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365 jours d’école en ligne, le point de vue des parents

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@LFJ
Écrit par Lepetitjournal Jakarta
Publié le 6 avril 2021, mis à jour le 13 avril 2021

Nous venons fêter un drôle d’anniversaire, celui d’une année d’école en ligne. Qui l’aurait imaginé ? Dans notre série "365 jours d’école en ligne", après le témoignage du proviseur, des enseignants et du service de la vie scolaire du Lycée Français de Jakarta, des parents nous parlent de leur année avec leurs enfants.

 

Nous remercions chaleureusement les parents qui ont répondu à notre appel à témoigner.

 

Raphaële - deux enfants / maternelle et primaire

Nous soufflons la bougie d’un an de home schooling ! Un sentiment teinté de lassitude pour les enfants comme pour les parents mais également un souvenir et des moments à jamais gravés dans nos mémoires ! Voir nos enfants capables de s’adapter à tout, leur positivisme est à toute épreuve, la chance de pouvoir avoir un soutien scolaire bien ficelé depuis le jour 1, une relation de sœurs entre nos filles qui sont plus soudées que jamais... Evidemment nous n’en garderons que le positif et ressortirons grandis de cette « expérience », mais il est temps que les écoles rouvrent leurs portes, et que la vie scolaire reprenne normalement ; les enfants ont besoin de lien social avec leurs ami(e)s et leurs professeurs dans un cadre hors de la maison... Aussi j’admire encore plus le travail des professeurs depuis que je porte la casquette d’assistante maternelle et primaire tous les matins depuis un an, mais nous avons tous besoin de retrouver l’équilibre de cette vie d’avant même si nous savons que la patience va être notre alliée pour encore un petit moment...

 

Carine - deux enfants / primaire et collège

Après une année entière sans mettre un pied dans une classe d’école … j’ai encore du mal à réaliser ce que j’écris … je suis sereine quant à la santé mentale et physique de mes enfants (4eme et CM2). Ils vont très bien ! Dès leur dernier cours fini, ils sautent sur un vélo pour aller à leurs activités ou rejoindre des copains et s’aérer. Ils ne se sentent absolument pas isolés et restent très actifs. De ce point de vue-là, rien n’a changé pour eux.

Mon inquiétude porte davantage sur le retard accumulé par rapport à une année normale car le programme aura été vu mais l’auront-ils assimilé ? Sont-ils vraiment concentrés, seuls face à leur écran, alors que nous ne sommes pas présents à la maison pour surveiller ? Autant il est facile pour les parents de se rendre compte que leur enfant en CP ne sait toujours pas lire après un an, autant il est plus difficile de se rendre compte des difficultés accumulées par les plus grands. Ils n’étaient, à mon sens, pas suffisamment évalués mais les choses semblent avoir évolué.

Ils ont acquis une grande autonomie et maitrisent parfaitement les outils numériques, alors soyons positifs, qui peut se vanter en un clic de pouvoir changer de classe pour aller lire une histoire aux grandes sections … ?

On croise les doigts pour une rentrée 100% en présentiel en septembre 2021, on veut y croire, même si on ne voit pas comment cela serait possible… mais quel choix avons-nous ? Ils sont encore petits pour envisager de les scolariser en France comme nous l’avons fait pour leur frère ainé (2nde).

 

Magnolia - deux enfants  / collège et lycée

Comme beaucoup de familles, il y a un an jour pour jour, j’étais loin d’imaginer ce qui nous attendait et le changement de vie qui se profilait.
Toute une année sans aller à l’école pour nos enfants. C’était inimaginable. Bien sûr, il a fallu un temps d’adaptation, pour eux comme pour nous, parents. Mais le plus difficile reste pour eux : passer leur journée dans leur chambre face à leur ordinateur, trouver le courage de se motiver tous les matins, faire l’impasse sur une vie sociale si importante et fondatrice à leur âge, l’impossibilité de se projeter, le sentiment de devoir renoncer à une vie relativement insouciante et légère. Un an pour un adolescent, c’est une éternité. Même s’ils ont dû et su développer leur autonomie, leur maturité, leur sens de l’organisation, des qualités importantes qui leur serviront dans le futur, même si nous avons beaucoup de chance de vivre à Jakarta, même s’ils peuvent voir de temps à autre leurs amis, une école fermée c’est une vie en suspens, un avenir flou et incertain.

 

Emeline -  deux enfants / primaire et collège.

Un an d’école en ligne… J'ai pourtant l’impression que ce temps a été infiniment plus long. Nous avons dû si souvent nous réinventer et chambouler nos habitudes pour maintenir un équilibre personnel et familial. Tout le temps à se questionner sur nos choix et sur les solutions à apporter. Chez nous, la première période de confinement a été chaotique. Gérer deux enfants en même temps avec des tempérament limite à l’opposition a été un vrai challenge où je me suis totalement oubliée. Ces 4 mois ont tout de même été une leçon nous indiquant à chacun nos limites et nos besoins. Les vacances nous ont également permis de prendre du recul et de réfléchir à des solutions pour aborder la rentrée différemment.

En nous rapprochant d’amis, nous avons pu maintenir des relations pour nos enfants ; cela leur a permis de nouer des liens d’une rare qualité et conserver un équilibre. Tous les jours, ils peuvent rire, jouer et discuter avec quelqu’un partageant les mêmes épreuves mais aussi ayant le même âge, les mêmes envies, besoins et inspirations.

L'école a apporté dès le départ une solution globalement complète pour les enfants avec des cours en ligne variés et de qualité. Toutefois, aucune solution ne leur est apportée pour gérer émotionnellement cette situation et pour maintenir une vie sociale nécessaire pour le savoir vivre ensemble.

Nous avons, à titre personnel, mis en place de nouvelles activités en présentiel afin que nos enfants soient confrontés à d’autres personnes mais cela ne suffit clairement pas. Nous sentons aujourd’hui que nos enfants s’enlisent dans cette situation et particulièrement la plus grande. Il devient de plus en plus compliqué pour eux de s’ouvrir aux autres et ils se referment dans ce cocon si douillet.

Après un an, j'en suis toujours à m'interroger sur ma place et dans quelle mesure je dois ou non être présente pour mes enfants. Personnellement, cette année a été difficile et peu enrichissante. Toutefois, avec mes engagements personnels, j’ai dû sortir et laisser mes enfants sans soutien. Mais j’ai pu m’épanouir dans d’autres tâches que celles intrinsèques à mon rôle de mère, ce qui a été bénéfique car cela m’a obligée à être plus laxiste envers mes enfants et leur imposer plus d’autonomie et d’implication.