le joueur, est la Mega-Sena. Deux fois par semaine, le mercredi et le samedi, chaque Brésilien a le droit de rêver de devenir millionnaire. Pour cela, il « suffit » de trouver les 6 numéros gagnants du jour. La mise minimale est de 1,50 R$, mais le joueur peut augmenter ses chances en cochant, sur une grille de 60 chiffres, un plus grand nombre de numéros. Si personne ne trouve la bonne combinaison, le pactole est reporté sur le prochain tirage.
Et la Caixa Federal a bien compris que la meilleure publicité de sa Mega-Sena consistait simplement à crier, haut et fort, l'identité de l'heureux gagnant. Le dernier vainqueur est ainsi un parieur de Goiás, dont le compte en banque a subitement enflé d'environ 52 millions R$. Plus de 70 millions de paris avaient été enregistrés pour ce tirage. Une politique de divulgation qui peut se révéler tragique. Vainqueur de la Mega-Sena en 2005, un homme de 54 ans a ainsi été abattu le 7 janvier dernier, dans l'Etat de Rio de Janeiro. Sa veuve, unique héritière du défunt, est soupçonnée d'avoir commandité l'assassinat?
Bertrand BLAIS (
www.lepetitjournal.com) Sao Paulo - lundi 15 janvier 2007

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