Les différences socio-culturelles au centre de la série "Bir Başkadır"

Par Marie Meister | Publié le 23/11/2020 à 03:45 | Mis à jour le 23/11/2020 à 03:45
Bir Başkadır Netflix série turque

Diffusée sur Netflix depuis le 12 novembre, "Bir Başkadır"* est une série dramatique et sociale de 8 épisodes, écrite et réalisée par Berkun Oya. Depuis sa sortie, la série n’a cessé de faire parler d’elle sur les réseaux sociaux et de nombreux articles lui ont été consacrés dans la presse. Elle est à présent en première position dans le TOP 10 des productions les plus regardées sur Netflix en Turquie, et continue d’être au cœur des discussions.

La série, qui présente une véritable mosaïque de la société turque actuelle et de ses problématiques, met en scène la vie d'un groupe de personnes aux conditions socio-culturelles et économiques très différentes, dans la métropole animée d’Istanbul. Les destins de ces personnages vont se trouver entremêlés et certains vont s’affronter.

Grâce au rythme particulier de la série, le spectateur va pouvoir suivre intimement la vie de Meryem, Ruhiye, Yasin, Peri, Güblin, Hayrunissa, Ali Sadi Hoca et Sinan, personnages qui ont chacun leurs propres problèmes et se retrouvent confrontés à leurs angoisses et contradictions. Mais ils vivent des vies très différentes, et à travers eux, deux mondes sont représentés à l’écran. D’une part une Turquie conservatrice, modeste, et guidée par la religion, face à une Turquie moderne, laïque et plus aisée, plutôt tournée vers les études et la culture. Deux mondes qui cohabitent, mais qui se divisent face à des croyances et modes de vie différents. 
D’emblée, avec Meryem et Peri, ces deux mondes vont s’opposer dès la scène d’ouverture. Les deux femmes se parlent mais ne s'écoutent pas vraiment, les préjugés et la peur les en empêchent. La série montre alors l’intolérance et l’incompréhension l'un envers l’autre de ces deux univers.

Le jeu d’acteur a été fortement applaudi et le format de la série très apprécié. En effet, le rythme de la série est très différent des séries dramatiques turques habituelles. D’une part, car les épisodes sont de 45 minutes, contrairement aux séries dramatiques typiques qui durent environ deux heures. D’autre part, car le rythme de la série se veut plutôt lent, pour mieux nous plonger dans la compréhension des personnages et de leur intimité, si bien que le spectateur se sent proche d’eux. Un rythme, de plus, illustré par une très belle photographie et une bande son touchante.

On ne vous en dit pas plus et on vous laisse visionner la bande-annonce sur Netflix...

Si vous avez déjà regardé la série, partagez vos impressions en commentaire !
 

* Bir baskadir signifie "c’est différent". Cela peut également être utilisé pour qualifier une personne "d’unique".

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Marie Meister

Marie Meister

Diplômée en Évènementiel, médiation et ingénierie de la culture mais également photographe, Marie est tombée sous le charme d'Istanbul où elle ne cesse de revenir afin de se nourrir de nouvelles expériences et connaissances.
4 Commentaire (s) Réagir
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Sol lun 18/01/2021 - 22:22

Excellente série, le jeu des acteurs prends aux tripes, la photographie est magnifique, la musique aussi. C est aussi une série profondément humaine, ou les émotions qui nous traversent dans les étapes de vie sont présentes, parfaitement interprétées et tellement universelles. Et féministe, comment chacune tente de s'emanciper ou non, comment chacune arrive à être elle même, ou ce que l'on attend d'elle. Bravo pour cette série, très bien réalisée.

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Leochti sam 02/01/2021 - 22:08

Très belle surprise, très au dessus de la plus part des séries actuelles, tant pour le contenu social, culturel, le jeu formidable des acteurs que et ça c.est rare, la qualité cinématographique et surtout la beauté des images. Chaque plan est d’une exceptionnelle qualité esthétique.

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Gisèle mar 24/11/2020 - 13:24

Après avoir suivi cette série, qui est effectivement très intéressante, il me semble que les personnages ne sont pas d'aujourd'hui mais plutôt d'une vingtaine d'années en arrière au moins ; ils me font penser à des gens que j'ai connus en Turquie à mon arrivée. Reste-t-il des jeunes filles aussi naïves et ignorantes que Meryem, même dans les campagnes ? J'en doute fort, ça ne correspond pas du tout à ce que l'on peut observer dans la Turquie actuelle, où la jeunesse, quelle que soit la classe sociale, s'est incroyablement émancipée . Quant au personnage de Peri, on peut encore en rencontrer des exemplaires aujourd'hui, certes, mais dans la génération plus âgée ; ce serait à mon avis une femme de la bourgeoise des années 90. Ceci dit, le film présente quelques scènes merveilleuses de romantisme, rien que pour ça, il mérite d'être suivi. Mais je ne pense pas du tout qu'il montre les classes sociales de la Turquie de 2020...

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james mar 02/03/2021 - 22:50

Une merveile. La lenteur et profondeur de Tarkovsky, par images, orchestration de scènes, dans la composition de moments, et par le cadrage, surtout zoom in et out.... L'écoute comme pratique chez une dizaine de personnes pros et pas, psy ou soeur, ou imam, et surtout les réactions de ceux qui trouvent intolérable ce qu'ils entendent. Au lieu de mots (toujours prévisibles, à peu près les mêmes)... Ecoute et la difficulté d'entendre ce qui semble pour le personnage intolérable. Socio-réaliste en termes de regard et contenu, mais bien ficélé pour mettre tous les personnages ensemble et de faire écouter et rencontrer les uns et les autres au tour de quelques personnages. Chacun devient le lieu ou les autres se rencontrent.

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