Le nouveau plan de zonage, selon lequel la protection du site d’Olympos* a été réduite de 1er à 3ème degré**, a été validé début mai par le ministère de la Culture et du Tourisme, créant la polémique sur les réseaux sociaux.
Alors que le ministre de la Culture et du Tourisme, Mehmet Ersoy, a assuré qu’il ne laisserait pas la valeur d’Olympos se détériorer, les associations de lutte pour la protection de l’environnement sont inquiètes.
Olympos, site antique
Olympos, célèbre ville hellénistique (IIe siècle av. J.-C.) de la voie lycienne (connue pour les caouannes, grandes tortue marines) est située au bord de la mer Méditerranée dans le district de Kumluca (à 60km au Sud-Ouest d’Antalya). Le site, très convoité notamment par les étudiants, est connu pour ses hébergements au milieu des arbres (cabanes et bungalows).
Le nouveau plan de zonage
Les prémices de ce nouveau plan de développement datent de 2004.
Selon le plan, la ville antique d'Olympos est maintenue en tant que site archéologique de 1er degré, et une partie du site classé 3ème degré a été rehaussée au 1er degré (ce qui augmente de 200 ha à 250 ha la partie protégée en tant que 1er degré).
La partie abritant les hébergements a été rétrogradée en tant que site de 3ème degré. C'est alors le quartier de Yazır qui devient zone de protection de 3ème degré. Il s’agit de 24 ha sur la totalité du site qui représente 614 ha.
Selon le plan de développement, seuls les bâtiments en bois et sur 2 étages seront légalisés. Le Ministre de la Culture et du Tourisme a d'ailleurs admis sur CNN Türk le 10 mai que certaines constructions disparaîtraient, conformément au nouveau plan ; des travaux de forage sont prévus dans les semaines qui viennent.
La nécessité d’un cadre
L’argument mis en avant par les autorités (locales comme nationales) est le manque de règles jusqu’à présent : rien n'existait sur la hauteur des bâtiments, la distance entre les bungalows, entre les bungalows et la route, les matériaux à utiliser, etc. ; cela est désormais inscrit dans le nouveau plan.
Halil Karataş (AKP), membre du conseil municipal de Kumluca, a expliqué que la situation d’Olympos était devenue impossible, dans la mesure où il n'y avait jusqu'à présent aucune structure. Il a précisé que toutes les auberges sur la route de la plage avaient été bâties sans permis de construire dans les années 1990.
Il a aussi insisté sur le fait que le plan de zonage est le produit de nombreuses années de travail avec des professeurs d'archéologie, des membres du conseil de la conservation, des représentants du ministère de la Culture et du Tourisme, le gouvernorat d’Antalya, la municipalité etc. Il met l’accent sur le fait qu’aucun complexe hôtelier ne pourra être construit, qu’aucune construction en béton ne sera autorisée.
Le maire de Kumluca se veut rassurant
Le maire de Kumluca, Mustafa Köleoğlu (CHP), a pour sa part annoncé que l'objectif n’était pas le développement de constructions, mais leur régulation, et que dans tous les cas, les constructions seraient en harmonie avec les structures actuelles (en bois).
Il a rappelé que les suggestions établies par la direction des fouilles du site avaient été prises en considération, et que la population locale soutenait en grande partie ce projet.
Inquiétude des organisations de protection de l’environnement
"Kuzey Ormanları Savunması”, “Her Yer Kazdağları”, “Beydağı Kardeşliği”, pour ne citer qu’elles, ont tout de suite fait entendre leur désaccord contre le changement de degré de protection du nouveau plan de zonage.
Ces organisations s’inquiètent de la baisse de protection, qui pourrait engendrer des constructions, ce qui endommagerait la nature.
Le hashtag #Olymposadokunma (ne touche pas à Olympos) a été créé sur les réseaux sociaux suite à la décision du ministère de la Culture et du Tourisme.
Olympos'ta onaylanan imar planı "koruma amaçlı" şeklinde sunuluyor. Herhangi bir "koruma" çalışması, sit alanı derecesi düşürülerek yapılmaz. Kültürel ve doğa mirasımızın talan edilmesine izin vermeyeceğiz. #Olymposadokunma pic.twitter.com/gRLAtbgETK
— arkeofili (@Arkeofili) May 8, 2020
(Le plan de zonage approuvé à Olympos est présenté comme ayant une finalité de "protection". Aucun travail de "protection" n'est avéré en rétrogradant le degré d’un site. Nous n'autoriserons pas le pillage de notre patrimoine culturel et naturel.)
Une pétition pour le retrait du projet est en ligne.
L’actualité d’Olympos fait écho aux évènements en cours dans les montagnes de Kaz (Kaz Dağları), où, depuis l’été dernier, la société civile est mobilisée et déterminée à lutter contre un projet de mine d’extraction d’or (projet mené par une entreprise canadienne).
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(*) Olimpos en turc
(**) Il existe en Turquie quatre "zones de protection" : archéologique, historique, urbaine et naturelle. La protection du site archéologique a 3 degrés.
Les sites archéologiques du premier degré sont des sites entièrement protégés où aucune construction de bâtiment n'est autorisée.
Les sites archéologiques de deuxième degré sont définis comme des zones devant être protégées, mais qui peuvent être exploitées selon certaines règles (notamment s’il y a un intérêt public).
Les sites archéologiques de troisième degré sont protégés, mais certaines zones peuvent être exploitées, notamment pour la construction.