Le prix Nobel de littérature 2006, Orhan Pamuk, a estimé qu'il régnait un "climat de peur" digne de l'ère des coups d'Etat des années 1960-70 en Turquie, dans une interview accordée à l'Agence France Presse.
L'auteur à succès, qui avait déjà fait part de ce sentiment dans une précédente interview, ajoute : "Lors des 5 ou 6 premières années de son règne, ils ont flirté avec l'Union européenne sûrement pour éviter que les militaires ne les renversent (...) maintenant qu'ils sont installés au pouvoir, ils s'intéressent moins à la démocratie". "La Turquie n'est qu'une démocratie électorale, où la liberté de parole et les droits de l'Homme sont violés tous les jours", ajoute le romancier.
Depuis sa consécration littéraire en 2006, Orhan Pamuk s'est inquiété à plusieurs reprises de l'évolution du pays sous le gouvernement, puis la présidence de Recep Tayyip Erdogan. Mais cet auteur dont la voix compte confie également que "[son] prix n'a pas rendu [sa] vie facile" : "Ceux qui ont des problèmes ou se plaignent du pouvoir me demandent de les représenter (...) c'est problématique, parfois dangereux mais comparé aux précédentes générations d'écrivains qui ont été emprisonnés, exilés, parfois tués ou torturés, j'ai de la chance"
Orhan Pamuk a déjà été inquiété par la justice à propos de ses déclarations sur le génocide arménien en 2005. S'il souligne dans cette interview à l'AFP qu'"on peut dorénavant parler à peu près librement de ce sujet en Turquie", l'écrivain ne déclare rien de plus sur le sujet.
Quant à son actualité littéraire, Orhan Pamuk indique préparer un nouveau roman : un "conte allégorique" mettant en scène un puisatier et son apprenti à Istanbul, qui surprendra ses plus fidèles lecteurs par sa longueur : "Cette fois je vais écrire un roman court" a-t-il déclaré.
Morgane Cruzel (www.lepetitjournalistanbul.com) lundi 16 février 2015
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