

L'ancien ministre de François Mitterrand n'a pas peur de faire grincer des dents à gauche, au nom de ses convictions. Après avoir apporté son soutien à la réforme des institutions en juillet 2008, il va voter en faveur de la loi Hadopi, pourtant pourfendue par le PS. Homme "libre", régulièrement annoncé au gouvernement, Jack Lang se dit "prêt à apporter une contribution sur des sujets d'intérêt supérieur"
Les bonnes relations de Jack Lang (photo AFP) et de Nicolas Sarkozy alimentent régulièrement la rumeur d'une entrée de l'ancien ministre de la Culture et de l'Education nationale au gouvernement. Lang le dit lui-même : "Sarkozy m'apparaît vif, séduisant, direct". L'hypothèse a encore resurgi après que Nicolas Sarkozy a fait applaudir son nom à Nice, par des militants UMP. Pourtant, les socialistes, qui craignent la perte de ce symbole des années Mitterrand, peuvent souffler. Jack Lang l'affirme, à l'occasion de la sortie de son livre Demain comme hier* : "Rentrer dans un gouvernement sarkozyste est inimaginable pour moi". "Ministre pour faire quoi ? Pour assumer une orientation que je désapprouve ? Comment pourrais-je être solidaire d'une politique fiscale que j'ai récusée publiquement ? D'une politique d'éducation dénoncée comme catastrophique (?) ? D'une politique pénale aux antipodes de ma conception des droits humains ?"
"Pas un anti-sarkozyste pavlovien"
Pourtant Jack Lang se démarque de ses camarades socialistes. "Mes critiques ne m'interdisent pas d'établir des relations courtoises avec Nicolas Sarkozy". Le député du Pas-de-Calais "n'aime pas cette façon qu'ont certains opposants de dénoncer par avance tout ce qu'il décide". N'hésitant pas à brouiller son image, il n'écarte pas l'idée de servir l'État pour une éventuelle "contribution sur des sujets d'intérêt supérieur". Si Sarkozy ne l'a pas convaincu d'entrer au gouvernement ou de participer au projet d'Union pour la Méditerranée, l'agrégé de droit public a accepté de faire partie du Comité de réflexion sur la réforme des institutions, présidé par Balladur. Une "trahison"pour ses camarades. La modification de la constitution française, adoptée à deux voix près (dont la sienne), a entrainé des critiques virulentes à son encontre au sein du PS.
Des missions pour Sarkozy
En février 2008, il se fait l'ambassadeur de Sarkozy auprès président yéménite, puis "émissaire spécial"à La Havane, où il tenter de relancer le dialogue politique avec Cuba. Positif sur la politique étrangère du gouvernement, Jack Lang va aussi joindre sa voix à celles de la majorité lors du deuxième vote à l'assemblée de la loi Hadopi contre le piratage Internet : "Je ne peux pas, humainement, moralement, renier mes convictions de toujours, le combat que j'ai mené pour la création au sein du parti socialiste", a-t-il justifié.
Lang sera-t- il récompensé pour son "esprit d'ouverture"? A près de 70 ans, une nouvelle rumeur annonce sa nomination au poste de directeur général de l'UNESCO.
Marie-Pierre Parlange (www.lepetitjournal.com) lundi 4 mai 2009
* "Demain comme hier"(Fayard, 21,90 ?).
Lire aussi :
Le Monde- Jack Lang votera pour la loi Hadopi
Le Figaro - Lang: Non à un ministère, oui à une mission








































