UNIVERSITES - Ouverture du premier département de kurde

Depuis septembre, des étudiants prennent désormais place sur les bancs de l'université d'Artuklu dans le Sud-Est de la Turquie pour apprendre la langue mais aussi la littérature kurdes. Mais cette avancée sur le plan universitaire n'enlève en rien les tensions politiques autour de la question kurde qui se sont multipliées ces derniers temps. Premièrement la multiplication des combats entre l'armée et les partisans du PKK (organisation reconnue comme étant terroriste par la Turquie, l'Union européenne et les Etats-Unis) déstabilise toujours profondément la région du Sud-Est de la Turquie peuplée majoritairement par des Kurdes. Deuxièmement l'enlèvement de douze enseignants par le PKK fin septembre soulève de nouveau la question de l'enseignement du kurde. Et troisièmement, la nouvelle Constitution en cours de préparation cristallise les débats autour de l'épineuse question des caractéristiques de la République turque et des langues officielles, soit l'exclusion ou non du kurde.

Néanmoins, après de nombreuses années de débats, l'université d'Artuklu fait figure de pionnière en créant un programme de licence intégralement dédié à l'enseignement de la langue et la littérature kurdes. Selon son directeur Kadri Yildirim, les perspectives d'emploi ne manquent pas malgré la crainte des nouveaux étudiants : "Il n'y a pas de problèmes dans l'emploi pour les diplômés de première année, et je pense aussi que d'autres universités vont peu à peu commencer à ouvrir des classes de langue kurde. Et une fois que le kurde sera utilisé dans le système de l'enseignement primaire, ce département va devenir davantage populaire."
L'ouverture d'un département de langue kurde est ainsi une première étape dans la reconnaissance de l'éducation de la langue maternelle de l'étudiant, dixit Kadri Yildirim. En attendant que d'autres universités prennent le même chemin, le département manque de manuels scolaires mais pas d'élèves, les 21 places proposées ont toutes trouvé preneur.

Gabrielle Steiblen (www.lepetitjournal.com/istanbul) mardi 25 octobre 2011