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Nouvelle constitution en Turquie : un joker politique pour Erdogan ?

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Écrit par Laure Sabatier
Publié le 16 février 2021, mis à jour le 16 février 2021

Annonce surprise du président Erdogan 

Le 1er février, le président turc Erdogan a créé la surprise en défendant la nécessité d’une nouvelle constitution. Fustigeant le caractère militaire des constitutions qui se sont succédé depuis les années 1960, il appelle de ses vœux un texte entièrement nouveau qui puisse se démarquer des "constitutions putschistes”. Alors que la réforme de 2017 et la concentration des pouvoirs qui en résulte sont dans tous les esprits, le ministre de la justice, Abdulhamit Gül, affiche l’intention du gouvernement d’élargir les libertés. 

Derrière la réforme, les présidentielles de 2023 

Tandis qu’Erdogan appelle “tous les partis qui le souhaitent à coopérer”, l’opposition se désolidarise déjà d’un projet qui ne peut qu’attiser la méfiance à deux ans des présidentielles. Le quotidien BirGün estime ainsi que “si l’alliance AKP-MHP propose aujourd’hui une nouvelle constitution, la véritable raison est que ces deux partis veulent renforcer ce régime monstrueux de l’homme unique”. Si le contenu de la réforme n’est pas encore connu, certaines pistes évoquent une élection à un tour alors que d’autres mettent plus l’accent sur la révision de la place de l’islam dans la constitution. L’imam principal de Sainte Sophie, Mehmet Boynukalın, aurait notamment appelé de ses vœux la suppression du principe de laïcité de la constitution. 

Cité par l’AFP, un diplomate occidental estime que l’objectif d’Erdogan est avant tout de “diviser l’opposition en obligeant les partis à prendre position”, et donc à se positionner soit dans le camp des “défenseurs” soit dans celui des “détracteurs” de la Turquie. Le président turc entend donc reprendre sa place de décideur et d’acteur principal de l'échiquier politique à deux ans des présidentielles. 

Une tentative de diversion 

D’aucuns pensent que la volonté de réforme cache une tentative de sortir de l’impasse politique dans laquelle se trouve le président Erdogan, en baisse de popularité dans l’opinion publique à 2 ans des prochaines présidentielles. Comme pour détourner l’attention des vrais enjeux : la gestion de la crise sanitaire, l’importante récession économique et, plus récemment, les révoltes étudiantes parties de l’université Bogazici. Engin Altay, vice-président du groupe CHP a ainsi déclaré que : “Erdogan cherche un pansement à ce système farfelu, mais ce système ne peut pas contenir de pansement. Soumettons alors les urnes au peuple.” 

 

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