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LES DAYAK DE KALIMANTAN - Le groupe Benua’q de Kalimantan-Est – Rivière Ohong

La maison longue Benua'q de MancongLa maison longue Benua'q de Mancong
Maison Longue Mancong Benua'q @AnneMarieWiraja
Écrit par Anne Marie Wirja
Publié le 8 mars 2022, mis à jour le 9 mars 2022

Sur une population estimée à 6.150.000 individus pour Kalimantan (2020), 45% seraient d’origine Dayak. A l’origine, ils étaient chasseurs-cueilleurs, cultivaient sur brûlis, vivaient sur pilotis - souvent en « maisons longues » -, étaient animistes et pratiquaient la « chasse aux têtes ». Ils se singularisent « des gens de l’aval », pêcheurs et cultivateurs, commerçants et musulmans. 

Pour rappel, Kalimantan est la partie indonésienne de l'île de Bornéo.

 

Les Dayak de Kalimantan : Les Benua’q

Les Benua'q occupent le cours moyen de la rivière Mahakam, le long de la frontière avec Kalimantan centre. Linguistiquement et culturellement, les Benua’q appartiennent à l'important groupe Barito, comprenant aussi les Ngaju, les Ma'anyan et les Ot Danum.

 

Leur nom vient de « benua », terme signifiant « terre » ou « territoire ».

 

Benua'q maison longue
Cérémonie funéraire Kwangkay 

 

Dans la hiérarchie ethnique régionale, ils se situent plus bas que les autres Dayak, peut-être à cause de leur conservatisme religieux ou de leur pauvreté, leurs villages étant loin à l’intérieur des terres. Dans la vie sociale, la coopération agricole, l’échange de journées de travail et les réunions à caractère confessionnel – quelle que soit la religion - constituent les principaux vecteurs de la société villageoise. 

 

Les croyances des Benua’q

Dans le passé, un petit groupe de divinités jouait un rôle important mais l'une d'entre elles a émergé, peut-être du fait de l’influence des voisins monothéistes, en tant que Grand Dieu, le Créateur, « la lumière du monde », symbolisé par le soleil levant, endroit le plus sacré et le plus noble. À l'inverse, le coucher du soleil représente la mort, un lieu de toutes tristesses, de malchances et malédictions. Cependant, des divinités mineures et divers esprits habitent les différentes couches du ciel et sont encore invoqués pour des rituels majeurs.

 

réceptacle à crânes Benua'q
Réceptacle à crânes chez les Benua'q @AnneMarie Wirja

 

Les Benua’q distinguent une force vitale et une faculté intellectuelle. À la mort, les deux quittent le corps : l'intellect devient un « kelelungan », une puissance sans forme qui se rend au Tenangkai, au sommet d'une montagne, pour attendre l'heure du dernier rituel funéraire.

La force vitale devient un « liau », un esprit qui a besoin de nourriture, de boisson, de divertissement et peut ressentir douleur et émotions. Il reste à errer dans le voisinage de la tombe ou du domicile du défunt. Le « liau », atteindra le Mont Lumut pour être pesé pour ses actes, avant d'être autorisé à continuer vers le Lewu Liau, sa dernière demeure. D’où l’importance du cérémonial pour les défunts.

 

Le rituel pour les morts

Les cérémonies funéraires sont dites « Kwangkay » et la conversion au christianisme n’a pas oblitéré ces pratiques. Les invocations chantées par les spécialistes accompagneront le voyage final des âmes dans le monde de l’au-delà. C’est seulement le 8ème jour, après la célébration d’autres rituels dans la maison longue, que les participants plantent le poteau « blontang », auquel on attachera le buffle pour son sacrifice, le 13ème jour, avant la fin du rituel « des secondes funérailles ».  À cette occasion, les ossements sont déterrés, nettoyés et le crâne est placé dans un réceptacle particulier en forme de maison.

Benua'q Blontang Kalimantan Borneo
Blontang Benua'q devant la maison longue Mancong @AnneMarie Wirja

Les « blontang » sont des représentations à caractère métaphorique des défunts, mettant en valeur certains traits de leur personnalité, leur statut social ou encore leur apparence physique. Ils sont produits à l’initiative de la parentèle des défunts, qui en assume le coût. Ils deviennent des effigies prestigieuses, placées devant la maison longue.

 

Les maisons longues « lou » ou « lamin »

Traditionnellement, les Benua’q vivant le long de la rivière Ohong occupaient essentiellement des habitats individuels et quelques maisons longues. Celles-ci étaient traitées comme des microcosmes (nature) qui devaient être en harmonie avec le macrocosme (univers).

 

Verticalement, la maison « lou » se compose de trois parties, à savoir de la tête (le toit, sacré, demeure des dieux et des esprits ancestraux), du corps (habitacle, lieu de la vie humaine) et des pieds (espace entre les pilotis, monde souterrain où les animaux et les oiseaux se glissent).

 

Outre leur longueur, les « lou » sont remarquables du fait de la grande quantité de sculptures disposées tout le long de la façade principale. Ces blontang sont les poteaux auxquels les Benua’q attachaient l’esclave à sacrifier lors des rites funéraires Kwangkay, avant qu’ils ne soient remplacés par des buffles.

Dans ce cadre, la plus célèbre d’entre elles est celle de Mancong, restaurée en 1988. Elle a aussi la particularité d'avoir un étage, le chef des Benua’q ayant été impressionné par les constructions hollandaises. S'allongeant sur presque 100 mètres, elle peut abriter une vingtaine de familles qui s’y retrouve pour les grands rituels. 

 

Anne-Marie propose un voyage à Kalimantan à la découverte de ces tribus via le voyagiste Clio. Plus d'infos cliquez ici.

Rendez-vous bientôt à Kalimantan-Est (3/4) parmi les Dayak Kenyah.