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Les élections indonésiennes de 2019, ce qu’elles nous donnent à voir

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Écrit par Michel Larue
Publié le 4 mars 2019, mis à jour le 5 mars 2019

Jakarta se couvre, depuis le début de l’année, d’affiches colorées témoignant du lancement de la campagne électorale. Nous décryptons pour vous ces élections.

 

Une symbolique, le chiffre 17 

 

En effet, le 17 avril 2019, 187 millions d’Indonésiens seront appelés à voter dans plus de 800 000 bureaux de vote au cours d’une élection véritablement historique. Le choix du 17 avril est un rappel de la date de la proclamation de l’indépendance en 1945, le 17 août. Les trois débats opposants les candidats se déroulent également un 17 en janvier, février et mars, fascination magique pour les nombres que l’on retrouve dans d’autres manifestations de la culture indonésienne. 

 

Une élection historique, des élections multiples

 

Pourquoi historique ? Parce que, comme aux USA, cette élection sera multiple. L’élection phare sera celle du ticket présidentiel - président et vice-président - pour laquelle deux candidats seulement s’affrontent ; il n’y aura qu’un seul tour. Mais ce même jour, se tiendront aussi les élections législatives qui viseront à renouveler les deux chambres composant le parlement ou MPR : la chambre basse du parlement, le Conseil représentatif du peuple, en indonésien Dewan Perwakilan Rakyat ou DPR (575 membres) et la Chambre des représentants des régions, sorte de Sénat, en indonésien Dewan Perwakilan Daerah ou DPD (136 membres à raison de 4 pour chacune des 33 provinces). 

 

En plus de ces scrutins nationaux, des élections locales viendront compléter et complexifier le vote. Elles viseront à élire des membres des assemblées locales. Rappelons que l’Indonésie, largement décentralisée, possède plusieurs niveaux de décentralisation: provinces, districts (kabupaten), et municipalités (kota). Ce seront donc en tout jusqu’à 5 bulletins de vote que les électeurs seront conduits à déposer dans plusieurs urnes. 

 

 

Une liste, un numéro

 

Les choix s’exprimeront par des numéros. Pour l’élection présidentielle, les numéros ont été tirés au sort et Joko Widodo s’est vu attribuer le numéro 01 et son opposant, Prabowo Subiyanto le numéro 02. Chacun est soutenu par une coalition de partis politiques qui présentent des candidats aux autres élections, chaque parti ayant reçu de même un numéro. 

 

Plusieurs confusions peuvent intervenir dans cette élection : 

  • Les numéros distribués ne concordent pas d’un niveau à un autre. Tel candidat du parti présidentiel n’aura pas le numéro 01 au niveau provincial. 
  • Une seconde, plus profonde, révèle que suite à des glissements de partis, les coalitions n’ont pas le même périmètre aux différents niveaux électoraux. Néanmoins, nombre de candidats aux élections locales se réfèrent à un candidat présidentiel et à son code graphique.

 

Les programmes 

 

Entre les deux candidats à la présidentielle, quelles sont les différences de programme ? Rappelons que les catégories occidentales de droite et de gauche n’ont pas de sens en Indonésie. On parle plutôt de deux axes permettant de caractériser les différents partis : l’un illustre la dimension plus ou moins nationaliste, l’autre la dimension plus ou moins religieuse. Les partis politiques indonésiens sont moins des organisations idéologiques que des clientèles au service de leur leader. La presse, constatant les grandes similarités entre des programmes largement généraux et généreux, préfère parler d’électorabilité des candidats. 

 

 

Un parti, un code couleur

parti politique indonésie

 

S’il n’y a pas de différence marquante de programme, comment les partis se distinguent-ils ? Par des couleurs. Elles illustrent les affiches et sont portées par les militants lors des réunions. Quelques exemples - le nombre élevé de partis ne nous permettant pas d’être exhaustif. Le rouge, parfois associé au noir, parfois illustré d’une tête de taureau, est l’apanage du PDIP, Parti démocratique Indonésien de lutte. Parti de Joko Widodo, il apparaît souvent sur les affiches avec son colistier. Sa présidente, Megawati et parfois son père, Soekarno, apparaissent également, inscrivant le candidat dans une lignée d’autorité. Il ne faut pas confondre ce parti avec le parti démocrate de l’ancien président Susilo Bambang Yudhoyono, qui arbore une étoile à trois branches sur fond bleu. Le jaune est celui du Golkar, ancien parti des fonctionnaires de l’ordre nouveau de Suharto. Prabowo Subianto est lui le président du parti Gerindra, parti du mouvement de la grande Indonésie, dont le logo représente un garuda jaune dans un pentagone rouge. Le vert est utilisé par plusieurs partis d’inspiration musulmane comme le PPP, Partai persatuan pembangunan, parti du développement unifié, dont l'emblème est la Kaaba sur fond vert. Il était l'un des trois partis tolérés durant le régime de l'ordre nouveau sous Suharto avec le Golkar et le PDI. 

 

 

À l'heure où en France certains s'interrogent sur la possibilité d'organiser des référendums à questions multiples, les prochaines élections indonésiennes offriront un exemple d'un tel scrutin complexe.

 

 

Michel Larue
Publié le 4 mars 2019, mis à jour le 5 mars 2019