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Emir Tuközoğlu : un ambassadeur de la diversité culturelle à Paris

Emir TuközoğluEmir Tuközoğlu
Écrit par Albane Akyüz
Publié le 3 septembre 2020, mis à jour le 11 janvier 2024

Stambouliote d’origine, parisien d’adoption depuis 2012, et binational, Emir Tuközoğlu est un jeune trentenaire débordant d’énergie ; il est président de l’Association Turquoises, qui vise à créer des ponts entre les cultures turques et françaises (mais pas que), grâce à des initiatives comme l’organisation de concerts, de conférences, de débats, de films, entre autres. 

Même si la situation sanitaire a ralenti la cadence des activités, de beaux projets sont en préparation pour l’année 2020-2021.

Rencontre en cette fin d’été dans un bar parisien du 20ème arrondissement.

Lepetitjournal.com Istanbul : Pouvez-vous revenir sur votre parcours ?

Emir Tuközoğlu : Je suis né à Istanbul où j’ai passé mon enfance. Au lycée, j’ai choisi le français en tant que LV2 (au grand dam de ma mère qui souhaitait que j’étudie l’allemand, et que je devienne médecin ou ingénieur !). J’ai suivi en parallèle des cours tous les week-ends à l’Institut français afin de perfectionner la langue. Ensuite, j’ai été accepté à l’Université de Galatasaray en génie industriel. Au début de mes études, en 2008, j’avais passé un premier séjour de deux mois dans le sud de la France, pour participer à un "chantier" de restauration (en tant que bénévole), et j’avais pu travailler, et être logé en échange. Ensuite, j’étais resté une semaine à Paris, qui m’avait beaucoup attiré. De retour à Istanbul, j’avais en tête de repartir en France, et j’ai été accepté à Grenoble pour un Erasmus à l’INPG (Institut national polytechnique de Grenoble). Plus tard, de retour à Galatasaray j’ai obtenu une bourse Eiffel, et ai pu étudier deux ans à l’IAE (Institut d’Administration des entreprises) de Paris pour faire un Master 1 en Marketing digital et vente, puis un Master 2 en Marketing chef de produit. J’ai ensuite fait des stages à la BNP et chez Nielsen. 

Puis, en CDI chez Vivendi en tant que responsable Marketing country manager pour la Turquie, j’ai constitué une grande équipe ; je travaillais énormément, et après quatre ans, j’ai souhaité changer de poste, mais sans résultat ; on a finalement fait une rupture conventionnelle. 

On dit en turc, "Bir kapı kapanır, bir kapı açılır", là où une porte se ferme, une autre s’ouvre… 

Comment est née l’association Turquoises ?

En poste chez Vivendi, vers la fin, quelque chose me manquait ; j’avais envie de créer une structure, qui pourrait à la fois me satisfaire et apporter un plus à la ville. La culture turque n’était pas suffisamment représentée à mon sens, pour les jeunes en tout cas. Il y a déjà des associations franco-turques à Paris, mais je voulais en créer une apolitique, qui rassemble autour de la culture. 

La Turquie est une mosaïque culturelle, avec la présence de Kurdes, Alévis, Arméniens etc. Mon idée était de représenter l’ensemble de la société turque à travers une association apolitique.

Alors j’ai proposé mon projet à deux amis, Ali et Ceylan, et leur ai très vite communiqué mon enthousiasme ; ils étaient partants ! On a commencé à trois, et on est actuellement huit membres organisateurs. 

On a cherché un nom à la fois percutant et représentatif ; de là est née "Turquoises" (après élimination d’une cinquantaine d’autres noms), au pluriel, car nous souhaitions souligner la richesse et la variété de la culture turque. 

 

Turquoises Paris istanbul Emir Tüközoglu

 

Notre logo représente à la fois un « T » pour Turquoises et un bateau, c’est l’idée que l’on emmène les participants, à chaque fois vers de nouveaux horizons. 

Racontez-nous les premiers pas et événements de Turquoises...

On voulait établir un pont entre les deux pays, inviter des artistes venus de Turquie, mais n’ayant pas de budget, on s’est contentés d’artistes ou intervenants résidant en France. 

On a lancé l’association en juillet 2019 avec un premier événement dans un bar pour la faire connaître. En général on essaie de trouver des lieux dans différents quartiers de Paris, mais des lieux gratuits, ce n’est pas facile. 

 

Turquoises paris istanbul

On a fait une soirée de poésie Nazim Hikmet, qui a rencontré un grand succès.

Et puis il y a eu un événement avec l’écrivain Nedim Gürsel. 

On a aussi organisé une soirée invisibilité LGBTI+ Turquie, qui a fait beaucoup de bruit.

À un concert, j’ai rencontré Laurent, un professeur d’anglais et musicien, qui a visité la Turquie une fois et s’est mis à apprendre le turc tout seul à son retour à Paris. Il a accepté de jouer dans une de nos soirées, et en échange on lui a proposé un atelier de conversation turque.

On a accueilli des musiciens d’Amérique latine, et de Russie, par exemple. C’est ainsi que peu à peu l’association est devenue multi-culturelle.

En somme, c’est le public qui a transformé l’ADN de Turquoises ; de franco-turque, notre association est devenue internationale.

On est aussi ouverts à des partenariats avec d’autres associations.

Entre juillet 2019 et mars 2020 on a organisé 18 rencontres. Malheureusement le Covid nous a stoppés dans notre élan ! Mais, pendant le confinement, on a fait des concerts en live, plusieurs fois, avec des musiciens variés. 

Comment vous êtes-vous fait connaître ?

On a eu la chance d’avoir le soutien et les encouragements de Gaye Petek, auteure du livre Histoire des Turcs en France.

De manière générale, on mène une vraie "guérilla marketing", on met des affiches partout, dans les bars etc., et ça marche, beaucoup de participants à nos événements en ont eu connaissance via les affiches et les flyers.

Nous utilisons également beaucoup les réseaux sociaux. 

Comment vous organisez-vous sur le plan financier ?

Nos événements sont généralement gratuits, on fait tourner un chapeau qui va entièrement aux intervenants. On n’a pas de financement, on a juste notre enthousiasme et notre énergie ! 

Mais nous cherchons activement des sponsors ! Chaque soutien compte ! Aussi, il est possible de faire un don sur notre site internet.

Quant aux adhésions, pour l’instant il n’y en a pas… à l’avenir peut-être. Nous attendons de voir comment la situation sanitaire évolue, et l’intérêt des gens pour les activités proposées par Turquoises. 

Quels sont les projets de Turquoises dans le contexte actuel ?

Pour le moment, on a peur d’organiser des événements festifs, c’est pourquoi nous allons nous concentrer cette année sur des rencontres interactives sous forme de débat.

Le samedi 5 septembre, on aura un stand au marché Popincourt (Paris XI), où il y aura un forum des Associations. On en profitera pour présenter notre projet de l’année "Je t’aime moi non plus". 

Dans ce cadre, nous prévoyons 9 débats interactifs au Dorothy (café-atelier associatif animé par des chrétiens), tenu par le philosophe Foucauld Giuliani, qui a habité en Turquie, et est donc réceptif à nos événements. Les débats vont démarrer le 2 octobre, à raison d’un par mois jusqu’en juin. Nous prévoyons la projection d’extraits du film Midnight express avec un débat mené par Olivier Delahaye qui a écrit ‘Round Midnight… Express.

Par ailleurs, on envisage une soirée avec Gaye Petek, où toutes les associations seront conviées pour parler d’immigration, du 16ème siècle à aujourd’hui, en présence de journalistes et de modérateurs.

On demandera à chaque intervenant de ces 9 rencontres d’écrire un résumé de la soirée, et à la fin de l’année on envisage de relier ces neuf résumés en un fascicule. 

 

Turquoises Paris Emir Tüközoglu

 

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Le Dorothy : 85bis rue Ménilmontant, 75020 Paris

 

Albane Akyüz
Publié le 3 septembre 2020, mis à jour le 11 janvier 2024

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