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Élection 17 avril - Jour du festival de la démocratie

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Écrit par Michel Larue
Publié le 14 avril 2019, mis à jour le 16 avril 2019

L’Indonésie est devenue une démocratie réelle en 1998 avec la fin du régime d’ordre nouveau et l’avènement de la période dite de réforme (reformasi). Par sa population, elle est la troisième plus grande démocratie au monde après l’Inde et les États-Unis. Et qui dit démocratie dit élections. 

 

Ces trois pays : l’Inde, les États-Unis et l’Indonésie couvrent des étendues considérables. L’Inde, avec une population 5 fois plus nombreuse que l’Indonésie, organise ses élections sur une période de plus de deux mois. Par ailleurs, le président qui a un rôle essentiellement honorifique, est élu au suffrage indirect par le parlement. Les États-Unis, dont l’avance technologique pourrait laisser penser à une organisation parfaite, ont montré des lacunes, on se souvient des recomptages multiples puis avortés en Floride lors de l’élection présidentielle qui avait  finalement vu le succès de Georges W. Bush contre Al Gore. Le système électoral y est complexe et différent d’un état à un autre. Ce n’est d’ailleurs pas une élection directe. Quant à l’Indonésie, sa particularité archipélagique avec des territoires disséminés en d’innombrables îles plus ou moins isolées ajoute une première difficulté à l’organisation de ces élections.

 

Le festival de la démocratie 

 

La participation est toujours un signe important d’engagement de la population. Certains états ont institué le vote obligatoire, c’est le cas de la Belgique par exemple. Le gouvernement Indonésien utilise une autre manière ; il a institué un jour de congés national pour encourager les électeurs à se rendre aux bureaux de vote et y accomplir leur devoir civique au cours de ce qui est appelé le “festival de la démocratie”.

 

Mais l’élection présidentielle ne sera pas la seule à se dérouler ce 17 avril. Alors qu’en France les élections législatives suivent la présidentielle avec un résultat influencé par le premier vote, en Indonésie, c’est simultanément que les 575 membres de la chambre des représentants seront choisis parmi 16 partis politiques déclarés et reconnus. Ce vote est donc bien entendu essentiel pour la composition de la chambre et  pour le fonctionnement du gouvernement. 

 

Présidentielles, législatives, les élections seront aussi locales, comme aux USA où de nombreux postes sont ainsi pourvus. Depuis les lois de décentralisation, des assemblées locales élues existent à chaque échelon des entités territoriales inférieures : provinces (propinsi) et districts (kabupaten). En tout, ce seront plus de 20 000 sièges qui seront à pourvoir, disputés par plus de 245 000 candidats, soit une population proche de celle de Bordeaux. 

 

 

Enjeu pour 2024

 

Les élections ont également une importance primordiale pour la prochaine élection présidentielle, celle de 2024. Comment est-ce possible ? Afin de limiter le nombre de candidats à l’élection présidentielle, la loi électorale impose que les candidats soient soutenus par une coalition ayant obtenu, lors des élections législatives précédentes donc cinq ans avant, au moins 25% des votes ou 20% des sièges au parlement. Le résultat du vote législatif aura donc une importance cruciale pour le choix des candidats de la présidentielle dans 5 ans. En rendant difficile l’émergence de nouvelles forces politiques, cette clause a pour effet de maintenir une certaine continuité et force également les partis à se regrouper en coalitions plus ou moins stables et cohérentes. 

 

Ce qui explique que comme lors de l’élection précédente de 2012, les deux mêmes candidats se retrouvent face à face : le président sortant, Joko Widodo ou Jokowi face à son ancien rival, Prabowo Subianto. 

 

 

Une logistique imparable 

 

Dernière difficulté à surmonter pour l’administration : le choix que le scrutin ne dure qu’une journée. Cela impose une logistique considérable pour approvisionner en bulletins les 810 000 bureaux de vote, sachant que dans certains bureaux les électeurs auront jusqu’à 5 bulletins à mettre dans 5 urnes. Près de 6 millions de personnes travailleront à ce que le scrutin se déroule dans de bonnes conditions. Les partis seront également présents dans les bureaux de vote pour s’assurer que tout se passe dans une totale transparence. 

 

Coblos/ Percer

 

Particularité du vote en Indonésie, chaque bulletin porte les noms et les numéros de tous les candidats ; par exemple pour l’élection présidentielle, seuls deux noms et deux numéros : 01 et 02. Le vote s’effectue en perçant le numéro du candidat choisi, système qui évite toute contestation. Voter se dit alors « coblos », qui signifie percer. 

 

Quelques chiffres 

 

Si les sondages donnent actuellement le président sortant gagnant, il ne faut pas oublier que 

40% de tous les électeurs ont entre 17 et 35 ans, ce qui donne aux réseaux sociaux comme Facebook, Twitter et WhatsApp une importance considérable pour atteindre les primo-électeurs. Par ailleurs, rumeurs et diffusion de nouvelles plus ou moins fausses demeurent un sport national. 

 

Les militaires et les membres de la police, qui ont eu par le passé un rôle important dans la vie politique, sont maintenant interdits de vote. 

 

Alors que lors de l’élection précédente, 18 % seulement de femmes candidates ont été élues, la loi impose désormais que les partis politiques présentent 30 % de femmes au parlement. Ce chiffre a été dépassé cette année puisque 40 % de candidates sollicitent les suffrages. 

 

Estimation dans la journée

 

Les bureaux seront en général ouverts entre 7 heures et 13 heures. Des estimations seront données sur les chaînes d’information en continu dès la fermeture du scrutin. Ces estimations seront affinées au fur et à mesure que les résultats seront connus. Les provinces les plus peuplées du pays, celles de Java et Sumatra étant également les plus proches, sauf contestation, des résultats fiables devraient être connus en fin de journée, même si les résultats définitifs devront attendre l’arrivée de chiffres venus des provinces éloignées. 

 

Les Indonésiens sont fiers de la manière dont les élections se déroulent, les étrangers sont bienvenus dans les bureaux de vote pour constater la manière dont le scrutin se fait. 

 

crédits photos: Joël B.

 

 

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