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Ahkarina « La médiathèque et bibliothèque du conservatoire de Lyon me manquent »

Akharina professeur pianoAkharina professeur piano

À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, nous donnons la parole à Akharina, jeune Indonésienne, francophone et professeur de piano qui a suivi ses études au conservatoire régional de musique à Lyon.

 

Pouvez-vous nous raconter comment vous êtes arrivée en France pour étudier le piano à Lyon ?

J’ai commencé le piano à 13 ans au conservatoire de musique à Cipete au sud de Jakarta. Très vite, le piano a pris une grande place dans ma vie. Mes professeurs et mes parents me soutenaient dans cet apprentissage. Lorsque j’ai dû décider de poursuivre des études, mon père m’a demandé si je souhaitais faire du piano un métier ou juste jouer pour le plaisir. Les cours sont très chers, il voulait savoir, car c’était un énorme budget pour mes parents. Le piano, c'est tout pour moi, j’ai décidé d’en faire mon métier. À 18 ans, je me suis renseignée pour poursuivre mes études à l’étranger. Deux de mes professeurs de piano indonésiens avaient pour l’un fait des études aux États-Unis et l’autre en Allemagne. Je pensais suivre leur pas. Mais une amie m’a fait lire une bande dessinée japonaise traduite en indonésien « madame Cantabile » qui se passait au conservatoire de Paris. Je pense que cette lecture m’a influencée, j’ai fait des recherches sur les conservatoires de musique en France et j’ai décidé de partir là-bas.

J’ai pris des cours de français intensifs pendant quatre mois avant de partir et en parallèle, je préparais les dossiers pour les concours d’admission au conservatoire de musique en France.

 

Comment se passe votre arrivée en France ?

Je suis arrivée à Caen, où j’ai suivi des cours de français durant six mois. Je travaillais mon piano et j’ai passé les concours. J’ai réussi celui de Lyon où je suis allée m’installer avec mon mari qui est, lui aussi, francophone.

En arrivant, une chose qui m’a fait sourire c’est que comme beaucoup d’Indonésiens, je n’ai qu’un seul nom, cela ne pouvait fonctionner avec l’administration française, on a donc ajouté à mon prénom celui de mon père et même plus tard celui de mon mari.

Après avoir obtenu mon concours, nous nous sommes installés à Villeurbanne, une ville qui touche Lyon. En six ans, nous aurons déménagé trois fois.

 

Quels apprentissages vous ont le plus marquée au conservatoire ?

J’ai beaucoup travaillé sur la position de mes mains. Mon professeur m’a réappris à bien positionner mes mains sur les touches, je n’arrivais pas par exemple à faire des notes puissantes, je pensais ne pas avoir la force. En fait, ce n’est pas une question de force comme on me l’avait expliqué, mais des mouvements des doigts qui doivent être joués avec tout le corps, tout comme lorsque l’on joue sur la droite ou la gauche du piano, le corps doit suivre. La fille de mon professeur était danseuse, il l’a faite venir pour me faire comprendre les mouvements du corps.

On ne fait pas non plus qu’appuyer sur les touches, on les pince pour produire des sons différents. Apprendre ou plutôt réapprendre m’a demandé beaucoup travail. De plus, au début, il y avait encore la barrière de la langue. Je suivais aussi beaucoup de cours, de conférences. Nous faisions un travail très approfondi, détaillé lorsque nous travaillions les partitions. Les professeurs sont bienveillants et toujours disponibles pour les étudiants

 

Mes compositeurs préférés sont Bach, Debussy. J’aime beaucoup Ravel, mais ses morceaux sont assez difficiles à jouer pour moi.

 

 Ici un de mes concerts qui m’a le plus touchée lorsque j’étais en France, une œuvre de 1950 du compositeur arménien Arno Babadjanian que nous avons interprétée avec mes camarades du conservatoire de Lyon. Je suis ici au piano, sous la direction de M. Serge Paloyan.

 

 

En 2015, mon professeur de piano français Manuel Schweizer est venu avec son épouse jouer à Jakarta. Il a écrit un livre dans lequel il raconte son voyage et parle de notre rencontre au conservatoire.

 

Vous êtes revenus vous installer en Indonésie en 2019

Nous sommes revenus nous installer à côté de la ville de Kediri, à Pare. C’est une ville où l’on trouve beaucoup d’écoles de langues. Elles proposent des cours d’anglais bien sûr, mais aussi allemand, coréen, mandarin. Nous avons commencé à ouvrir une école pour enseigner le français et le piano, mais la pandémie est arrivée et nous avons dû fermer.

Nous sommes venus habiter dans une maison de famille dans la région de Bogor. Mon mari s’est lancé dans la culture de légumes bio plus précisément les champignons et le piment. Moi, je donne des cours de piano privé. Je me déplace chez les gens.

Grâce à ma formation au conservatoire de Lyon, j’ai acquis des méthodes d’enseignements que j’applique auprès de mes élèves.

 

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué en France ?

La France, c’est la culture. Il est facile d’assister à des concerts de musique classique, une conférence. J’adorais aller à la médiathèque et bibliothèque pour emprunter des partitions, des livres, écouter de la musique. Cela me manque aujourd’hui.

 

J’ai aimé assister à la fête de la musique, les rues sont remplies de musiciens. Avec mon mari, nous avons apprécié les transports publics, les balades en forêt ou au bord du lac de Miribel dans la banlieue de Lyon, découvrir la nourriture du monde, acheter de beaux fruits et légumes au marché, les saisons…

 

Des projets ?

J’aimerais avoir mon studio avec mon piano en ville pour enseigner sur place, mais je vais devoir attendre un peu. Mon mari, lui, souhaite développer son activité de culture de légumes bio. Nous aimons vivre à la campagne, loin du bruit et de la pollution de la ville.

 

Pour contacter Akharina, compte Instagram : delalangue.idfr

 

 

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