Édition internationale

ITALIE: Les Wop, les cloches et les larmes...

Quand les Wop parlent Italien,
les touristes clochent
et les étoiles filent en larmes

WOP
Le 8 août, à 8h10, une erreur humaine a déclenché un gigantesque incendie. Les opérations de secours se sont prolongées jusqu'au moment où un sauveteur a annoncé, en italien: "tutti cadaveri". Des 262 victimes, 136 sont de nationalité italienne. Ces émigrants étaient tous arrivés à Marcinelle pour travailler dans la houillère de Bois du Cazier, en Belgique. En 1956, Marcinelle est une des dernières tragédies en Belgique. Dans les dix années qui ont précédé cet incendie, plus de 600 ouvriers italiens sont morts dans des accidents de travail, en Belgique.
Accompagné par Mirko Tremaglia, (ex-ministre des Italiens dans le monde), et par Franco Frattini, (Ministre des Affaires Etrangeres), le Président de la Chambre des Députés, Gianfranco Fini, a participé, en Belgique, à la commémoration de cet évènement si douloureux.
Exactement 53 ans après, une Loi qui établit le "délit de clandestinité", approuvée par le Gouvernement italien, est devenue opérationnelle. Des dizaines de "sans papiers"ont déjà été dénoncés aux Autorités judiciaires.
L'Italie est déchirée en deux par cette Norme. Le Président de la République, Giorgio Napolitano, a rappelé que "l'intégration est un droit fondamental". Mirko Tremaglia a demandé d'abolir cette loi, "absurde, car elle puni les immigrés qui n'ont commis aucun délit". Le souvenir de tous va à l'invasion pacifique des émigrés italiens, qui pendant longtemps ont maintenu le record mondial de l'exode clandestin. Un rapport rédigée en 1948 par Alfred Rosier, directeur du département "main-d'?uvre étrangère"au Ministère du Travail à Paris, précisait que le 95% des ouvriers italiens dans le Gers était "irrégulier ou clandestin". De l'autre coté de l'océan, les Américains avaient surnommés les italiens: "Wop"(without passport). En Italie, le vrai problème est celui de contrôler et prévenir les formes de délinquance : qu'elle soit d'origine étrangère ou nationale, il s'agit presque toujours d'organisations criminelles qui utilisent une "main-d'?uvre"de plus en plus étrangère et violente.
D'autre part, une large partie de la société italienne n'oublie pas que les "wop" honnêtes offrent à l'Italie le 9,2% du Pil national.

Un touriste cloche
Mezzena est un petit village accroché sur une colline de la Riviera di Levante de la Ligurie. Depuis quelques jours, tous ses habitants, du plus petit (9 mois) au plus grand (nonagénaire), se donnent rendez-vous devant San Michele Arcangelo. A 7 heure, la cuisinière de la trattoria de Pinolo, armée de casseroles et couvercles, donne le "la"sonore. C'est alors un concert inouï de 85 casseroles qui annoncent le nouveau jour à un prêtre accusé d'être trop gentil. Il y a deux semaines, don Alfredo a mis les cloches de l'Église dans un état de silence, à la suite des protestations d'un touriste. "J'ai seulement demandé de baisser un peu le volume ? dit celui-ci. J'ai deux enfants petits, la nuit ici ont dirait que les cloches sont à l'intérieur de la maison !". Mais les vieux de Mezzena ont milles souvenirs: "Vous savez? Nous en avons passées d'autres ! Pendant la Grande Guerre, Mussolini a essayé de prendre nos cloches, à cause du bronze... Quand les fascistes sont arrivés, nous avons fait sonner toutes les cloches ensemble, et ils ont fini par s'enfuir !". Si le touriste réussi à s'endormir, c'est désormais au prix des grasses matinées de sa famille... Hier, appelés supposément par lui, les Carabinieri sont arrivés. Mais les casseroles avait fini de sonner, et sur la place devant l'église il n'y avait que quelques personnes en prière...

La nuit de San Lorenzo
La notte di San Lorenzo est le titre d'un film émouvant, dirigé par les frères Taviani, qui raconte un des nombreux épisodes tragiques ayant ensanglanté la Toscane, pendant l'été 1944. Le caractère bouleversant de ce film, qui a remporté le Grand Prix Spécial du Jury au 35ème Festival de Cannes,   concerne la tendresse, la bonne volonté, les héroïsmes et la crainte des personnes confrontés à un destin qui les arrache cruellement à la vie, sans aucune raison apparente.
Depuis des siècles, la nuit du 10 août est traversé par des étoiles filantes : il s'agit des larmes versées par San Lorenzo (IIIéme siècle), qui ont inspiré un célèbre poète italien, Giovanni Pascoli :

"San Lorenzo, io lo so perché
tanto di stelle per l'aria tranquilla
arde e cade, perché si gran pianto
nel concavo cielo sfavilla..."*

Rédaction toscane (www.lepetitjournal.com) lundi 10 août 2009
Photos : une jeune famille d'émigrants italiens ("il volto degli emigranti"); une cloche et la nuit de San Lorenzo (crédit Lpj.Toscane)

* La poésie de Giovanni Pascoli :
"San Lorenzo, je sais pourquoi
Autant d'étoiles dans l'air tranquille
B
rûlent et tombent
Pourquoi un si grand pleur
Dans le creux du ciel brille..."

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