Un homme de la province d'Izmir a porté plainte contre sa femme, exaspéré de l'entendre insulter le président Recep Tayyip Erdoğan à chaque fois qu'elle le voyait à la télévision, rapporte le journal Zaman. Ce chef d'accusation bien réel est passible de quatre ans de prison.
"Même si c'était mon père qui insultait le président, je ne lui pardonnerais pas et je le dénoncerais aux autorités" a déclaré Ali D., âgé d'une quarantaine d'années. A plusieurs reprises, il avait menacé sa femme de porter plainte si elle continuait de changer de chaîne lors des apparitions télévisées du président. "Porte plainte !" l'avait-elle défié, ce qu'il n'a pas manqué de faire.
En Turquie, cette offense est très sérieuse, et quiconque se risque à insulter le président de la République peut faire l'objet d'un procès. Des intellectuels, activistes et journalistes turcs sont régulièrement poursuivis en justice pour ce chef d'accusation, ainsi que de simples citoyens qui se montrent critiques sur les réseaux sociaux ou en privé.
Dans certains cas, des proches de soldats tués par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ont été poursuivis pour avoir critiqué la reprise des combats ou pour avoir incriminé le président Erdoğan dans leurs oraisons funèbres. En décembre dernier, deux enfants âgés de 12 et 13 ans ont également fait l'objet d'un procès pour avoir arraché des affiches du président Erdoğan, et deux ans de prison ont été requis contre un médecin qui avait publié un photomontage comparant le président au personnage de Gollum, tiré des livres de J.R.R. Tolkien Le Seigneur des Anneaux. Un collège d'experts a été mandaté pour déterminer si cela constituait une insulte au président ou non.
Un rapport de l'ONG Human Rights Watch a recensé pas moins de 1.500 dépôts de plainte pour insulte au président Recep Tayyip Erdoğan l'année dernière. Plus de 400 autres sont actuellement en attente.
Aline Joubert (www.lepetitjournal.com/Istanbul) mardi 24 février 2016





































