La bataille de Manzikert, le 26 août 1071, dont la Turquie célébrait hier le 948ème anniversaire en grande pompe, est considéré comme un tournant dans l’histoire turque. Menées par le sultan Alparslan (“coeur de lion”), les armées Seldjoukides vainquirent ce jour-là l’armée byzantine et capturèrent l'empereur Romanos IV Diogène, ouvrant la voie à l'Empire ottoman et instaura dans la région les nouveaux beyliks turcs (principautés). L’histoire veut que les flancs des Seldjoukides aient encerclé les Byzantins, tandis que leurs forces centrales simulaient un repli pour semer la confusion, manœuvre traditionnelle turque.
La victoire inespérée des quelque 30 000 soldats turcs contre 60 000 Byzantins est aujourd’hui mise en avant par le pouvoir. La politique néo-ottomane du président Erdoğan remet au goût du jour cet événement comme un fondement de l’histoire turque. Durant l’édition 2018 du festival, le président turc avait déclaré : « Si nous oublions l’esprit de Malazgrit, nous oublierons notre passé et n’aurons pas d’avenir. » Le millénaire de la bataille de Manzikert est souvent évoqué par le président Erdoğan comme un objectif clé. En 2012, alors Premier ministre, il déclarait : « En 2071, la Turquie, si Dieu le veut, atteindra à nouveau le niveau qu'elle a atteint dans le passé sous les Ottomans et les Seldjouks. »
Pour l’édition 2019, quelque 250 000 personnes sont attendues à Malazgirt (le nouveau nom de Manzikert) et Ahlat, ces deux petites villes de l'est de la Turquie qui ont joué un rôle central dans cet épisode historique.