Le plus mythique des trains pour voyageurs, symbole intemporel de l’art du voyage, va de nouveau être mis sur rails. Ce fameux train, qui assurait la liaison entre Paris et Istanbul, s’est vu popularisé dans la littérature comme au cinéma et a nourri l’imaginaire et entretenu la fascination de nombreux voyageurs. Lancé en 1883, l’Orient-Express a bouleversé la géographie de l’Europe et redéfini la notion de voyage au long cours. 140 ans après, les promesses restent grandes.
Orient Express : la simple évocation de ce nom suffit à nous transporter dans l'imaginaire des grands voyages ferroviaires qu’ont eu la chance de réaliser Agatha Christie, Lawrence d’Arabie, Jean Cocteau, Coco Chanel ou encore Pierre Loti…
Aux origines du mythique Orient Express
C’est en 1867 que débute son histoire. Un ingénieur et banquier belge, Georges Nagelmackers, fonde la Compagnie des wagons-lits après un séjour aux Etats-Unis où il découvre les chemins de fer dotés des premières voitures-lits au monde. Lorsqu’il retourne en Europe, il concrétise alors un projet : lancer des trains de luxe qui mèneront aux portes de l’Orient. Il réussit le pari d’allier longue distance, confort et raffinement. Le 4 octobre 1883, le premier Orient-Express part ainsi de la gare de l'Est à Paris vers Constantinople, en passant par Strasbourg, Munich, Vienne, Budapest et Bucarest, avec à son bord une quarantaine de passagers.
Sont proposés 3 itinéraires :
- Avec l’Orient-Express : Londres, Paris, Strasbourg, Munich, Vienne, Budapest, Bucarest, Istanbul
- A partir de 1919, avec le Simplon-Orient-Express : Londres, Paris, Lausanne, Milan, Venise, Belgrade, Sofia, Istanbul. Une prouesse technologique ouvre une nouvelle voie à travers les Alpes.
- A partir de 1930, avec le Arlberg-Orient-Express : Londres, Paris, Zurich, Innsbruck, Vienne, Budapest, Bucarest, Istanbul
L’Orient-Express connaît son heure de gloire lors de l’entre-deux guerres. Seulement, dans les années 1970, le vieillissement du matériel et des infrastructures ainsi que le développement du transport aérien sonnent la fin du mythe. Au fil des années, ses fréquences et ses parcours sont de plus en plus restreints. En 1977, premier coup d’arrêt : le dernier train pour Istanbul quitte la gare de Lyon à Paris. Des trains de nuit continuent néanmoins de circuler entre Paris et Budapest. L’itinéraire est ensuite réduit à Paris-Vienne et une correspondance à Strasbourg est créée. Au cours de l’année 2009, la SNCF ayant suspendu son exploitation, l’Orient Express réalise un ultime trajet de Strasbourg à Vienne. Détentrice de la marque Orient-Express depuis 1977, elle demeure la seule à pouvoir utiliser l’appellation telle quelle.
L’Orient-Express, dans sa forme initiale, n’existe donc plus, mais son esprit perdure.
Les défis d’aujourd’hui : faire revivre l’Orient-Express de 1883 et l’esprit du train-croisière
L’Orient-Express tel qu’il était dans les années 1920-1930 et géré par la Compagnie Internationale des Wagons-Lits n’existe plus aujourd’hui. Cependant, diverses sociétés continuent de faire vivre le mythe. Aussi, 5 ans après l’arrêt du train, James Sherwood, un entrepreneur américain, rachète et restaure certains wagons de la Compagnie créée par Georges Nagelmackers, et lance un nouveau train en 1982 : le Venise Simplon-Orient-Express, effectuant notamment le parcours Paris-Venise. Reconnaissable par ses voitures bleues et or, ce train de 17 voitures restaurées à l’identique, réalise le trajet Paris-Istanbul une fois par an (à partir de 20 000 euros, pour 6 jours et 5 nuits nuit avec un lit bas et une couchette supérieure). Aujourd’hui, le Venise Simplon-Orient-Express est exploité par le groupe Belmond, racheté en 2019 par LVMH.
Détentrice de la marque Orient-Express depuis 1977, la SNCF achète, en 2011, sept anciennes voitures de la Compagnie internationale des wagons-lits (Pullman Orient-Express). Elle s’associe ensuite au groupe hôtelier français Accor, concurrent du Venise‑Simplon‑Orient‑Express du groupe Belmond (LVMH), en 2017. Ensemble, ils souhaitent créer des hôtels de luxe roulants, sous la marque Orient-Express.
Cependant, la SNCF a cédé il y a quelques mois les 50% qu’elle détenait dans la coentreprise créée avec l'hôtelier, qui prend alors le total contrôle d’Orient Express.
A la redécouverte d’une légende : le Nostalgie-Istanbul-Orient-Express de retour pour 2025
A la même période que James Sherwood, un voyagiste suisse, Albert Glatt, a lui aussi tenté de redonner vie au mythe. C’est ainsi qu’est né, dans les années 1980, le Nostalgie-Istanbul-Orient-Express. Ce train, qui a circulé entre Zurich et Istanbul, a connu un véritable succès. Sous le nom d’Extrême-Orient-Express, il a notamment effectué le plus long parcours jamais réalisé en reliant Paris à Tokyo par les voies du Transsibérien. Malgré l’exploit, le Nostalgie-Istanbul-Orient-Express s’est arrêté quelques années plus tard et a disparu dans la nature.
Ce train tombé dans l’oubli, a été retrouvé en 2015, en Pologne, par l’historien Arthur Mettetal. Chercheur et spécialiste de l’histoire industrielle, Arthur Mettetal était chargé de réaliser un inventaire mondial de l’Orient-Express pour le compte de la SNCF. Au gré de nombreuses recherches et de l’exploitation de vues aériennes, il s’est avéré que les toits de voitures étaient bien ceux du Nostalgie-Istanbul-Orient-Express. Ainsi, 17 voitures originales, ornées du blason en métal doré de la Compagnie internationale des wagons-lits, ont été retrouvées, à la frontière biélorusse.
Le mythique train de l’Orient-Express s’apprête ainsi à faire son grand retour sous l'impulsion du groupe Accor, là aussi. Le Nostalgie-Istanbul-Orient-Express ne sera pas en service avant 2025, mais les wagons terminés seront présentés au public lors des Jeux Olympiques de Paris, en 2024. Certains chanceux ont pu découvrir l’exposition en réalité augmentée, à l’espace évènementiel Domus Maubourg, dans le 7e arrondissement de Paris, en octobre dernier.
Les destinations restent encore "à l’étude" et confidentielles, mais Istanbul, "fera partie de la liste", a confirmé Guillaume de Saint Lager, vice-président d’Orient Express à Accor.
L’Orient-Express Dolce Vita, autre symbole du revival des croisières ferroviaires
Symbole de la renaissance des trains de luxe en Europe, l’Orient Express Dolce Vita a également été imaginé par le groupe hôtelier Accor en collaboration avec les chemins de fer italiens (Trenitalia-Gruppo Ferrovie dello Stato). Il rend hommage à la Dolce Vita, période à la ferveur artistique et culturelle de l’Italie des années 60. Ainsi, à partir de 2024, jusqu’à 6 trains de luxe vont parcourir 16 000 km de voies ferrées italiennes. Les pré-réservations ont été ouvertes en décembre 2022. Le tarif minimum annoncé est de 2 000€ par personne et par nuit en cabine deluxe.
À terme, l’Orient-Express Dolce Vita proposera également des destinations à l’international depuis Rome.
Voyager dans de telles conditions est un réel investissement. Si vous ne pouvez pas vous offrir ces séjours de luxe, il vous est tout de même possible de parcourir l’ancien trajet de l’Orient-Express (plus de 3 000 km et sept pays traversés) pour quelques centaines d'euros.
- Le trajet Paris – Vienne avec le train de nuit Nightjet de ÖBB, en 14 heures.
- Le trajet Vienne – Bucarest avec le train de nuit des Chemins de fer roumains (CFR), en 19 heures.
- Le trajet Bucarest – Istanbul avec le train de nuit Bosphore Express, en 20 heures environ. Terminus à la gare d'Halkalı. Pour rejoindre la vieille ville, vous pouvez prendre le Marmaray jusqu'à Yenikapı ou Sirkeci. C'est dans cette gare qu'arrivait l'Orient-Express.
Vous pouvez également tenter l’aventure du Doğu Ekspresi (littéralement Orient-Express en turc), train de voyageurs de nuit exploité par les chemins de fer turcs qui fait découvrir à ceux qui l’empruntent, les plus beaux paysages de Turquie ! Le train parcourt 1 365 km de la gare d'Ankara à la gare de Kars.
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