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Le mois du Ramadan dans l’intimité des familles

Ramadan Jakarta Indonésie ReligionRamadan Jakarta Indonésie Religion
Écrit par Valérie Pivon
Publié le 22 mai 2019, mis à jour le 23 mai 2019

Ce mois du ramadan suivi par une grande majorité de la population indonésienne est avant tout un moment de retrouvailles familiales, de recueillement, de réflexions spirituelles, d’intensification de la pratique du culte mais aussi d’échanges et de partages. Nida, Indri, Aicha, Gabrielle et Géraldine nous ont expliqué leur ramadan, leur tradition et leur perception du moment. 

Depuis 3 semaines, les journées commencent à 3h du matin pour les femmes car c’est elles qui cuisinent. C’est l’appel du muezzin puis celui des enfants du quartier qui, à l’aide de tambours, réveillent les habitants et leur rappellent qu’il est l’heure de déjeuner et de prier avant le lever du jour. À la tombée de la nuit, c’est à nouveau à l’appel du muezzin que les pratiquants vont rompre le jeûne, appelé Buka Puasa. Avant de prier, Nida nous explique que « la tradition veut que l’on commence toujours par manger quelque chose de sucré comme une datte accompagnée d’un thé chaud ou d’un verre d’eau ». Pour Indri, Buka Puasa est l’occasion de retrouver des amis, un soir ceux des années lycée, un soir les amies, un autre soir la famille proche puis les voisins. Indri nous explique aussi que le sentiment de pardon est très important pendant ce mois, on demande « Minta Maaf » - je te demande pardon- à sa voisine, à son collègue, à sa famille sans avoir besoin de donner de plus amples explications.

Lorsque l’on pose la question qui nous taraude : "mais n’est-ce pas difficile ce jeûne après plusieurs jours ?" Nida nous répond : « non, le plus compliqué est de garder des pensées positives, car après trois semaines la fatigue se fait sentir et on peut avoir tendance à s’emporter un peu rapidement. Il faut faire des efforts pour se maîtriser ; c’est ça aussi que nous enseigne le ramadan». 

Ketupat Ramadan Jakarta Indonésie
Ketupat 

Parmi les plats et coutumes culinaires que l’on retrouve durant ce mois, le ketupat est l’un des plus emblématiques. C’est un petit panier fait de feuilles de cocotiers tressées dans lequel on fait cuire du riz. La cuisson du riz dure entre 6h et 8h. Dans le quartier d’Indri à l’ouest de Jakarta, c’est l’occasion de faire une cuisson commune avec les voisines et de profiter de ce moment pour se retrouver. Ces paniers de riz seront dégustés accompagnés de légumes, poissons ou viandes. D’autres fruits comme le timon suri, gros concombre jaune que l’on trouve généralement pendant cette période, est préparé, coupé en petits morceaux et arrosé de sirop et de glace pilée, tout comme le blewah, genre de melon. Ce sont des desserts rafraîchissants que tout un chacun savoure chaque soir au moment de la rupture du jeûne.

Tout au long de ce mois de ramadan, on voit apparaître des vendeurs ambulants qui s’installent le long des rues vers 16h30 et vendent des aliments comme des beignets frits de légumes ou des fruits mélangés à du sirop. Cela permet à ceux qui travaillent ou bien à ceux qui circulent de s’arrêter à l’heure de la rupture du jeûne et de pouvoir se restaurer. C’est également pour ces vendeurs un revenu saisonnier qui leur permet de célébrer Idul Fitri en famille, d’offrir à leurs enfants des vêtements neufs et d’améliorer le repas de fête de cette journée. 

Ramadan Indonésie Jakarta

Pour les jeunes que nous avons rencontrés, Géraldine, Aicha et Gabrielle, le mois du ramadan est un mois important. Elles attendent avec impatience ce mois festif, c’est pour elles l’occasion de passer plus de temps en famille, de réfléchir, de partager. Pour Aicha, la première journée est symbolique, car tous les repas sont pris en famille, ce qui n’est pas toujours le cas tout au long de l’année, chacun ayant des activités différentes, et des parents qui ne travaillent pas forcément à Jakarta. Géraldine, nous précise la place importante donnée aux plus pauvres et aux orphelins pendant ce mois. La porte des maisons leur est toujours ouverte. Pour Gabrielle, le plus beau moment est celui du dernier jour où tous se retrouvent à la mosquée ou dans la rue pour prier au levé du jour. « On ressent un sentiment de plénitude et d’appartenance à une communauté ». Vient ensuite le moment des retrouvailles familiales pour ceux qui habitent Jakarta, où l’on ira de famille en famille et amis partager un moment autour de douceurs. Les enfants recevront des enveloppes avec de l’argent - beaucoup moins lorsque l’on grandit au grand désespoir de Gabrielle. Pour ceux qui habitent loin, on planifie un retour au village des grands–parents ou s’ils ne sont plus là, chez le frère ou la sœur aînée de la famille. 

Crédits photos: Bruno K, Valérie P

Valerie Pivon
Publié le 22 mai 2019, mis à jour le 23 mai 2019