Le ministre de l'Intérieur turc, Süleyman Soylu, a qualifié tôt samedi matin dans un tweet les personnes LGBT de "déviants", au sujet d’une allégation selon laquelle une image représentant la Kaaba aurait été posée au sol à l'université de Boğaziçi (dans le cadre d'une exposition), avec le drapeau LGBT peint dessus.
Boğaziçi Üniversitesi’nde Kabe-i Muazzama’ya yapılan saygısızlığı gerçekleştiren 4 LGBT sapkını gözaltına alındı!
— Süleyman Soylu | Maske? Mesafe↔️ Temizlik? (@suleymansoylu) January 29, 2021
Le ministre de l’Intérieur a écrit : "4 déviants LGBT qui ont manqué de respect envers la Kaaba à l'université de Boğaziçi ont été arrêtés".*
Samedi, le tweet de Süleyman Soylu a été suspendu en France, indiquant que ces déclarations étaient contraires à la loi locale [française].
Les mots du ministre de l’Intérieur ont suscité en Turquie de nombreuses réactions et la colère de la part de certains utilisateurs de Twitter, qualifiant le tweet de "discours de haine" ; ils ont appelé à sa suppression. Le hashtag #LGBTİHaklarıİnsanHaklarıdır (les droits des LGBTI sont des droits humains) était très présent sur Twitter ce samedi 30 janvier.
A l’inverse, de nombreux utilisateurs pro-gouvernementaux ont publié des commentaires condamnant les étudiants, via le hashtag #BogaziciLGTBRezaleti (lamentable LGTB - au lieu de LGBT - de Bogazici) ou encore #KabeKutsalımızdır (la Kaaba est sacrée).
Mardi 2 février Twitter a mis en place un avertissement pour le tweet controversé.
Et le ministre de l’intérieur de ne pas en démordre ; mardi 2 février, il a déclaré : "Les LGBT viennent de l'occident et ne respectent pas nos valeurs. Y a-t-il des choses comme les LGBT dans notre histoire ? Ce sont des choses qui se produisent en Occident. LGBT+ est une perversion, à mon avis."
Le 4 février, Twitter a supprimé un tweet de Devlet Bahçeli traitant les manifestants de "serpents venimeux dont la tête doit être écrasée".
Depuis plus d'un mois, des manifestations ont lieu quotidiennement sur le campus de l’université du Bosphore pour protester contre la nomination de Melih Bulu, nouveau président de l’université, et proche du pouvoir.
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(*) Deux d'entre eux ont été assignés à résidence, les deux autres ont été mis en examen.